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Les nouvelles armes de Facebook pour connecter la planète

Jusqu’à maintenant focalisé sur les zones exclues d’Internet, le réseau social s’attaque désormais aux zones de populations denses pour améliorer la vitesse et la qualité de leur connexion avec un faible coût d’infrastructure.

Alors que Google continue de vouloir « rendre le monde meilleur », Facebook répète inlassablement son nouveau mantra : « connecter la planète ». Ce fut l’un des thèmes de la deuxième journée de sa conférence développeurs F8 ce 13 avril. L’occasion pour le réseau social d’officialiser le nouveau projet de son Connectivity Lab : Terragraph. Ce nouveau système de connexion sans fil repose sur des ondes millimétriques. Il avait été révélé par The Verge au mois de février dernier.

De nouveaux réseaux pour les zones denses

Il s’agit bien d’implanter des points de connexion dans des zones très denses. Facebook précise toutefois qu’il utiliserait la bande de fréquences des 60 GHz qui est libre dans la plupart des pays déjà passés à la télévision tout-numérique et réallouée à la 4G, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Chine, la Corée du Sud et le Japon. Une bande passante de 7 GHz serait disponible mais qui pourrait être étendue à 14 GHz à l’avenir.

Facebook

Facebook a retenu le standard WiGig, une évolution du Wi-Fi, pour faire transiter les données. Or, les ondes millimétriques permettent d’envoyer les données beaucoup plus rapidement, jusqu’à 10 fois plus qu’avec du Wi-Fi classique. Lors de ses tests, la firme aurait atteint un débit de 2,1 Gbits/s pour un noeud de distribution unique. Et ses ingénieurs pensent pouvoir encore améliorer ces performances. 

Le problème, c’est que les ondes millimétriques sont de faible portée et ne fonctionnent bien qu’en extérieur : le réseau devra donc s’appuyer sur un maillage dense pour couvrir toute la population, avec moins de 200 à 250 mètres de distance entre les noeuds. Facebook a imaginé un prototype d’antenne comme on peut le voir ci-dessous :

Facebook – Prototype de point de communication imaginé par Facebook pour Terragraph.

Le relai en intérieur serait assuré par des boîtiers Wi-Fi au domicile des utilisateurs et par des hubs Ethernet installés sur des poteaux de téléphone ou en façade des bâtiments. Cette permettrait donc de doper localement le débit du réseau Wi-Fi avec un faible coût d’infrastructure. Terragraph est actuellement testé à Menlo Park, au siège de Facebook et va être expérimenté à San Jose, en Californie.

ARIES, optimiser les connexions pour apporter Internet partout

Facebook a également profité de sa conférence F8 pour présenter un second projet de connectivité : Aries pour Antenna Radio Integration for Efficiency in Spectrum. ARIES a un objectif bien précis optimisé la quantité de données transmises pour chaque plage de fréquences, autrement dit le nombre de bits de données par Hertz. Un enjeu d’importance à l’heure où la pénurie de fréquences peut freiner les communications et l’innovation.

Inspirés par les derniers progrès effectués en matière d’antennes pour la 5G, qui utilise la technologie Massive MIMO, regroupant un grand nombre d’antennes pour améliorer l’émission et la réception de données, les chercheurs du Connectivity Lab ont développé un prototype de base unique. Il intègre 96 antennes directionnelles pouvant fournir 24 flux simultanés sur le même spectre radio afin de connecter une multitude de terminaux différents sur la même fréquence, au même moment.

Au fil des tests réalisés, le système s’est révélé dix fois plus efficace en terme de gestion des bandes de fréquences et de l’énergie que la 4G classique. Lors des premières expérimentations, Facebook a d’ailleurs atteint une bande passante total allant jusqu’à 8,4 Gbits/s par point d’installation dans une connexion pair à pair et espère pouvoir repousser la limite jusqu’à 12,8 Gbits/s dans un futur proche.

Mais le bénéfice de cette technologie ne se retrouve pas qu’au niveau des débits, la latence dans la connexion entre deux points est extrêmement faible. Ainsi, à en croire, la publication de Facebook, un faisceau de signal se formait entre deux points en 8 microsondes, soit environ 125 000 « connexions » par seconde. 

Si cette technologie pourrait trouver sa place dans les villes, ce sont les zones périurbaines moins denses mais assez peuplées que vise le géant du Web. D’après ces études, environ 97% de la population mondiale habitent dans un rayon de 40 Km autour d’une ville majeure. Grâce à ARIES, Facebook pourrait donc offrir des connexions haut débit dans les zones rurales à moindre coût.

Les équipes de Mark Zuckerberg souhaite ouvrir ces technologies aux universitaires et chercheurs des télécommunications afin d’optimiser les algorithmes déjà conçus ou en mettre au point de nouveaux. Pour la société de Menlo Park, l’enjeu n’est pas tant de construire ses propres réseaux que d’assurer une connexion permanente et d’offrir un accès à ses services au plus grand nombre. Connecter la planète… oui, mais à Facebook.

ARIES
Facebook. – Première version du prototype avec 96 antennes.

Source :
Facebook

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Amélie CHARNAY