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Les mystères de la mémoire

Les mémoires vives se diversifient de plus en plus : SDRam 66, 100 ou 133, RDRam, SDRam DDR se font concurrence dans les PC. Voici comment s’y retrouver.

Un microprocesseur, si rapide soit-il, ne peut donner toute sa puissance que s’il est accompagné d’une copieuse mémoire vive. Si celle-ci est insuffisante, le microprocesseur passe en effet le plus clair de son temps à attendre sans rien faire que les données lui parviennent.
Et comme la vitesse des processeurs ne cesse d’augmenter, le besoin de mémoire vive suit. Il y a un an, on se contentait de 32 Mo ; il faut aujourd’hui 64 Mo pour qu’un PC fonctionne à bonne vitesse et 128 Mo pour être à l’aise. Malgré cela, les capacités du processeur restent encore largement sous-exploitées. Ne suffirait-il pas alors d’ajouter encore plus de mémoire ? Hélas, non. Certes, il est possible d’aller jusqu’à 256 Mo, et cette augmentation permettra d’accélérer le traitement des gros fichiers. Au-delà, en revanche, ce n’est plus une question de taille, mais de vitesse de transmission des données.
En effet, les microprocesseurs travaillent aujourd’hui à une fréquence située entre 400 MHz et 1 GHz, alors que les données ne leur parviennent qu’à une fréquence située entre 66 et 133 MHz !
Toutes proportions gardées, le microprocesseur est un peu comme une autoroute à quatre voies desservie par une unique bretelle de raccordement à une voie. Naturellement, les voitures roulent très vite sur l’autoroute presque déserte pendant que les autres attendent sur la bretelle de pouvoir y entrer. Les voitures, ce sont les données (les 0 et les 1 qui composent le langage informatique) en provenance de la mémoire vive ; la bretelle de raccordement, c’est l’entrée du microprocesseur, appelée FSB. C’est là que se produisent les embouteillages. D’où l’inutilité de trop augmenter la mémoire : les données ne feraient qu’y attendre leur tour.
En tirer pleinement parti
Pour qu’une augmentation importante de la mémoire se révèle vraiment efficace, la solution idéale consisterait à équiper le PC de plusieurs processeurs, et donc à multiplier les autoroutes et les bretelles d’accès. Ces PC existent, mais leur prix élevé les réserve aux utilisations professionnelles (serveurs de réseaux, notamment).
Sur nos PC à un seul processeur, les constructeurs tentent néanmoins de faire sauter le goulet d’étranglement. D’abord en améliorant le FSB des microprocesseurs : chez Intel, il est passé de 66 MHz (pour les Celeron) à 100 MHz (Pentium III), puis à 133 MHz (Pentium III B et EB). Chez AMD, on assiste à une évolution semblable pour les K6-2 et les Athlon. Mais ces débits supérieurs demandent aussi, pour être bien exploités, des types de mémoire qui leur soient adaptés.
La SDRam
La mémoire qui équipe les PC actuels est de la SDRam (Synchronous Dynamic Random Access Memory). Elle se distingue des mémoires antérieures, les DRam, par le fait que les échanges de données qu’elle effectue avec le processeur sont synchronisés avec la fréquence de la carte mère, d’où l’appellation de ” synchrone “. Or cette fréquence dépend elle-même de celle du FSB du processeur.
Les cartes mères ne posent généralement pas de problème : la plupart sont réglables sur plusieurs fréquences. Ainsi, une carte mère équipée d’un Celeron sera réglée sur la même vitesse que le FSB du Celeron, c’est-à-dire 66 MHz ; avec un Pentium III, ce sera, selon le cas, 100 ou 133 MHz. La mémoire SDRam, en revanche, n’est pas réglable. C’est pourquoi on trouve en boutique de la mémoire SDRam à 66 MHz, 100 MHz et 133 MHz. On reconnaît ces deux dernières grâce à leur appellation ” certifiée PC-100 ” ou ” certifiée PC-133 “.
Mais comment faire si, comme il arrive de plus en plus souvent, vous ne trouvez pas de mémoire SDRam à 66 MHz dans votre boutique habituelle ? La solution est simple : la SDRam ne peut pas aller plus vite que la vitesse pour laquelle elle a été conçue, mais elle peut s’adapter à une vitesse inférieure. Ainsi, une mémoire SDRam à 133 MHz peut prendre place sur une carte mère à 100 MHz ou à 66 MHz. Mieux même, on peut mélanger dans un même PC des mémoires de vitesses différentes. Mais, évidemment, celles-ci ne fonctionneront qu’à la vitesse de la carte mère.
La RDRam
En septembre 1999, sont sorties les premières RDRam (Rambus DRam). Conçue par la société Rambus, cette mémoire a été adoptée par Intel pour ses nouveaux Pentium III B et EB avec FSB à 133 MHz. Elle fonctionne à une fréquence interne de 600, 700 ou 800 MHz, et pourra s’adapter aux futures cartes mères à 200 MHz, lorsque les processeurs le permettront. Pour l’instant elle ne fonctionne qu’avec des cartes mères équipées du chipset i820 ou un équivalent (de marque VIA, par exemple). Cette RDRam consommant peu, elle est bien adaptée aux portables, mais reste, pour le moment, très chère : plus de 3 000 francs pour 128 Mo, contre environ 800 francs pour une SDRam PC 133 de même taille.
La SDRam DDR
La RDRam semblait bien partie pour remplacer à brève échéance la SDRam, mais celle-ci n’a pas dit son dernier mot. En effet, voici qu’arrive la SDRam DDR (SDRam Double Data Rate) qui, comme son nom l’indique, double le taux de données transmises. Mais, comme la RDRam classique, il faut une carte mère et un chipset approprié pour qu’elle soit prise en compte. Pour l’instant, il n’en existe encore aucun exemplaire et on ne l’attend pas avant l’automne

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Jean-Loup Renault