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Les multi-accés en ordre de bataille

Accessibles par ordinateur ou par téléphone mobile, ces portails cherchent à convertir les abonnés en consommateurs actifs. Ils n’en sont qu’aux prémices.

La priorité, aujourd’hui, c’est la fidélisation des abonnés. Demain, l’objectif sera de les convertir en consommateurs de services payants“. La tendance annoncée par Jean-Baptiste Sers, directeur général de Genie.fr (la déclinaison hexagonale du portail multi-accès de British Telecom), illustre bien les préoccupations des portails européens du même type.De Vizzavi (Vivendi Universal) à Mviva (Worldwide Telecoms), tous luttent pour s’imposer et attirer le chaland dans leurs filets. Chez Vivendi et son partenaire le Britannique Vodafone, on privilégie encore le développement du parc d’abonnés. Il faut rassurer actionnaires et investisseurs sur le bien-fondé de cet actif qui a englouti 1,6 milliard d’euros (10 milliards de francs) d’investissement sur deux ans. Discret, comme ses concurrents, sur les possibilités de transformer un abonné payant en abonné consommateur, Vivendi préfère rappeler que le portail paneuropéen comptera quelque 2 millions d’abonnés à la mi-juillet, contre 700 000 aujourd’hui. Son président, Jean-Marie Messier avait évoqué un parc potentiel de 70 millions de clients, par agrégation des clientèles de mobiles ou de télévision à péage. Avec les déclinaisons allemande, italienne, espagnole, grecque et portugaise, qui apparaîtront d’ici à la fin de l’année, le groupe entend atteindre une masse critique d’utilisateurs susceptibles d’acheter de la musique, des livres, voire des films. L’objectif affiché est d’arriver au point mort, en termes d’excédent brut d’exploitation, à l’horizon 2003. D’où la nécessité de fidéliser les abonnés dès maintenant, par l’offre d’accès en priorité. Lors de la présentation de la troisième version de I-France, autre portail du groupe, Franck Boulben, co-directeur général de Vivendi Universal Net, précisait que si les tarifs d’abonnement n’étaient pas encore déterminés pour l’offre d’accès internet illimité, “celle-ci ne devrait pas, toutefois, dépasser 30,5 euros“. Et l’accès reste encore le meilleur moyen de conserver ses abonnés.

La fin du service gratuit

Chez Genie.fr, on mise dans l’immédiat sur une offre de services premium gratuits en attendant de disposer d’une offre d’accès qui faciliterait la fidélisation de l’abonné. Selon Jean-Baptiste Sers, le portail ouvert le 28 février compte “128 000 membres en presque deux mois d’exploitation“. Genie.fr s’ajoute aux versions britannique, hollandaise, allemande, italienne et espagnole qui rassemblent au total 4 millions d’utilisateurs.Bien entendu, l’offre de services, aujourd’hui gracieuse, est appelée à devenir payante, une fois les habitudes de consommation installées. Là encore, la stratégie consiste à offrir des services complémentaires (alertes SMS ?” Short Message Service ?” autour de l’information, résultats sportifs…) entre web (internet) et WAP (téléphonie) et, demain GPRS (technologie de téléphonie mobile entre la deuxième et troisième génération). De son côté, Jean-Pierre Le Rudulier, directeur général Europe du Sud du portail multi-accès Mviva (groupe Worldwide Telecoms), estime que “l’absence d’offre d’accès est palliée par (…) nos réseaux de distribution physique“. En effet, Worldwide Telecoms est le holding propriétaire des boutiques The Phone House en France, et d’un réseau de 1 100 magasins en Europe sur 14 territoires. Ce contact direct avec l’acheteur de mobile permet de l’inciter à utiliser le portail Mviva. Le réseau de portails comptait 105 000 abonnés au 31 décembre 2000. Comme ses concurrents, Mviva attend beaucoup du GPRS. La connexion permanente permettra d’offrir des services ” différenciants “, ainsi la messagerie instantanée d’AOL, actionnaire à 15 % de Mviva. À l’image de Yahoo, les portails mobiles (multi-accès) abandonnent le tout-gratuit, tout en ne discernant pas les futurs leviers de croissance. Un quart des 20 principaux portails mobiles européens interrogés par Forrester Research, en février, ne savent pas encore quels services produiront leurs meilleurs revenus l’an prochain.

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Amaury Mestre de Laroque