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Les moniteurs rentrent le ventre pour se vendre

Avec des performances en hausse et des coûts de fabrication en baisse, les écrans plats pourraient bien voler la vedette aux tubes cathodiques, encombrants et peu économes. L’heure du renouvellement a sonné.

L’informatique a succombé au culte de la minceur. Ainsi, des présentoirs de magasins spécialisés aux rayonnages de grandes surfaces, les moniteurs à écrans LCD, sans tube, empiètent de plus en plus sur leurs alter ego cathodiques, les CRT. Et les consommateurs sont priés de suivre ce régime.L’enjeu est d’importance pour les constructeurs. Il s’agit de déclencher une phase de renouvellement, pour relancer la consommation. Et ça marche : “En 2000, nous réalisions 0,7 % de nos ventes avec des LCD. Deux ans plus tard, en juillet, la part des écrans plats atteignait 23,35 %”, précise Philippe Gounine, directeur général France de Maxdata, constructeur de la marque Belinea. Compte tenu de cette croissance, il n’hésite pas à affirmer que “la tendance est à l’inversion, au renversement du marché entre les CRT et les écrans plats”. D’autant qu’en l’espace de deux ans, les verrous technologiques ont sauté, et le LCD constitue une véritable alternative au CRT.Sur le plan des performances, d’abord, les écrans plats ont surmonté leurs handicaps. Si la technologie CRT est basée sur un faisceau d’électrons qui vient balayer une surface phosphorescente à la vitesse de la lumière, le LCD repose sur le travail de transistors miniaturisés. Ces derniers allument et éteignent des diodes en fonction des ordres envoyés par la carte vidéo de l’ordinateur. D’où la première faiblesse historique des écrans plats : leur temps de réponse, c’est-à-dire le temps que met un pixel (un point de l’écran) pour passer du noir au blanc, et retourner au noir. De l’avis même des constructeurs, ces délais étaient encore trop longs en 2000. “Il a fallu attendre qu’on descende au moins en dessous de 40 millisecondes [temps cumulé, ndlr]”, reconnaît Philippe Gounine. Désormais, ces écrans ne souffrent plus d’effets de rémanence ?” une image passée ne laisse aucune trace visible. Autre défi à relever pour les écrans LCD, il a fallu atteindre des résolutions équivalentes à la moyenne de ce que proposaient les CRT. La miniaturisation des transistors aidant, les moniteurs plats peuvent désormais atteindre 17 pouces et plus dans de hautes résolutions (1 280 par 1 024 pixels). Les écrans à tube n’en conservent pas moins des avantages, notamment pour ce qui est des très hautes résolutions. Michel Jacob, DG France de NEC-Mitsubishi, insiste sur la gestion des couleurs : “Avec des transistors, on ne gère pas autant de couleurs simultanément.” D’où un piqué de l’image, une définition, un contraste moindre sur un écran plat que sur un modèle CRT.

Gains de productivité

Autre barrière levée, le coût des technologies LCD et TFT, qui ont longtemps pénalisé les écrans plats, tend à diminuer. Le problème venait des taux de déchets faramineux. En 2000, il était de 80 à 90 % sur des modèles 17 pouces et de 40 à 50 % sur des 15 pouces. Ce taux ne dépasse pas aujourd’hui 20 à 30 %. Qui plus est “le montage, le contrôle qualité et le réglage restent beaucoup moins fastidieux que sur un CRT”, précise Michel Jacob, dont la coentreprise NEC-Mitsubishi qui produit ses propres “dalles”, ces éléments dans lesquels sont découpés les écrans. “On est passé de 1 à 2, 3 et 4 m2. Ainsi, là où nous faisions quatre moniteurs avec une dalle, nous en produisons dorénavant seize”, poursuit le responsable. Une évolution soutenue en 2002 par la construction d’usines de génération 5 en Asie, adaptées aux nouveaux modes de production. Conséquence, les coûts et, en bout de chaîne, les tarifs, s’inscrivent à la baisse.Maturité technologique des écrans plats et maîtrise des coûts par les fabricants sont deux éléments déclencheurs du virage que pourrait prendre l’industrie. Pour l’heure les rares acteurs maîtrisant l’élaboration de dalles amortissent leurs coûts de R & D et leurs investissements dans les usines de génération 5. Leur capacité de production, comme leur stratégie, est déterminée par ces coûts d’amortissement. Une marque telle qu’Iiyama a réussi à gagner des parts de marché et à asseoir sa notoriété en achetant ses LCD à Taiwan en marque blanche. Mais à terme, ne pas maîtriser la production des dalles pourrait lui nuire. En effet, quel intérêt le consommateur aurait-il à acheter un moniteur Iiyama lorsque le producteur des dalles vend la même qualité moins cher sous sa propre marque ? Reste que ce business devrait se heurter aux mêmes écueils que celui de la mémoire vive, estime un acteur du secteur : un marché verrouillé par des fabricants asiatiques qui décideront des prix.

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Christophe Dupont