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Les majors goûtent de plus en plus à la musique sans DRM

Sony BMG Music est la dernière major du disque à annoncer des fichiers téléchargeables en MP3. L’initiative est limitée à 37 albums et confirme la tendance à l’abandon des mesures de protection.

En janvier 2007, au MidemNet, la série de conférences consacrées aux nouvelles technologies dans l’industrie de la musique en préambule au marché annuel de la musique à Cannes, un sujet était sur toutes les lèvres :
il faut en finir avec les DRM. Un an après, à l’approche du MidemNet 2008 (les 26 et 27 janvier), les majors du
disque semblent se faire une raison.Après Warner Music, Universal Music et plusieurs initiatives d’EMI Music, c’est au tour de Sony BMG d’annoncer la fin des DRM sur une partie de son catalogue. L’opération commence le 15 janvier aux Etats-Unis, et au
Canada à la fin du mois, dans le cadre de la commercialisation de cartes prépayées permettant de télécharger des albums sur le site Internet MusicPass.Cette carte, appelée Platinium MusicPass, est vendue 12,99 dollars dans des chaînes de distribution comme Target, Best Buy, Fred’s, Winn-Dixie, et est munie d’un numéro d’identification. Celui-ci doit être saisi sur le site pour
ensuite donner accès à des albums en MP3, lisibles, donc, sur n’importe quel baladeur.Mais l’initiative reste timide, du fait justement de l’obligation d’en passer par cette carte. Et aussi parce que seulement 30 albums et sept compilations sont disponibles à ces conditions. Chaque numéro d’authentification
correspond en effet à un album. Une carte permet donc de télécharger un album en particulier, non des fichiers au choix.

Plusieurs initiatives d’EMI ont lancé le mouvement

L’attitude de Sony est en tout cas conforme à celle des autres majors sur ce terrain. A savoir lancer quelques expériences limitées. En décembre 2007,
Warner ouvrait son catalogue sans DRM sur Amazon.com.
Universal s’est mise au MP3, mais en snobant iTunes Music Store, et seulement pour six mois à titre de test. Lequel se termine à la
fin du mois.Mais fin novembre 2007, sa filiale de musique classique, la célèbre Deutsche Grammophon, a ouvert DGwebshop.com. Soit 2 500 albums – certains indisponibles en CD – en MP3 pour une qualité supérieure de 320 kbit/s
(contre 128 ou 192 kbit/s généralement). Le prix est lui aussi sensiblement supérieur à ce qui se pratique habituellement : entre 10,99 et 11,99 euros contre moins de 10 euros sur les sites concurrents.Mais c’est EMI qui a lancé le mouvement, avec plusieurs initiatives. D’abord
l’arrêt des DRM sur ses CD début janvier, puis la mise à disposition en avril sur
iTunes Music Store de titres en MP3, puis début juin sur
Starzik, et en juillet chez
SFR.Si les choses ont donc bougé en un an, le créateur de Starzik, Jérôme Giachino, tique un peu :
‘ A l’échelle d’Internet, un an, c’est long. Cela ne va pas assez vite. Il faut que les maisons de disques y
aillent une fois pour toute. ‘
A l’appui de ce plaidoyer, Jérôme Giachino avance un taux de fidélisation plus important chez les consommateurs venus acheter des MP3 sur son site. ‘ 24 % des gens
qui ont acheté des fichiers sans DRM reviennent le mois suivant. C’est le double de ce qui se passe sur les fichiers protégés. ‘
Chez Airtist, qui propose des MP3 gratuits, financés par la publicité, le cofondateur Olivier Reynaud invoque surtout l’inertie des grosses structures que sont les majors, contrairement aux petits labels. De fait, ce sont les
indépendants qui ont commencé à proposer des fichiers sans DRM sur Fnacmusic et VirginMega, il y a exactement un an. ‘ Je m’attendais à ce que Sony BMG mette plus de temps à franchir le pas, mais elle a été poussée par
l’opération de téléchargement de MP3 prévu par Amazon.com pour le Superbowl en février. ‘
Le distributeur en ligne a en effet monté un partenariat avec Pepsi à cette occasion. Il compte proposer 1 milliard de fichiers, téléchargeables gratuitement et sans protection, à quiconque achètera cinq produits Pepsi (des
codes à saisir sur le site Amazonmp3 seront inscrits à l’intérieur des capsules des bouteilles). Une opération d’une telle envergure que les majors ont été quasiment obligées de suivre. Qui plus est en acceptant, selon le magazine
Billboard, une rémunération par titre inférieure à ce qu’elles perçoivent habituellement sur les téléchargements.

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Arnaud Devillard