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Les logiciels espions de Gator se dévoilent devant la Bourse

Claria a décidé de solliciter Wall Street. La nouvelle incarnation de Gator en profite pour rendre en partie publiques ses pratiques, ses accords et ses déboires.

Solliciter le Nasdaq est subitement redevenu une pratique courante pour les start-up Internet. Même pour celles qui ont toujours cherché à se faire discrètes. Claria ?” nouveau nom de
Gator, le spécialiste des
spywares ?” vient ainsi d’annoncer son intention d’entrer en Bourse. Et, pour appâter les investisseurs, a commencé à se dévoiler.Ses finances sont au beau fixe. Depuis sa création en 1999, Claria a vu son chiffre d’affaires augmenter chaque année, pour atteindre en 2003 la somme de 90,5 millions de dollars. L’exercice est aussi le deuxième où la société a
gagné de l’argent, mais cette fois largement, avec un bénéfice de 34,9 millions de dollars. L’argent levé en Bourse devrait servir à soutenir les activités actuelles de Claria et à réaliser des acquisitions.Ne manquent plus que des actionnaires. Pour en trouver suffisamment, Claria adopte un profil bas tant les outils de la société ont mauvaise réputation auprès des internautes. Ce spécialiste de la publicité en ligne est en effet connu
pour ses logiciels intrusifs diffusant des messages d’annonceurs en pleine navigation. Il propose aussi bien des classiques pop-up que des pop-under, via son outil maison SearchScout (en partenariat avec Overture, société qui procure 31 % de
ses revenus à Claria).Tout repose ici sur une personnalisation poussée. En effet, la société collecte les informations de navigation, de recherche, de géographie des utilisateurs de ses logiciels pour leur proposer des publicités
‘ adaptées ‘. Souvent sans qu’ils en aient conscience.

Une liste de clients et une liste de plaignants

La société a ainsi passé des accords pour inclure d’office ses logiciels publicitaires dans
iMesh,
Kazaa et DivX. Elle propose aussi ses propres utilitaires comme WebSecureAlert, WeatherScope (météorologie) et PrecisionTime (horloge atomique).Chaque fois, en plus du service qui l’intéresse, l’internaute verra apparaître sur son écran des fenêtres publicitaires directement issues de Claria. De quoi constituer un marché appétissant pour les annonceurs, puisque la société
revendique aujourd’hui 43 millions d’utilisateurs.Quatre cent vint-cinq sociétés ont déjà fait appel à ses services. La liste comprend des voyagistes comme Orbitz et Travelocity, des magasins en ligne comme Buy.com et Netflix, des spécialistes des télécoms comme Motorola et Sprint,
…Mais une autre liste s’est constituée en parallèle : celle des sociétés portant plainte contre Claria. Ainsi, Wells Fargo n’apprécie guère qu’un internaute passant sur son site voit subitement apparaître une petite fenêtre vantant
les mérites des services financiers d’un concurrent et a décidé de saisir la Justice. A l’instar de quatre autres sociétés américaines.De son côté, le loueur de voitures Hertz a obtenu d’un tribunal allemand que Claria se voie interdit de diffuser ses publicités aux visiteurs de www.hertz.de. Aux Etats-Unis, les mécontents se sont regroupés. Claria s’attend donc à ce
que, début 2005, la Justice américaine lui explique ce quelle pense de ses méthodes.

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Ludovic Nachury