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Les IPBX commencent à supporter la comparaison avec leurs aînés

Les IPBX nourrissent l’ambition de bouter les PABX hors d’un marché sur lequel ils règnent sans partage depuis des décennies. Nés discrètement il y a déjà…

Les IPBX nourrissent l’ambition de bouter les PABX hors d’un marché sur lequel ils règnent sans partage depuis des décennies. Nés discrètement il y a déjà quelques années, ils sont désormais soutenus par des grands du réseau, rejoints depuis peu par les constructeurs traditionnels d’autocommutateurs. Sous l’impulsion de ce tir croisé, les IPBX commencent à supporter la comparaison avec leurs aînés. Tout en affichant les promesses liées à la convergence voix-données. Avant tout, il s’agit de veiller à ne pas les assimiler à la notion de voix sur IP, restrictive car elle ne recouvre en réalité que l’aspect transport. Il faut plutôt parler de téléphonie sur IP. Dès lors, l’IPBX doit être vu comme une application informatique exploitant le réseau, au même titre qu’une messagerie ou un outil de workflow.

Cisco et Nortel proposent des packages

Un autocommutateur traditionnel lie intimement matériel et logiciel au sein d’une plate-forme propriétaire. Même si celle-ci repose sur un Unix temps réel. Au contraire, un IPBX comprend essentiellement un logiciel, le gestionnaire d’appels. Certains sont même vendus sous forme d’applications, que l’utilisateur ou l’intégrateur installe lui-même sur un serveur. Tel est du moins l’esprit. Mais, dans ces conditions, il est difficile d’offrir le niveau de disponibilité légendaire des PABX. C’est pourquoi Cisco et Nortel qualifient des plates-formes du marché, voire proposent un package, tandis que 3Com, Alcatel et Avaya fournissent des plates-formes matérielles spécifiques tournant sous un Unix temps réel ou un Windows NT modifié. Par ailleurs, tous les fournisseurs ayant opté pour le système de Microsoft proposent un mode cluster permettant de monter en charge et de garantir un taux de disponibilité élevé. Avec certaines offres, le cluster peut être complété par un mode réseau, plusieurs IPBX fonctionnant en synergie et étant vus comme un seul par les postes téléphoniques. Quelle que soit la forme sous laquelle il est commercialisé, le gestionnaire d’appels prend en charge les fonctions téléphoniques classiques, telles que renvoi, transfert et interception d’appels, gestion de groupes de postes, accès à l’annuaire ou à la messagerie vocale. Sur un PABX traditionnel, ces fonctions ont été enrichies au fil des ans et se comptent aujourd’hui par centaines. Pour convaincre, l’IPBX doit avant tout offrir les plus courantes. “Les PABX couvrent de cinq cents à six cents fonctions, contre deux cent cinquante pour notre IPBX. Mais les principaux besoins sont couverts “, affirme Bernard Mérindel, responsable de l’offre téléphonie sur IP chez 3Com. Chez Cisco, on présente des chiffres comparables. Tandis que les fabricants de PABX ont mis à profit leur expérience en adaptant purement et simplement les logiciels de gestion des appels initialement développés pour leurs autocommutateurs. Résultat : chez Alcatel – qui a même conservé le système d’exploitation -, comme chez Avaya ou Nortel, les IPBX affichent exactement les mêmes fonctionnalités que les PABX.

Gérer la qualité de service et les échecs

Lorsqu’il a établi une communication, le gestionnaire d’appels se met en veilleuse, contrairement à un PABX, qui assure le transport (voir encadré). ” Dès lors que les adresses IP des téléphones ont été résolues par le gestionnaire d’appels, la communication subsiste. Même si celui-ci tombe en panne “, résume Michel Cugnot, consultant en voix sur IP chez Cisco. Toutefois, tous les appels ne restent pas à l’intérieur du réseau de l’entreprise. C’est pourquoi le gestionnaire d’appels doit être complété par des passerelles permettant de se raccorder au réseau téléphonique existant – analogique ou numérique – ou à des réseaux de voix sur IP exploitant des protocoles différents de celui de la solution – H323, SIP (Session Initiation Protocol) ou MGCP (Media Gateway Control Protocol). De plus, d’autres passerelles permettent de reprendre un réseau analogique existant pour transformer les terminaux traditionnels en téléphones IP, dont le coût n’est pas négligeable.Constitué de son gestionnaire d’appels, de ses passerelles et de ses téléphones IP, l’IPBX est en mesure de remplir son office. Mais avec quelle qualité de service et quels avantages fonctionnels sur le PABX ? Côté qualité, la plupart des offres savent confier aux terminaux le soin de marquer les trames, afin que le réseau puisse appliquer les mécanismes de gestion de qualité de service de type 802. 1 P/Q, TOS ou DiffServ. De plus, entre le réseau IP de l’entreprise, le réseau commuté public et d’éventuels réseaux d’opérateurs de voix sur IP, le gestionnaire d’appels sait dynamiquement choisir le bon chemin et le bon algorithme de compression, selon la disponibilité de chacun d’eux et la localisation géographique de l’appelant et de l’appelé. En cas de dépassement de bande passante ou d’un problème sur le réseau, certaines solutions réorientent même les appels vers le réseau téléphonique commuté (RTC). En outre, Cisco et Nortel couplent leurs offres d’IPBX et leurs outils de gestion centralisée de la qualité de service, qui affectent une priorité explicite au trafic téléphonique.

Quand le CTI devient naturel

Les IPBX se distinguent aussi par leur ouverture. Certes, les applications couplant téléphonie et informatique (Computer Telephony Integration – CTI) existaient bien avant leur émergence. Mais leur développement et leur déploiement deviennent bien plus naturels. Plus aucun lien physique n’est nécessaire pour relier les deux mondes, puisque tout passe par le réseau de données. Toutefois, les mêmes interfaces de programmation – JTapi (Java Telephony API), Tapi et autres interfaces propriétaires – subsistent. Les fournisseurs d’IPBX proposent également – en standard ou en option – des applications CTI de base. La plus simple permet à l’utilisateur d’accéder depuis son PC – via un logiciel client spécifique ou un navigateur – à toutes les fonctions de son téléphone. Lorsqu’elle est exécutée via le web, cette application peut même piloter les fonctions du traditionnel téléphone d’un télétravailleur (connecté au RTC), comme s’il s’agissait d’un terminal IP du réseau interne à l’entreprise. D’autres applications CTI sont également proposées, mais presque toujours en option. Il s’agit de la messagerie unifiée, de serveurs vocaux interactifs, de fonctions de routage des appels et autres standards automatiques. En réalité, les fournisseurs d’IPBX comptent sur les éditeurs tiers – désormais dans un monde de standards ouverts – pour proposer une multitude d’applications tierces.

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Thierry Lévy-Abégnoli