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Les internautes enclins à moins télécharger à cause de la Hadopi

La Tribune publie un sondage BVA sur l’impact du vote de la loi Hadopi. 53 % des pirates aurait ralenti ou cessé leurs téléchargements illégaux. Un résultat à nuancer.

C’était en mars 2010, les ayants droit et le ministère de la Culture pouvaient jubiler : une enquête menée par des universitaires rennais tendait à montrer que 15 % internautes avaient cessé d’utiliser les réseaux peer to peer après le vote de la loi Hadopi. L’enquête restait toutefois assez limitée et ne pouvait pas vraiment être brandie comme preuve irréfutable de l’efficacité de la loi. C’est un peu la même chose avec l’étude BVA-Avanquest que publie La Tribune ce jeudi.

Réalisé pour le quotidien économique, ce sondage porte sur 1 003 personnes de 15 ans et plus interrogées par téléphone. Sur cet échantillon représentatif, pas moins de 83 % des sondés affirment n’avoir jamais téléchargé illégalement. La mesure de l’impact de la loi ne porte donc que sur 17 %. En l’occurrence, plus de la moitié de ces 17 % admettent avoir diminué (24 %) ou arrêté (29 %) de pirater des contenus sur Internet. Les autres continuent comme avant. Mais, La Tribune le reconnaît elle-même, il ne s’agit pas tant d’un effet de la mise en œuvre effective de la riposte graduée que de « la publicité faite autour de cette loi ».

La Hadopi a certes commencé d’envoyer des messages d’avertissement (première étape de la riposte graduée), mais elle n’en est qu’au début de l’opération. Pour l’heure, on ne sait rien de la réception de ces messages par les internautes. Le sondage mesure donc l’impact de tous les effets d’annonce autour de ce fameux dispositif Hadopi. La peur du gendarme, plus que la sanction effective.

Une autre étude BVA

La Tribune relativise aussi la portée des résultats en rappelant qu’un tiers des foyers n’ont pas Internet et, mécaniquement, ne téléchargent pas. On ne peut donc pas savoir si la loi aurait un effet sur cette population ou non. Ensuite, une partie des internautes resterait mal informée et ne saurait pas toujours faire la différence entre un site légal et illégal. Enfin, bien sûr, beaucoup de pirates ne se déclarent pas comme tels, ce qui a pour conséquence de fausser les résultats des sondages sur le sujet.

Dans un entretien donné le 4 novembre à BFM radio (groupe Nextradio TV, maison mère de 01net.), la directrice adjoint de BVA, Céline Bracq, juge néanmoins que la loi Hadopi « a un impact sur le comportement des gens qui avaient l’habitude de télécharger et qui n’étaient pas des pirates experts ».


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L’intégralité de l’intervention de Céline Bracq sur BFM Radio ce jeudi 4 novembre

En même temps, une autre étude BVA, réalisée pour les Rencontres internationales de la culture, de l’économie et des médias, à Avignon, et publiée par un autre quotidien économique, Les Echos, risque de rester en travers de la gorge des pro-Hadopi.

Pour 82 % des moins de 25 ans, il serait hors de question de payer sur Internet pour quelque contenu culturel que ce soit : musique, vidéo, livre, presse, etc. La peur du gendarme ne fait pas tout…

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Arnaud Devillard