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Les industriels américains plaident pour les délocalisations

Huit grands groupes high-tech font pression pour que le Congrès et l’administration Bush ne limitent pas les délocalisations d’emplois qualifiés dans les pays à bas coût de main-d’?”uvre.

Huit patrons de grandes entreprises high-tech américaines (Intel, Dell, IBM, Hewlett-Packard, Motorola, Unisys, NCR et EMC) mettent en garde leur gouvernement contre toute mesure qui tendrait à restreindre leur liberté de délocaliser.
Au nom du maintien de leur compétitivité, ces lobbyistes de premier ordre, soutenus par la quasi-totalité de l’industrie high-tech, sont réunis au sein d’un groupement baptisé Computer Systems Policy Project (CSPP).Ce dernier fait pression sur le Congrès et l’administration Bush pour que les industriels puissent continuer à délocaliser des emplois qualifiés dans les pays à bas coût de main-d’?”uvre, notamment en Asie. IBM envisage par exemple
le déplacement d’au moins 3 000 postes en Inde et en Chine afin d’économiser plus de 68 millions de dollars par an. Dans un document de 20 pages intitulé Choose to Compete, téléchargeable sur le site Internet
du CSPP (www.cspp.org), présidé par Craig Barrett, PDG d’Intel, les industriels affirment que les délocalisations peuvent contribuer à enrichir les Etats-Unis. ‘ La plupart des richesses
créées à l’étranger reviennent en Amérique sous la forme d’emplois et d’augmentations de salaires, d’investissements en R&D, de bénéfices pour les actionnaires et d’impôts sur les bénéfices de l’économie américaine ‘,

soutient le rapport du CSPP.

3,3 millions d’emplois pourraient être délocalisés d’ici 2015

Cette position est toutefois difficile à admettre par les ingénieurs américains, qui ont vu disparaître quelque 540 000 emplois high-tech l’an passé, auxquels devraient s’ajouter cette année 234 000 suppressions de
postes supplémentaires, selon l’AeA, l’association américaine de l’électronique. Les délocalisations ont, en effet, pris une ampleur telle aux Etats-Unis qu’elles sont devenues très impopulaires.Tout comme en Europe, les entreprises qui prévoient d’y recourir refusent de plus en plus fréquemment de dévoiler publiquement leurs effectifs et leurs projets précis en la matière. Nous ne sommes pourtant apparemment qu’au début d’un
long processus : d’ici 2015, ce sont en effet 3,3 millions d’emplois qui pourraient être délocalisés, dont une majorité seront des postes d’ingénieurs et de scientifiques de haut niveau.Le président de l’IEEE-USA, l’association des ingénieurs américains, est allé jusqu’à alerter le Congrès de cette situation, afin que soient prises des mesures visant à limiter l’ampleur des délocalisations et à maintenir des emplois
à haut salaire et à forte valeur ajoutée. Les PDG du CSPP n’ont pas tardé à réagir à cette initiative. Ils estiment qu’il serait très dommageable d’ériger des barrières ‘ protectionnistes ‘ et
‘ anti-libérales ‘, car cela pourrait entraîner, selon eux, des mesures de rétorsion de la part de leurs partenaires commerciaux.Ils estiment, de surcroît, que le soutien à la high-tech nest pas suffisant aux Etats-Unis. Ils lanceront, à partir du mois prochain, à Washington, une campagne pour convaincre les parlementaires de voter des mesures législatives,
notamment fiscales, en faveur du secteur.

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Jacques Marouani