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Les grandes manœuvres des patrons du web… … et leurs petites histoires inavouables

Quel point commun y a-t-il entre Facebook, Apple et Google ? Des millions, voire des milliards. Des millions d’utilisateurs, des milliards de chiffre d’affaires, et autant à conquérir. Cet été, la guerre des trois titans n’a pas connu de trêve.

C’est le plus petit, le plus jeune, mais il n’en fait pas moins de bruit. Facebook vise cette année le milliard d’utilisateurs et le milliard de dollars de bénéfice ! En gros, il s’agit de doubler le nombre d’inscrits à son réseau. Et pour y parvenir, il suffit peut-être d’y croire, en tout cas de ne pas avoir froid aux yeux. Mark Zuckerberg, son jeune fondateur de 26 ans, semble réunir ces deux qualités, déclarant sans ambages que “ la domination mondiale de Facebook [est] presque totale ”. Ne manque plus à son tableau de chasse que quelques pays dont le poids fait rêver l’ensemble de l’industrie numérique : la Russie, le Japon, la Corée du Sud et la Chine. Des pays que Facebook compte attaquer par la bande… en misant sur leurs usages mobiles. Déjà, sur le demi-milliard d’internautes connectés au réseau social, 150 millions se rendent sur Facebook depuis leur téléphone portable. Mais ce n’est pas assez. Mark Zuckerberg, lui-même, cite l’Inde en exemple où l’usage du mobile y est supérieur à celui d’Internet. Autant d’opportunités de développement qui rendent le jeune entrepreneur très confiant. Il envisagerait même une entrée en Bourse selon le Guardian. Facebook vient, en outre, de dépenser 40 millions de dollars pour l’acquisition des 18 brevets déposés par le site Friendster, qui décrivent les principes mêmes d’un réseau social. Mark Zuckerberg a précisé qu’il s’agissait de valider la technologie de son réseau. Une précaution sage, avant de se risquer sur les marchés boursiers.Mais Zuckerberg prend-il justement suffisamment de précautions ? Quand, en plein mois d’août, un consultant en sécurité balance sur le Web un fichier téléchargeable contenant les données personnelles de 100 millions de membres Facebook, ça fait désordre. Un fichier qui n’a rien d’illégal, puisque l’expert s’est contenté de rassembler les profils publics du réseau social. Facebook affiche d’ailleurs une certaine décontraction sur le sujet : “ Aucune donnée privée n’a été compromise ”, a ainsi déclaré le site à la BBC, rappelant au passage que des paramètres permettaient de sécuriser les comptes. Si les internautes ne les avaient pas activés, c’est qu’ils ne s’en souciaient pas ? Douteux. Selon une étude réalisée par l’éditeur de sécurité Sophos, 60 % des membres du réseau social envisageraient de le quitter pour des problèmes de non-respect de la vie privée. Un sujet que Mark Zuckerberg estime dépassé, mais qui pourrait revenir vers lui façon boomerang. Tout comme ses ambitions planétaires qui le mettent en position d’attaque frontale face à des géants comme… Google.

Les jeux “ sociaux ”, nouveau jackpot !

Or, quand on s’oppose à Google, il faut effectivement y croire dur comme fer. Lui, ce n’est pas un milliard de revenus qu’il vise, mais les milliards qu’il affiche déjà chaque année dans ses tableaux de bord. Et lorsque son PDG Éric Schmidt déclare que la recherche rapporte davantage que prévu et permet de nombreux investissements (“ Croyez-moi, ce revenu est assez important pour couvrir toutes les activités Android, et bien d’autres encore ”), ses concurrents peuvent trembler. Sauf que, entre la publicité et les jeux en ligne, Facebook amasse de plus en plus d’argent, qui ne va pas dans les poches de Google. Un problème auquel Éric Schmidt et ses comparses vont devoir remédier. Et c’est, semble-t-il, ce à quoi ils s’emploient en ce moment… Cet été, les annonces d’alliances avec des éditeurs de jeux vidéo ont été nombreuses. Le Wall Street Journal évoque des accords avec Playdom, Electronic Arts, Playfish et Zynga Game Network (dans lequel Google a pris une participation financière). Les jeux sont, en effet, une des clés (juteuses) du succès de Facebook. Ce dernier percevrait 30 % des revenus générés par les plates-formes de jeux en ligne. Et, selon différentes études, le marché du jeu “ social ” représente plus de 700 millions de dollars aux États-Unis, plusieurs milliards dans des pays comme la Chine ou le Japon. Et il devrait tripler d’ici à 2012 ! Début août, Google avance encore un pion : il annonce le rachat de Slide, “ une entreprise de technologie avec une grande expérience en matière de solutions pour mettre les gens en relation à travers plusieurs plates-formes en ligne ”, précise le directeur de l’ingénierie David Glazer sur le blog officiel de la compagnie. Slide est connu pour sa série de jeux SuperPoke et des outils de partage ou de personnalisation de vidéos utilisés sur les grands réseaux sociaux comme MySpace et… Facebook.

iTunes dans la ligne de mire

Du coup, la rumeur de la naissance d’un réseau social maison d’envergure ? qui porterait le nom de Google Me et s’orienterait vers les jeux en ligne ? va bon train. Google pourrait ainsi aller marcher sur les plates-bandes de Facebook à l’étranger. Comme la puissance de ce dernier est encore faible en Russie, au Japon, et en Corée du Sud, Google a toutes ses chances. De même qu’en Chine, avec qui il n’est plus question de se brouiller, évidemment (voir encadré ci-contre) !La firme de Mountain View a, en outre, toutes les raisons d’être confiante : son système d’exploitation pour mobiles vient de devenir numéro un aux États-Unis. “ De 100 000 terminaux activés chaque jour en mai dernier, nous sommes passés à 200 000 actuellement ”, s’est exclamé fièrement Éric Schmidt. Et la prochaine étape est de réussir le même coup en Asie, où les smartphones sous Android connaissent une belle progression, selon l’analyste Canalys. Parenthèse encore, la Chine est, en ce milieu d’année 2010, le deuxième plus grand marché de téléphones “ intelligents ”…Et l’iPhone ? Malgré tous ses succès, il a passé un été difficile. Ses ventes connaissent une croissance exceptionnelle, mais l’OS mobile Android de Google lui a volé la vedette. L’iPhone 4 s’arrache, mais ses problèmes d’antenne et de réception ont gâché la fête. On ne revient pas dessus ? Si, juste pour la petite anecdote qui a fait sourire les Américains (sauf Steve, on imagine). Le fabricant de téléphones Motorola a, dans une publicité, titré “ Pas besoin de mettre une veste ”. Or la veste, c’est justement cet étui avec lequel Apple a bien été obligé de revêtir ses iPhone 4 pour résoudre ses problèmes de réception. Et d’insister lourdement : “ Chez Motorola, nous pensons que le client ne devrait pas avoir besoin d’habiller son téléphone pour qu’il marche correctement. C’est pourquoi le Droid X a été conçu avec une deuxième antenne. Le genre qui vous permet de tenir le téléphone comme vous voulez pour passer des appels d’une clarté limpide sans étui encombrant. ” Il faut dire que, depuis la naissance d’Android, la guerre est ouverte entre Apple et Google. Alors qu’ils s’affrontent de plus en plus violemment sur le terrain de la téléphonie mobile, ils affûtent tous deux leurs armes sur le Web, chacun pour aller tailler des croupières à l’autre.Dernière nouvelle de l’été : Apple préparerait de nouvelles fonctionnalités pour son iTunes, comme la possibilité d’écouter de la musique en streaming. Or Google Music, la plate-forme de musique en ligne que l’on annonce pour la fin de l’année, aurait bien sûr le même projet. À propos de l’offensive de Google sur les smartphones, Steve Jobs avait déjà prévenu : “ Nous ne les laisserons pas faire ”

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Delphine Sabattier