Passer au contenu

Les futurs contours de la distribution musicale

Le système d’échange Napster a sonné le glas de la distribution à l’ancienne. Mais, demain, elle va être bouleversée par de nouveaux concepts. Des approches, développées par des jeunes pousses, qui vont créer une véritable chaîne de valeur autour de la musique en ligne, et permettre aux majors d’en tirer avantage.

La suggestion musicale

Les start-up qui comptent : Mediaunbound.com, Mubu.comLorsque vous aurez accès à plus d’un million de chansons en ligne, que ferez-vous ? À part télécharger les derniers hits du moment, trouver de la musique qui corresponde aux goûts de chacun risque de devenir une gageure. Pour résoudre ce problème, de nombreuses start-up et laboratoires de recherche développent en ce moment des programmes de suggestion musicale. Dites-moi ce que vous aimez et je vous ferai découvrir des artistes qui vont vous plaire, en quelque sorte.En pratique, l’utilisation d’un Mediaunbound commence par un court questionnaire destiné à cerner les goûts de l’internaute. Celui-ci est ensuite invité à donner son appréciation sur plusieurs titres qui lui sont proposés. Au fur et à mesure de son écoute, le système affine son profil et propose, de manière assez étonnante, des titres en accord avec ses goûts. L’intérêt stratégique de ces moteurs est indiscutable : ils interviennent en amont dans la chaîne de valeur. À partir des recommandations du site, l’internaute télécharge quelques morceaux sur Napster puis va acheter le CD… C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles Napster vient d’acquérir Gigabeat, un système similaire.

Le marketing en peer to peer

Les start-up qui comptent : Big Champagne, ADD MarketingIl était jusqu’à présent très difficile pour une major d’établir une vraie relation avec son public. Contrairement à un France Loisirs (groupe Bertelsmann) qui dispose d’une base détaillée de ses clients, AOL-Time Warner ou EMI manquaient d’outils de marketing direct très développés. Leur unique stratégie consistait donc à faire passer leurs artistes sur un maximum de canaux afin d’optimiser leur exposition. Le peer to peer (échanges directs entre internautes) a tout changé et les producteurs explorent encore ses possibilités marketing.Son fonctionnement est simple: tout utilisateur de Napster peut connaître en temps réel les titres dont dispose un autre utilisateur à l’autre bout du monde. Un peu comme si vous affichiez les titres de votre discothèque sur la porte de votre appartement. Par exemple, Big Champagne peut s’apercevoir que vous possédez des morceaux d’Eminem et d’Elton John, et vous proposer, automatiquement, de télécharger sur le site d’une maison de disques l’enregistrement d’un duo entre vos deux idoles. À peine l’avez-vous récupéré que l’on vous propose d’acheter des tee-shirts. La machine marketing est en route pour maximiser les revenus issus des produits dérivés.

La protection du copyright

Les start-up qui comptent : Copyright.netVous croyez être anonyme en échangeant de la musique sur Napster ? Vous avez tout faux. Si tous les utilisateurs de Napster peuvent savoir que vous disposez du dernier Madonna piraté, Copyright Net aussi. La société a développé un logiciel qui épie en temps réel la diffusion d’un titre sur Napster. Une maison de disques dotée de cet outil obtient des rapports sur le nombre d’utilisateurs en possession d’un titre déterminé, sur sa propagation géographique et sur l’internaute à l’origine de sa diffusion. Mais l’action de Copyright Net ne s’arrête pas à quelques statistiques.Automatiquement, le programme identifie l’internaute pirate, son lieu de connexion et son fournisseur d’accès à internet. Ce dernier reçoit en quelques minutes un message l’avertissant que l’un de ses utilisateurs viole les lois du copyright agrémenté d’une demande de fermeture du compte. Le FAI ne manquera pas de percevoir la menace. Bientôt, Copyright Net sera apte à faire le tri entre les titres légalement achetés et ceux piratés. Au-delà de l’aspect répressif,le logiciel pourra être utilisé par les maisons de disques pour tenter de convaincre les pirates de s’abonner à un service payant… et légal.

L’enregistreur des net-radios

Les start-up qui comptent : Audiomill.com, Streambox.comInternet fourmille de radios en ligne qui diffusent ?” en toute légalité ?” des dizaines de milliers de titres à longueur de journée. Mais, jusqu’à présent, personne n’avait pensé à créer un ” magnétophone ” permettant d’enregistrer ces titres en temps réel. C’est ce que développent en ce moment Audiomill et Streambox. Comme sur Napster, l’internaute indique un artiste et un titre et les logiciels créés par ces deux sociétés commencent à épier les net-radios à la recherche du morceau. Dès que celui-ci est joué, ils enregistrent le titre, comme vous le faisiez peut-être avec votre magnétophone à cassettes il y a quelques années. Le fichier est ensuite crypté sur le disque dur du surfeur et ne peut donc pas être gravé sur un CD ni échangé sur internet.Le système empêche ainsi, a priori, tout piratage et permet tout de même à l’internaute d’écouter de la musique gratuitement. Lorsque nous avons testé le système, encore en phase expérimentale, il n’a fallu que deux minutes pour enregistrer le hit ” Music ” de Madonna, trouvé sur une radio japonaise. Quelques imperfections demeurent : comme lors d’un enregistrement à partir dune radio traditionnelle, le morceau peut être coupé ou contenir une publicité.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Amaury Mestre de Laroque, Gilles Musi et Alain Steinmann