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Les frameworks XML créent un conflit entreprises-éditeurs

Le langage XML s’est imposé comme technologie fondatrice du commerce B to B. La formalisation des transactions commerciales est à présent l’objet d’un certain nombre de rivalités où se mêlent éditeurs et utilisateurs.

Le dernier forum XML a démontré la popularité du langage XML en matière de B to B. La souplesse et l’extensibilité de ce langage l’ont rendu quasi indispensable. Conçu initialement par le W3C pour la description de documents, il s’est imposé comme le format universel de données pour décrire les échanges entre les applications. De plus, XML pouvant être transporté par le protocole HTTP, les échanges fondés sur ce langage franchissent sans encombre les pare-feu des entreprises et sont indépendants des plates- formes utilisées.Le principal emploi de XML en B to B réside dans la formalisation des échanges de documents commerciaux tels que les bons de commande, les factures, ou encore, les bordereaux d’expédition. Dans ce cadre, XML complète ou remplace l’EDI déjà en place dans de nombreux secteurs industriels. “Les entreprises doivent comprendre que les batches EDI ne constituent plus une stratégie globale satisfaisante pour faire face à tous les besoins et considérer l’approche émergente de l’intégration B to B basée sur XML comme une solution de remplacement viable”, affirme Charles Abrams, analyste au GartnerGroup.

Une concurrence farouche

XML apporte un couplage faible entre les applications, qui remplace les intégrations rigides précédentes. Les promesses associées à XML sont si importantes que son contrôle devient essentiel. La lutte ne se situe pas au niveau du consortium W3C, qui assure l’élaboration des standards de base du langage et des standards associés, tel XSLT (Extensible stylesheet language transformation), car le commerce électronique ne peut se contenter du seul langage XML. “Le problème est, notamment, de savoir comment décrire des catalogues multifournisseurs pour qu’ils soient compris par les applications de commerce électronique des différents acteurs. C’est la problématique de la place de marché qui met en présence des fournisseurs différents”, précise Nicolas Samson, directeur technique de la Web agency Himalaya. Très vite est apparue la nécessité de s’accorder non seulement sur la description des catalogues et des produits, mais aussi sur les formats des bons de commande ou de livraison, sur les processus d’achat, et d’une manière générale, sur la façon de commercer.La définition de règles communes est stratégique. Face à l’importance de l’enjeu, chaque secteur d’activité a déterminé son propre standard. Le plus remarquable est RosettaNet, défini par l’industrie des composants électroniques, ou OBI (Open buying on the Internet) dans le monde des acheteurs. On compte, ainsi, pas moins d’une cinquantaine de propositions différentes. Cette formalisation des transactions commerciales au sein de plates-formes d’échange (frameworks) basées sur XML fait également l’objet d’une concurrence acharnée entre certains éditeurs, fascinés par la croissance du marché B to B. “cXML (Commerce XML) a été élaboré par nos clients et il est utilisé pour de très nombreux échanges B to B dans le réseau commercial et les places de marché d’Ariba”, affirme Cyrille Frémont, directeur marketing pour les places de marché d’Ariba.Commerce One a fait de même en définissant XCBL (XML common business library). Microsoft n’est pas en reste avec BizTalk Framework, plus ambitieux. Ces frameworks ont l’ambition d’être universels. Inconvénient, toutefois, Commerce One comme Ariba mêlent contenu (présentation de la facture, par exemple) et manière de commercer.Selon l’Aberdeen Group, dans une étude présentée pendant l’été 2000, 83 % des outils de commerce électronique incorporent cXML ; 9 %, xCBL ; et 8 %, RosettaNet. Les places de marché doivent donc choisir le dialecte qu’elles imposeront à leurs clients : les applications parlent cXML sur Transora.com (distribution alimentaire) ou WorldWide Retail Exchange (grandes surfaces) ; et XCBL sur Answork ou BT (opérateur télécoms). Les organismes de standardisation ont également proposé leurs solutions, tels IOTP (Internet open trading protocol) pour l’IETF, ou l’Oagis (Open application group integration specification) pour l’Open Application Group.Face à la confusion, le consortium Oasis (Organization for the Advancement of Structured Information Standards) et UN/Cefact (groupe en charge de l’EDI et du commerce électronique aux Nations unies) essaient d’unifier ces approches avec ebXML (Electronic business XML), en cours d’élaboration à partir des acquis de l’EDI. ebXML traite de la sémantique des données échangées et des processus d’échange. Lancée en novembre 1999, cette initiative englobe le profil des entreprises, le service de messagerie pour l’échange des données, le référentiel, ainsi que les moyens de communiquer les paramètres techniques pour travailler ensemble. L’infrastructure de communication adopte une messagerie déterministe et sécurisée.

L’authenticité garantie

Elle utilise tout protocole (SMTP, HTTP et FTP) de transport, ainsi que les techniques de chiffrement telles que HTTPS pour la confidentialité. De plus, l’authenticité peut être garantie par la signature électronique des messages. La définition de l’architecture technique devrait être prête dès mars 2001, soit deux mois en avance sur le calendrier. ebXML est accueilli positivement, au moins en apparence. “Nous travaillons avec Oasis et l’UN/Cefact pour que xCBL soit conforme à ebXML”, déclare Nicola Price, responsable marketing pour l’Europe du Sud de Commerce One. Ariba compte aussi adopter ebXML, mais via le langage cXML.De toute façon, la situation devra se clarifier. “XML réalisera ses promesses s’il reste ouvert et s’il n’est pas coopté par des éditeurs imposant leurs logiciels et leurs formats de documents commerciaux. En 2002, 80 % des standards existant aujourd’hui et basés sur XML auront été fusionnés ou abandonnés”, affirme Debra Logan, analyste au GartnerGroup. Pour éviter une cacophonie préjudiciable au développement de l’e-business, il reste impératif que les entreprises utilisatrices s’investissent dans la définition des standards d’échange ou en suivent de près l’évolution.

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Bernard Dequesne et Henri Pradenc