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Les fonds d’amorçage s’en remettent aux industriels

Face à la frilosité des fonds de capital-risque, les investisseurs spécialisés dans l’amorçage cherchent à céder leurs participations aux industriels.

Hier, la chaîne du capital-investissement était bien huilée : les fonds de capital-risque prenaient le relais des fonds d’amorçage. Ces derniers investissaient eux-mêmes à la suite des business-angels. Aujourd’hui, c’est toute la
chaîne qui est grippée, y compris l’amorçage. C’est ce qu’ont mis en lumière les investisseurs présents au 7e congrès de l’IVCS, les rencontres entrepreneurs-investisseurs de Sophia-Antipolis.Puisque les fonds de capital-risque se font tirer l’oreille pour investir, les fonds d’amorçage se voient contraints de prolonger leur investissement dans l’attente d’un éventuel rachat de leur participation par les industriels. Ils
sont désormais obligés de soutenir les sociétés de leur portefeuille à un stade d’investissement qui n’est plus de leur domaine de compétences historiques.’ Aujourd’hui, c’est l’ensemble de la chaîne qui est bloquée, sans possibilité ou presque de récupérer de la valeur ‘, constate Jean-Philippe Stefanini, membre du directoire de
Emertec Gestion. Ce fonds d’amorçage, spécialisé dans l’électronique et l’industrie, a puisé dans son enveloppe de 20 millions d’euros constituée en 2000 pour investir dans
quatorze entreprises. Une seule cession (et donc un retour sur investissement) a depuis été réalisée. ‘ Comme les fonds de capital-risque attendent après la Bourse, nous attendons après eux. Car si ces investisseurs reconnaissent
généralement avoir plus besoin que jamais de l’amorçage, ils n’investissent pas actuellement dans nos sociétés ‘
, déplore le représentant d’Emertec.

Suivre nos participations plus longtemps

Depuis plus d’un an, cette société de gestion constitue un nouveau fonds consacré aux nanotechnologies et la microélectronique, qui devrait atteindre les 40 millions
d’euros. Emertec boucle un autre fonds de 12 millions d’euros (20 espérés à terme) consacré au financement des jeunes pousses spécialisées dans l’énergie et l’environnement, deux secteurs qui représentent 20 %
des start-up sélectionnées cette année à l’IVCS.’ À la différence des capitaux-risqueurs, nous continuons d’investir dans les jeunes entreprises ‘, affirme Jean-Michel Barbier, directeur associé de Techfund Capital Europe, un
clone ‘, du fonds d’amorçage Techfund implanté aux États-Unis.Constitué en 2000,
Techfund Europe a investi un tiers de ses 30 millions d’euros dans sept entreprises (le fonds devrait annoncer dici peu deux investissements supplémentaires).
Il nous faut être capables de suivre nos participations plus longtemps, au-delà même de ce qui est initialement prévu dans le plan d’affaires, souligne Jean-Michel Barbier. Nous espérons ensuite revendre
ces participations, au bout de quatre à cinq années, aux grandes entreprises qui font de moins en moins de recherches en laboratoire.
‘Délégué général de l’Association française des investisseurs en capital (AFNIC), Jean-Yves Demeunynck contredit le point de vue de ces fonds d’amorçage, estimant qu’il n’y a pas de retrait de la part des
capitaux-risqueurs. Toutefois, il reconnaît que ‘ les fonds d’amorçage remettent au pot de façon plus soutenue, même si ensuite les fonds d’investissement sont bien là pour les relayer. Et il est vrai aussi que les
portes de sortie principales sont industrielles, même si la Bourse reste envisageable à plus long terme, selon l’évolution de la conjoncture.

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Laurent Campagnolle, envoyé spécial à Sophia-Antipolis