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Les femmes qui n’ont pas peur des souris

L’ordinateur crée-t-il des emplois ? La technologie profite-t-elle à l’économie ?Evidemment, en ce moment, on a du mal à le croire. Mais dans le long combat…

L’ordinateur crée-t-il des emplois ? La technologie profite-t-elle à l’économie ?Evidemment, en ce moment, on a du mal à le croire. Mais dans le long combat de l’homme contre la machine, des canuts contre le métier à tisser, des épicières contre le supermarché, on entrevoit une lueur d’espoir.Prenez un métier comme celui de secrétaire. Le job, croyait-on, était en danger. Les cadres allaient se débrouiller pour taper leurs textes et leurs e-mails avec leurs deux doigts. Et les 800 000 secrétaires de France allaient devoir se reconvertir en animatrices de bureau. Merci Bill Gates.Sacrée illusion. Déjà, on avait vu venir le coup avec les photocopieuses. La Rank Xerox 5100 qui bourre juste avant la réunion du vendredi soir. Le fax Sagem qui affiche ” mémoire encombrée ” sur le coup de 18 h, juste avant d’aller chercher le petit à la crèche. Sans secrétaire, gros stress. Et depuis ? C’est pire. Quand Fabien, le DG de la holding, arrive à 8 h 30 pour présenter l’Ebitda du trimestre, qui est capable de brancher le Barco ? De trouver le port série ? Vous ? M’étonnerait. Si Lounette n’est pas là, vous êtes bon pour préparer le café avec Fabien.Et le courrier ? Autrefois, avec un coup de ciseau et deux banettes départ-arrivée, l’affaire était pliée. Là, maintenant, avec Outlook, tout le monde s’énerve :
?” Pierre, vous me le sortez ce PowerPoint pour le comité stratégique ?
?” M… ! Je n’arrive pas à ouvrir le fichier, il est en PDF.
?” Arrêtez de perdre votre temps. Demandez à Jacqueline de le dézipper ! Convenez-en. Si Jacqueline ne sait pas dézipper, vous êtes bon pour lire Les Echos en entier. Au prix où vous êtes payé…Et ce n’est pas fini. Qui, à l’avenir, va gérer l’agenda partagé sur l’intranet ? Le logiciel de gestion intelligent des RTT en mode ASP ? Sauf à programmer une option secrétariat à HEC et à l’Essec, on voit mal comment on pourra résister au retour des secrétaires.Regardez Supersecretaire.com, le site qui rassemble les cyberwomen de la souris. Si on y trouve encore des questions basiques sur la vie quotidienne en plateau ouvert (quel produit pour nettoyer les taches de marqueurs ?), les propos franchement techniques émergent.Séverine J. : “Avec Office, j’imprime les étiquettes des dossiers suspendus.”Jocelyne V. : ” Moi, je gère la boîte e-mail de mon chef quand il est en déplacement. “Virginie L. : ” Mon patron, je lui télécharge ses horaires d’avion sur son PDA. “
Vous savez faire tout ça, vous ?Evidemment, chemin faisant, une modification radicale du séculaire rapport patron-secrétaire s’installe.Face au manager techno-attardé, Patou, l’assistante numérique, triomphe : “On s’y connaît mieux qu’eux en informatique ; il faut revendiquer le droit de toucher un pourcentage de leur bonus !”Déjà, côté chefs, les premières victimes se manifestent, anonymes. Manuel, 46 ans, directeur général, raconte : “Je me suis réveillé ce jour et j’avais 45 ans. Je ne me sentais pas très bien mais j’espérais que ma femme me souhaiterait un joyeux anniversaire. Or, elle ne m’a même pas dit bonjour. Au petit déj’, mes enfants ne m’ont pas parlé. Arrivée au bureau, ma secrétaire, Sandrine, m’a dit : ” Joyeux anniversaire “. J’étais heureux car, au moins, elle s’était rappelée de moi. A midi, elle m’a soufflé : ” Pourquoi ne pas manger ensemble ? “ Je me suis dit que c’était la plus belle chose qu’on m’ait proposé ce jour. Nous sommes donc partis déjeuner. Sur le chemin du bureau, elle a poursuivi : ” Pourquoi retourner au boulot si tôt un tel jour ? ” Elle me proposa alors d’aller prendre un verre chez elle : ” Ca ne te dérange pas que je me mette à l’aise ? “” Quelle question ! “, ai-je répondu et je me disais que cela pouvait être une expérience intéressante. Sandrine entra alors dans sa chambre et en sortit quelques minutes après avec un énorme gâteau. Derrière
elle, je vis entrer ma femme, mes enfants, mon patron et mes collègues…Et moi, j’étais comme un c., à poil dans le salon !”

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Eric Meyer