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Les explications laborieuses de France Télécom

Lors d’une conférence de presse, l’opérateur est revenu sur l’incident qui a privé près de deux millions d’usagers du téléphone en région parisienne.

Dans l’exercice délicat de la communication de crise, force est de reconnaître que l’opérateur historique, malgré de louables efforts, n’a pas su faire preuve de la plus grande clarté. France Télécom a qualifié cet incident de “majeur”, bien que “particulier” puisque le réseau n’a pas cessé de fonctionner, mais qu’il a seulement été “encombré”.La panne qui a bloqué un appel sur deux à destination ou en provenance des abonnés de Paris et des trois départements limitrophes le 3 mai est due à deux “microcoupures” sur un lien de transmission de télécommunication.

Des messages de gestion prioritaires sur l’acheminement des appels

L’opérateur reconnaît ne pas connaître l’origine de ces deux ” blancs “, mais exclut qu’il puisse s’agir, comme certains ont pu le murmurer, d’un acte de malveillance. Ces incidents ont ensuite rendu fou le réseau Sémaphore qui a la charge d’acheminer les appels téléphoniques ainsi que le trafic Numéris, et qui est placé en quelque sorte au-dessus du réseau téléphonique commuté. Jusque-là, ça va. Mais ensuite, les explications deviennent plus floues.Pour simplifier, un commutateur Sémaphore ?” appelé PTS (point de transfert Sémaphore) ?”, déréglé par les coupures de transmission, aurait ensuite envoyé un grand nombre de messages d’alerte à ses confrères et aux commutateurs télécoms, qui se sont mis à répondre à leur tour. Face à l’emballement du système, les PTS parisiens se sont alors arrêtés automatiquement pendant une dizaine de minutes. Conséquence : un encombrement majeur du trafic puisque ces aiguilleurs sont ” tombés “.Chaque tentative de redémarrage des PTS a remis en circulation bon nombre de messages de gestion. Et comme les messages de gestion entre les PTS empruntent les mêmes routes que les messages de signalisation pour l’acheminement des appels, le phénomène n’a fait qu’empirer.

Des ratés étonnants pour un réseau parmi les plus modernes au monde

Oui, mais. Pourquoi les PTS n’ont-ils pas supporté cette situation, alors que l’opérateur qualifie ces “microcoupures” d’habituelles ? L’explication est des plus ambiguës : “C’est parce que les messages d’alerte ont été erratiques.” Aux demandes de précision des journalistes invités à écouter ses explications, France Télécom est resté dans le flou technique.En conclusion, l’opérateur a expliqué que le problème était lié au volume important de messages de gestion entre les PTS, sans expliquer pourquoi ces échanges n’ont pas été modélisés ou testés auparavant. Rappelons que le réseau de France Télécom est l’un des plus modernes du monde. Découvrir aujourd’hui que des messages d’échange entre commutateurs PTS peuvent encombrer le réseau laisse donc un peu incrédule.A la suite à cet incident, France Télécom a d’ailleurs décidé de mettre en place un système qui privilégie les messages de signalisation par rapport à ceux de gestion, dans la mesure où ceux-ci empruntent les mêmes chemins.Et l’opérateur n’exclut pas dinvestir dans des PTS supplémentaires. Auquel cas il fera appel au même fournisseur, à savoir Alcatel.

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Guillaume Deleurence