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Les enjeux du mobile

Avec le développement des services sans contact sur mobile, plus besoin d’imprimer billet, ticket ou autre coupon. Vous les recevez directement sur votre portable.

Remplacer les procédures papier par l’échange électronique, voilà une gageure qui n’a pas échappé aux principaux acteurs de l’économie numérique. Qu’il s’agisse de démarches administratives, de santé, de voyages ou d’éducation, les champs d’application de la dématérialisation sont de plus en plus nombreux à être explorés. À la clé, une réduction de la consommation de papier et d’importants enjeux économiques et environnementaux.Le télépaiement et la télébillettique sur les téléphones portables sont des domaines en pleine évolution avec des perspectives opérationnelles à plus ou moins long terme. Ils sont en passe de révolutionner la vie quotidienne des Français, en commençant par les titres de transport. Deux technologies s’imposent pour délivrer des billets via un mobile : le code-barres 2D et le service sans contact (NFC, Near Field Communication). Le premier permet de valider un billet via un lecteur de code-barres, le second nécessite de présenter son combiné NFC devant une borne spécialisée.

Un code-barres par MMS

Des expériences ont d’abord vu le jour en Bretagne, comme le Tike-phone, une application développée par le service de recherche de la SNCF, qui permet de commander, payer et recevoir son billet de TER dématérialisé sur son mobile, à l’occasion d’événements touristiques ou culturels (tel Les Vieilles Charrues ou les Trans Musicales de Rennes). L’utilisateur réalise son achat en deux à trois minutes et reçoit un SMS de confirmation. Le billet est ensuite envoyé par MMS sous la forme de codes-barres cryptés qui pourront être lus directement par le contrôleur. La SNCF a également lancé des projets de billets dématérialisés en partenariat avec des opérateurs de téléphonie portant sur la technologie sans contact NFC. Associé au télépaiement sur mobile, ce service permet d’acheter et de télécharger un billet électronique sur un portable via sa carte Sim configurée pour cet usage. Il suffit ensuite de passer le téléphone devant un lecteur disposé aux barrières de contrôle des gares. C’est la même technologie que celle utilisée actuellement dans le passe Navigo en région parisienne.La SNCF et Orange ont testé ces services sans contact sur mobile dans quelques villes de France (Nice, Rennes, Strasbourg). Un projet RATP-Bouygues Telecom a également vu le jour à Paris. Un groupe de travail, baptisé Ulysse, a réuni trois opérateurs et cinq transporteurs (Bouygues Telecom, Orange, SFR, Keolis, RATP, SNCF, Veolia Transport et Transdev) en 2008 pour réfléchir à un standard “ billettique transport sur téléphone mobile ” et des solutions fondées sur la carte Sim. À l’heure actuelle, Ulysse fixe les dernières spécifications liées au billet dématérialisé à partir de la technologie sans contact et sa compatibilité avec les téléphones NFC. Ce qui permettra aux usagers de bénéficier d’un titre de transport sans contact quel que soit l’opérateur mobile ou le réseau de transport public.Techniquement au point, ce service attend le feu vert des collectivités locales pour être déployé, ainsi que la commercialisation de téléphones NFC compatibles. En parallèle, le télépaiement sans contact sur mobile fait aussi l’objet d’un groupe de travail qui regroupe six grandes banques nationales et quatre opérateurs (SFR, Orange, Bouygues, NRJ Mobile) en partenariat avec Visa Europe et MasterCard. Ce projet, appelé Pegasus, a pour objectif de définir une norme commune de paiement sans contact par carte Sim fondée sur la technologie NFC. Des tests ont été menés avec succès chez des commerçants de Strasbourg et Caen. Les déploiements commerciaux pourraient être effectifs dès 2010.Le secteur de l’aéronautique a été l’un des premiers avec la SNCF à s’intéresser au billet électronique, apparu fin 1995. Aujourd’hui, le passager effectue directement l’enregistrement sur son vol par Internet ou par téléphone auprès des compagnies aériennes ; il n’a plus besoin du billet papier. Le 1er juin 2008, les 240 compagnies aériennes membres de l’IATA (International Air Transport Association) sont passées définitivement au e-ticket. L’adoption du titre de transport aérien dématérialisé va leur permettre d’économiser 3 milliards de dollars par an, soit près de 2 milliards d’euros. L’e-ticket aura également un impact sur l’environnement avec une économie de 300 millions de billets papier par an. Selon le porte-parole d’Air France-KLM, “ l’objectif de la compagnie est d’atteindre le zéro-papier, aussi bien pour l’émission des billets que pour les cartes d’embarquement ”. Pour ces dernières, le système est désormais accessible sur les portables pour les vols courts et moyens courriers en France et en Europe. Le voyageur s’enregistre sur son téléphone et reçoit un SMS (ou MMS) de confirmation avec un code informatique sécurisé, qui fait office de carte d’embarquement.

Du e-ticket au m-ticket

La billetterie dématérialisée fait également des émules chez les commerçants. Après l’expérience confidentielle de Moneo, le porte-monnaie électronique destiné aux petites dépenses quotidiennes, la grande distribution se prépare aux développements de la technologie NFC. La Fnac a élargi son offre depuis la rentrée 2008, passant du e-ticket sur Internet au m-ticket, billet disponible directement sur téléphone pour les concerts, festivals, spectacles. L’avantage réside dans la compatibilité de la technologie avec la plupart des téléphones mobiles du marché et sa simplicité d’utilisation. L’inconvénient porte sur le fait que très peu de salles de spectacle sont équipées d’un lecteur 2D, ce qui limite le nombre de manifestations éligibles. Ce système de contrôle s’avère par ailleurs trop lent lorsque le public est nombreux. “ Nous misons à moyen terme sur le plus fort potentiel de la technologie NFC dès que celle-ci sera déployée ”, conclut Bertrand Gstalder, directeur billetterie et relation clients à la Fnac.Selon le cabinet Juniper Research, les transactions par mobile représenteront plus de 587 milliards de dollars dans le monde en 2011, pour plus de 610 millions d’utilisateurs. À l’horizon 2012, 20 à 25 % de la population française devrait être équipée d’un téléphone NFC. Les applications sans contact devraient se généraliser dans les années à venir, avec des extensions vers le mobile marketing, l’identification pour l’accès à des lieux sécurisés, ou encore l’utilisation du mobile comme clé d’appartement.

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Frédérique Crépin