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Les élections en ligne de l’UMP contestées

Ce week-end, les adhérents de l’UMP élisaient leurs futurs dirigeants. Nicolas Dupont-Aignan, candidat malheureux au scrutin, dénonce l’opacité de cette consultation.

La semaine passée, Alain Juppé est allé voter dans un cybercafé. L’ancien Premier ministre, candidat à la présidence de l’UMP (désormais Union pour un mouvement populaire), avouait alors aux journalistes “être tout à la fois confiant et anxieux” quant à l’issue du scrutin ; tout en ajoutant par ailleurs que “rien n’était jamais acquis “…Pour la première fois en France, un parti politique avait choisi d’élire ses instances en recourant au vote en ligne (ou vote par Internet).Dans le journal Le Monde daté du 15 novembre, Nicolas Dupont-Aignan, lui aussi candidat à la présidence de l’UMP, contestait pour sa part l’organisation “très aléatoire” de la consultation : un scrutin pour lequel 164 500 électeurs inscrits pouvaient voter à partir de n’importe quel ordinateur dans le monde, à l’aide d’un identifiant et d’un simple mot de passe.Aujourd’hui, le député-maire d’Yerres (Essonne), qui a obtenu dimanche soir 14,70 % des voix, ne décolère pas. Interrogé par 01net., il dénonce l’absence de confidentialité d’un vote où l’on ne peut vérifier de manière effective et absolue l’identité des votants.

Un système qui génère trop d’approximations…

” 48 heures après la clôture du scrutin, je n’ai toujours pas le décompte des voix département par département, indique-t-il. J’ai même reçu une note d’un département m’indiquant que ce sont les cadres du parti qui faisaient voter les gens. “ D’un point de vue démocratique, ” C’est le retour au Second Empire ! “Pour le parlementaire, ” l’organisation de ce scrutin est un fiasco. “” Il ne fallait pas être un sphinx pour le prédire !, poursuit-il, on n’a pas voulu comprendre que l’usage d’Internet n’était pas aussi répandu que l’on veut bien le croire dans le pays. “Nicolas Dupont-Aignan ne remet pas en cause les qualités du prestataire technique de l’opération, la société Election.com. C’est le principe même du vote en ligne et son cortège d’approximations qui sont, selon lui, critiquables. A l’en croire, certaines personnes auraient reçu plusieurs cartes d’électeurs, une donnée impossible à vérifier par le système informatique.Un problème qui, pour le député, ne se serait pas posé avec le vote électronique. Dans ce système, identique au scrutin traditionnel, seuls l’urne et les bulletins de vote en papier sont remplacés par une urne électronique.A contrario, pour le vice-président d’Election.com pour l’Europe, Régis Jamin, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. “Au niveau technique, l’UMP est satisfaite du déroulement du scrutin “, déclare-t-il. Les affirmations de Nicolas Dupont-Aignan sont pour lui “sans fondement”, et “Chaque candidat fait campagne comme il le veut, et comme il le peut.”

…et qui ne semble pas adopté par tous

Sur les 164 500 électeurs inscrits, seuls 48 000 ont participé au vote. Un chiffre dont la faiblesse conforte Nicolas Dupont-Aignan dans son analyse que ” Les gens n’avaient pas confiance dans le mode de scrutin employé. “La polémique autour de l’élection à la présidence de l’UMP serait moins exacerbée si le recours au vote en ligne n’était présenté comme symbolique d’un changement d’époque dans les m?”urs politiques. Une sorte de passage à la fraude zéro dans la consultation démocratique. Malheureusement, les accusations portées à l’encontre du scrutin de ce dimanche prouvent que le doute est toujours présent dans les esprits.Par ailleurs, le fait que l’UMP ait eu recours au vote par Internet, assimilé en droit français au vote par correspondance, et interdit comme tel depuis 1975 aux élections présidentielles, risque d’entretenir un peu le flou qui subsiste aujourd’hui sur la légitimité du scrutin.

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Philippe Crouzillacq