Passer au contenu

Les éditeurs français de VOD veulent être soutenus face à iTunes et Netflix

La prochaine arrivée de Netflix en France, fait sortir les éditeurs du bois. L’un d’eux, FilmoTV, nous a contacté pour défendre les offres françaises. Et dénoncer des règles, qui freinent les acteurs nationaux.

Bruno Delecour, un ancien de CanalPlus, aujourd’hui à la tête de FilmoTV regrette que l’on cite tout le temps Netflix en référence lorsqu’on parle de vidéo à la demande… comme si rien d’autre n’existait en VOD ou SVOD (la version par abonnement du service de vidéos). Il défend son modèle mordicus. Alors nous avons regardé de près.

Comme Netflix, son offre de SVOD est sans engagement, très simple à utiliser, fonctionne sur tous les écrans (PC, TV connectée, tablette, smartphone, box). On peut voir les films hors connexion. Et aussi,commencer un film sur un écran, le poursuivre sur un autre, en reprenant la lecture exactement là où on s’est arrêté. Bref, côté techno, tout va bien. Le service fait même du streaming « adaptatif », c’est-à-dire que la qualité d’image s’adapte au débit de l’utilisateur, pour éviter les ruptures de signal (effectivement insupportables lorsqu’on regarde un film !).

Mais FilmoTV ne propose que du contenu cinéma (pas de séries TV, donc – un choix éditorial assumé). Et l’offre de SVOD est à 10 euros/mois (contre environ 6 euros pour Netlix). 

Sur les prix, le bât blesse…

Les prix sont plus élévés en France, oui. N’empêche, ce qui fait bondir le fondateur de FilmoTV, c’est que si la France s’était réveillée plus tôt sur le sujet, si elle avait levé certains freins pour laisser le marché de la VOD s’épanouir, on n’en serait pas là, aujourd’hui, à trembler devant l’arrivée de Netflix.

Bruno Delecour explique qu’il a deux concurrents face auxquels il ne peut pas faire grand chose : le piratage et les services de VOD installés à l’étranger. Comme iTunes. Le service d’Apple représente la quasi-totalité du téléchargement légal et une grande partie de l’offre VOD en France… mais ne paie pas la même TVA que les acteurs français, ne finance pas la création, et n’a pas de quota d’œuvres françaises à respecter.

Les français ont besoin d’armes pour se battre

Bruno Delecour
Bruno Delecour – Bruno Delecour

Face à la concurrence étrangère, les éditeurs français font le maximum sur la qualité des offres. On l’a vu avec FilmoTV. On a vu aussi CanalPlay calquer son offre sur celle de Netflix. La semaine dernière, Orange VOD s’est bougé aussi en lançant le téléchargement définitif de films et séries.

Mais, ils savent très bien que toutes ces bonnes intentions ne suffiront pas pour s’aligner sur les prix des concurrents installés à l’étranger et résister aux assauts de l’extérieur. Le syndicat des éditeurs indépendants de VOD a ainsi exposé plusieurs demandes.

Il réclame : un taux de TVA réduit (comme en profite déjà la télé payante), un dispositif de lutte contre le piratage (la profession estime que le gouvernement a lâché du lest sur ce sujet), un délai de diffusion aligné sur celui des chaînes payantes (on passerait ainsi de 36 mois à 10 mois après la sortie en salle), des aides du CNC (les éditeurs aident le cinéma français, et dénoncent le fait que personne ne les aide, eux !), et, enfin, un accès privilégié aux box et TV connectées, pour les services qui respectent la loi française.

De quoi offrir un bon coup de pouce aux éditeurs nationaux. Pour l’heure, ils attendent toujours un retour concret sur ces points. La balle est notamment dans le camp du CNC et du ministère de la Culture. Restera alors à savoir si ces nouvelles de règles et le jeu de la “préférence nationale” seront suffisantes.

Les exclus ciné en VOD se multiplient

Les éditeurs de VOD ont un tour dans leur poche. Ils proposent de plus en plus souvent des films en exclusivités, avant leur sortie en salle. Parfois jusqu’à trois semaines avant le lancement officiel du film ! Des exclus rendues possibles tout simplement parce qu’un film, en France, n’existe qu’à partir du moment où il sort en salle. Avant, il n’a pas d’existence en tant que tel… il n’y a donc aucun frein à sa diffusion !

Et les producteurs sont plutôt enclins à jouer le jeu de ces avant-premières numériques, sur les petits films en tous cas. Ces derniers profitent alors d’une programmation nationale (voire, plus largement, francophone) grâce à Internet… ce qui peut s’avérer plus intéressant qu’une sortie limitée à une poignée de salles obscures.

 

A lire aussi : Pourquoi parle-t-on autant de Netflix en France ?

 

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Delphine Sabattier