Passer au contenu

Les écrans plats visent le grand public

Avec des technologies abouties et des capacités de production croissantes, les technologies cristaux liquides ou plasma viennent chatouiller les tubes cathodiques sur le terrain de l’affichage.

Bonne nouvelle : les écrans plats, longtemps réservés aux stands des salons les plus high-tech, devraient atteindre le grand public pour remplacer nos encombrants postes de télévision et moniteurs d’ordinateur. Le bon vieux tube cathodique (CRT), qui conservait jusqu’alors des avantages techniques non négligeables, va progressivement s’incliner devant les cristaux liquides, déjà courants dans les appareils portables, et les écrans à plasma. Même si, selon une étude de l’Américain Stanford’s, les CRT tenaient encore, en 2000, 55 % du marché mondial de l’affichage (soit 32,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour 270 millions d’unités vendues) et devaient doucement croître de plus de 5 % par an jusqu’en 2006.Le tube cathodique fonctionne grâce à un canon à électrons. Déviés par des champs magnétiques, les électrons activent le phosphore qui recouvre l’écran, créant ainsi les points lumineux qui vont former l’image. Une technologie efficace, aux coûts de production éprouvés. Mais hors course quand il s’agit d’équiper des appareils nomades, fief des cristaux liquides (LCD). Avantage de ces derniers : leurs molécules s’orientent suivant le passage du courant, ce qui modifie les propriétés de l’affichage, comme le contraste, la luminosité, ou les couleurs.

Traînées lumineuses

Mais, s’ils sont plus fins, plus légers et moins gourmands en énergie que les CRT, les LCD ont quelques inconvénients : ils nécessitent une source d’illumination et restent visibles sur un angle limité. “La rémanence pose encore des problèmes pour les jeux vidéo, par exemple. Lors de succession d’images très rapides, des traînées lumineuses peuvent apparaître”, commente Anousone Sukhaseum, chef de produit chez le fabricant Viewsonic Europe. “Mais le confort est incomparable : au lieu d’être diffuse, comme pour les CRT, la lumière est réellement directionnelle.” La technologie LCD devrait représenter une part croissante dans la production d’écrans de la société. “En fin d’année, nous aurons une vingtaine de nouveaux modèles d’écrans LCD, pour une dizaine de CRT.” Une étude de Stanford Resources évalue le marché à 25,3 milliards d’euros (166 milliards de francs environ) cette année, et à 55,8 milliards en 2007. “Avec, en tête, le marché du remplacement des moniteurs à tube cathodique”, pronostique Didier Bulcke, directeur marketing chez LG Electronics. Un marché qui devrait croître annuellement de 27 % par an, passant de 6 milliards d’euros en 2001 à 22,2 milliards en 2007. “L’année dernière, nous livrions 2 000 écrans par mois ; cette année nous sommes passés à 20 000 et nous aurions pu fournir le double si nous avions eu les capacités de production”, constate Didier Bulcke.Pour les plus petites tailles d’écrans (téléphones mobiles, assistants numériques, etc.) apparaît doucement une nouvelle technologie : les diodes luminescentes organiques (Oled). Utilisant les propriétés conductrices de certains polymères, les Oled permettront de réaliser des écrans couleur flexibles et enroulables. L’atout de ces écrans tient au fait qu’il n’ont pas besoin de rétro-éclairage. Considérés comme les successeurs des écrans à cristaux liquides, ils offrent des images de meilleure qualité, plus lumineuses, tout en réduisant considérablement la consommation en énergie. Toshiba vient ainsi d’annoncer le passage en production d’un de ses prototypes pour avril 2002. En février, Sony prévoyait une commercialisation pour 2003. Le Japonais Rohm, en partenariat avec l’Américain Eastman Kodak, investira 18,5 millions d’euros dans l’installation d’une nouvelle ligne de production sur le site de son siège à Kyoto.À l’autre extrémité de l’échelle, les écrans plasma ont également atteint le stade industriel. Didier Bulcke annonce que LG a investi 1,06 milliard d’euros dans une unité de production, dont les capacités passeront de 30 000 à 600 000 pièces par an. Avec un angle de vision de 160 degrés (contre 40 degrés pour le LCD), l’image est uniforme, claire, mieux contrastée. Particulièrement fines, les plaques de plasma approchent réellement du mur d’image. “La technologie est très complémentaire du LCD : les plaques de cristaux liquides sont intéressantes pour des tailles d’écran allant de 36 à 80 centimètres, trop coûteuses à fabriquer au-delà. Tandis que les dalles plasma sont trop chères à produire pour des tailles inférieures à 80 centimètres”, analyse Didier Bulcke.

Accrocher le grand public

“Il y a de nombreux acteurs sur ce marché naissant. Nous nous consacrons davantage à gagner des parts de marché qu’à faire du chiffre d’affaires”, commente Stéphane Bennechi, directeur général périphériques chez NEC France. Les marchés identifiés : en premier lieu, la location pour l’événementiel, les salles de conférences. “Mais la clé va être de décrocher le grand public pour monter en production”, insiste-t-il. Quelque 8 000 écrans plasma seulement auraient été vendus en France cette année.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Agathe Remoué