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Les e-supermarchés boudés outre-Rhin

Nombre d’enseignes allemandes de distribution en ligne jettent l’éponge. Elles estiment qu’il n’y a pas encore de modèle rentable pour l’alimentaire en ligne.

Le supermarché en ligne n’est pas encore tout à fait mort en Allemagne. Mais il n’intéresse plus grand monde. Et les défections se succèdent. Le 1er novembre, Spar ” Einkauf 24 “, filiale d’Intermarché, suspendra son enseigne en ligne. De son côté, Real, la filiale de Metro, a aussi abandonné tous ses projets. Le supermarché Karstadt Quelle lui a emboîté le pas. Un seul cybermarchand aura finalement réussi à s’imposer au cours des deux dernières années : Otto Versand, premier groupe mondial de vente par correspondance, qui est, en effet, l’unique cybermarchand à proposer un service sur l’ensemble du territoire allemand.

Incertitudes sur ce marché

L’euphorie des premières années est déjà loin et personne ne croit plus aux belles prévisions des experts, même si le cabinet de conseil Roland Berger estime toujours que la part de la vente en ligne d’alimentaire atteindra 5 % du chiffre d’affaires total en 2006 (le marché est de 125 milliards d’euros, soit 820 milliards de francs, aujourd’hui). “ Cela me semble impossible“, estime Hermann Siewers, directeur du marketing et de la distribution d’Edeka. “ Je reste sceptique. La part du net est actuellement inférieure à 0,2 %“, ajoute de son côté Olaf Roik, l’expert en e-commerce de la Fédération allemande du commerce de détail (HDE).Wolfram Schmuck, porte-parole du groupe Rewe à Cologne, est lui catégorique : “ Il n’y a aucun exemple qui nous prouve que ce business fonctionne.“Une enquête du quotidien économique Handelsblatt a confirmé que l’alimentaire sur internet n’était pas rentable aux yeux des distributeurs à cause du coût élevé des investissements. Mais le journal souligne surtout le manque d’intérêt de la part du consommateur. Pour le groupe Edeka, le supermarché virtuel est une aventure “trop chère et trop risquée“. “Contrairement à la France et aux États-Unis qui regorgent d’hypermarchés en rase campagne, les Allemands aiment les petites enseignes qui leur permettent de faire leurs courses au coin de la rue. Internet ne les inspirent pas dans leurs achats. Ils veulent voir et sentir, notamment les produits frais“, analyse Olaf Roik.

Cruciale logistique

Otto Versand, qui ne communique aucun chiffre sur ses activités dans l’alimentaire, estime que les distributeurs n’ont pas suffisamment pris en compte l’aspect logistique. Un avis que ne partage pas Karstadt Quelle : “ La question n’est pas là. Nous avons également un réseau logistique performant à notre disposition. Le vrai problème, c’est que l’alimentaire n’est pas fait pour se vendre sur internet“, tranche Elmar Kratz.Tesco sera peut-être en mesure de prouver un jour le contraire en posant un pied sur le marché allemand. Le distributeur britannique a montré chez lui qu’on pouvait gagner de l’argent sur le net. Et il a renchéri en promettant de s’attaquer au marché américain malgré la faillite retentissante de Webvan…

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Christophe Bourdoiseau à Berlin