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Les drôles de méthodes d’Apple pour protéger les secrets de son iPhone

Face aux nombreuses fuites concernant ses produits, Apple a mis en place des moyens démesurés pour les empêcher. Une agence spéciale, composée d’anciens membres de la NSA ou encore du FBI veille désormais au grain. Le but est de refaire d’Apple l’entreprise muette qu’elle était à l’époque de Steve Jobs.

Quand la politique d’Apple en matière de lutte contre les fuites d’informations provient… d’une fuite d’information. Un long article publié ce 20 juin par le site américain The Outline donne tous les détails d’une réunion de la société qui aurait dû rester parfaitement confidentielle. L’ordre du jour ? Comment empêcher que des informations concernant Apple et ses produits ne soient transmises à la presse, à ses concurrents et aux contrefacteurs.

Tenue au début du mois de juin, cette réunion était menée par David Rice, directeur de la sécurité globale, Lee Freedman, directeur des investigations et Jenny Hubbert, qui travaille à la communication du service de la sécurité globale. Si ce type de conciliabule est logique pour une entreprise de cette taille, il a cependant été exceptionnel par la nature des informations dévoilées et le nombre de participants, une centaine d’employés d’Apple.

2,7 millions d’employés contrôlés par jour

Le but était de sensibiliser ces cadres à un fait surprenant : en 2016, la majorité des informations confidentielles concernant la marque et publiées par la presse provenaient du siège d’Apple en Californie et non pas des usines de ses partenaires en Chine. Pour parvenir à ces conclusions, la société emploie un nombre encore inconnu d’enquêteurs issus des rangs de la NSA, du FBI, des services secrets ou encore de l’armée américaine.

La tâche à laquelle s’est attaquée cette équipe depuis plusieurs années est en effet titanesque. Selon David Rice, ce sont les entrées et les sorties de 2,7 millions d’employés répartis sur 40 usines en Chine qui doivent être contrôlées quotidiennement. A titre de comparaison, la Transportation Security Administration (TSA), qui vérifie notamment l’identité des voyageurs dans les aéroports américains, procède à -seulement- 1,8 million de contrôles quotidiens !

8 000 coques d’iPhone cachées dans un soutien-gorge

En effet, l’inventivité des employés des sous-traitants asiatiques est semble-t-il sans limite lorsqu’il s’agit d’exfiltrer des pièces détachées des usines. L’une d’entre elles avait par exemple réussi à sortir au fur et à mesure 8 000 coques, simplement en les cachant dans… son soutien-gorge. D’autres n’hésitent pas à dissimuler des composants entre leurs orteils, à les lancer par-dessus les clôtures ou les jeter dans les toilettes pour les récupérer plus tard dans les égouts.

Avec un salaire moyen de 350 dollars par mois, selon l’ONG China Labor Watch, ces employés sont en effet tentés par l’appât du gain. Des annonces fleurissent souvent dans les dortoirs ou sur les arrêts de bus pour leur offrir des récompenses. Apple avait ainsi connu en 2013 l’une de ses crises les plus importantes. Elle avait racheté sur le marché de Huaqiangbei à Shenzhen un premier lot de 19 000 coques d’iPhone 5c, puis un autre de 11 000, juste avant que les exemplaires de ce modèle ne soient livrés aux clients.

Mais le système de sécurité mis en place depuis par Apple a visiblement porté ses fruits. « En 2014, 387 coques ont été volées, 57 en 2015 et seulement 4 en 2016 » a lancé Rice durant la réunion. Sur 65 millions de coques, c’est une performance peu commune réussie par Apple pour garder le secret sur un tel processus industriel.

Traquer les fuites émanant du siège d’Apple

La priorité est donc désormais de s’attaquer aux informations en provenance des employés directs d’Apple, ceux qui travaillent au siège californien de la société et dans ses autres locaux américains. Ces dernières années, deux d’entre eux ont ainsi été démasqués. Le premier travaillait depuis deux ans sur la boutique en ligne d’Apple. Le second depuis six ans au sein de l’entité iTunes. « Ces enquêtes prennent beaucoup de temps, a expliqué Lee Freedman lors de la réunion. Par exemple, l’une d’entre elles nous a pris trois ans pour découvrir l’identité d’un employé qui faisait fuiter des informations depuis le campus d’Apple ».

Avec ce tour de vis, Apple espère désormais redevenir l’entreprise secrète qu’elle était à l’ère de Steve Jobs. Mais cela serait une réelle performance pour une société qui a depuis complètement changé de dimension. Elle affiche désormais la plus importante capitalisation boursière au monde et emploie 116 000 personnes en direct.

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Jean-Sébastien Zanchi