Passer au contenu

Les données voyagent à la vitesse de la lumière

Les volumes de données échangées explosent ? Les infrastructures doivent donc suivre. Et les performances des technologies optiques, qui interviennent à tous les niveaux, contribuent à accélérer les débits.

Avec des performances en amélioration constante, les fibres optiques sont plus que jamais au service des réseaux. France Telecom en a apporté une nouvelle preuve il y a quelques mois. L’opération Lindbergh, du nom de l’aviateur qui, pour la première fois, relia Paris à New York par les airs, a permis une intervention chirurgicale transatlantique inédite. Grâce à un bras robotisé, un chirurgien basé à New York a enlevé la vésicule biliaire d’une patiente tranquillement endormie à quelque 7 000 kilomètres de là, sur une table d’opération du CHU de Strasbourg.Le temps de latence entre le geste du praticien et le retour d’image sur écran devait être imperceptible. “La barre était fixée à 200 millisecondes, et nous avons réussi à ne pas dépasser un temps moyen de 150 millisecondes”, relate Christophe Rabadan, ingénieur chez France Telecom Recherche & Développement. Un résultat rendu possible par une liaison optique à haut débit (10 mégabits par seconde), “la même que nos clients [entreprises, ndlr] utilisent quotidiennement. Il était important pour nous de réaliser cette opération avec le réseau déjà en place, dont nous avons seulement augmenté les performances”, explique Christophe Rabadan. Et pour pallier d’éventuelles défaillances du réseau principal, des itinéraires alternatifs avaient été prévus.Les entreprises n’ont peut-être pas besoin de ce niveau de fiabilité en terme de latence. Toutefois, la vitesse de transmission, la qualité du signal et la possibilité de rediriger les paquets de données pour éviter les congestions du réseau sont cruciales pour les échanges professionnels. L’optique répond à cette nécessité. Tandis que le bon vieux fil de cuivre transmet les informations sous forme de signal électrique, la fibre optique véhicule les données par rayons lumineux, autrement dit à la vitesse de la lumière. Un avantage majeur lorsque les données voyagent sur de très longues distances, notamment sur les infrastructures internet. Les débits commencent à faire tourner la tête. “Il devient possible d’atteindre 1,6 terabit par seconde sur 2 000 kilomètres, ou le double sur 800 kilomètres”, note Bertrand Clesca, directeur marketing Europe du spécialiste américain des réseaux longue distance Corvis. Des débits qui n’auraient jamais pu être atteints sans le multiplexage optique DWDM, qui a permis de faire passer jusqu’à 160 longueurs d’ondes sur une même fibre, contre deux à l’origine. Et Éric Debiard, responsable produits optiques chez Lucent Technologies, d’insister : parallèlement à l’explosion des capacités, “le prix de la bande passante diminue considérablement, puisque les frais fixes d’installation sont partagés “.Autre facteur d’accélération des débits, l’amélioration régulière des amplificateurs, chargés de corriger un défaut récurrent dans l’optique : la perte du signal. Plus la distance est longue, plus l’intensité du signal lumineux diminue. Plus grave, s’il n’est pas régénéré, il disparaîtrait totalement, et les précieuses informations qu’il véhicule sont perdues. Pour le resynchroniser et l’amplifier, il fallait par le passé que le signal lumineux repasse sous forme électrique, moyennant d’onéreux équipements et un ralentissement du transfert d’informations. Désormais, on sait “utiliser la fibre elle-même pour améliorer la transmission et la portée du signal”, explique Emeric Calbrese, ingénieur chez Cisco. Ainsi, cette dernière peut désormais atteindre 2 000 kilomètres.Pour parvenir enfin à un réseau tout optique, seule résiste encore la commutation des informations. Cette étape est cruciale pour gérer le trafic sur l’ensemble des réseaux existants en aiguillant les signaux en fonction des engorgements ou dysfonctionnements éventuels. “Elle est gérée par des centres de supervision répartis dans le monde entier”, précise Claire Paponeau, de France Telecom Longue Distance. Le groupe en possède quatre, qui travaillent de conserve avec ceux des autres opérateurs. Le 11 septembre, la destruction d’un commutateur avec le World Trade Center a ainsi pu être palliée par la redirection des flux non essentiels.

La levée du dernier bouchon

Or, en matière de commutateurs, la technologie dominante reste encore l’électronique. Mais dans ce domaine, les recherches avancent à grand pas. “D’autant plus que pour les c?”urs de réseaux [les carrefours du trafic des données, ndlr], où le besoin de capacité est très important, il devient primordial de rester en flux optique”, insiste Éric Debiard. Si le responsable produits optiques de Lucent ne cache pas son intérêt pour les micromiroirs, mus par des micromachines, Corvis ou Cisco sont plus circonspects en la matière. Les systèmes tout optique installés par le premier n’utilisent pas ces technologies. Et le second étudie de près les micromachines, mais attend encore pour se lancer.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Agathe Remoué