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Loi sur le renseignement : les députés ont adopté les articles qui fâchent

Les députés ont adopté les premiers articles du projet de loi sur le renseignement. Protestations, inquiétudes et manifestations n’ont pas changé la donne.

Manifestation et protestations n’y auront rien changé. Comme on s’y attendait, l’Assemblée nationale a adopté dans la soirée du 15 avril 2015 les mesures sur la surveillance des données Internet du projet de loi sur le renseignement, en y intégrant un amendement du gouvernement visant à apaiser les inquiétudes des hébergeurs de ces données.

L’article 2 du projet de loi discuté en première lecture par les députés, impose aux opérateurs télécoms, aux hébergeurs et aux grandes plates-formes Internet un dispositif d’analyse automatique des données (un algorithme) destiné à « révéler une menace terroriste », que ses opposants ont qualifié de « boîte noire ».

Il a été adopté par 25 voix pour (19 socialistes, 3 UMP, 1 UDI et 2 écologistes) contre 5 (2 écologistes, 1 communiste et 2 UMP). Des socialistes comme Christian Paul et Aurélie Filippetti, qui avaient exprimé lors du débat des réserves ou critiques sur le dispositif n’ont pas participé au vote.

Les hébergeurs, qui menaçaient de délocaliser leurs activités, souhaitaient notamment « que l’on puisse garantir qu’il n’y aura pas d’intrusion massive dans les contenus », a indiqué le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve après une rencontre entre leurs représentants et le gouvernement dans la matinée. L’amendement présenté par le ministre et adopté par les députés permet aux opérateurs de distinguer eux-mêmes « les métadonnées et les contenus ».

Un autre amendement gouvernemental, qui devrait être débattu jeudi, prévoit que les dispositions sur l’algorithme s’appliqueront jusqu’au 31 décembre 2018, afin de permettre alors une évaluation du dispositif.

Les députés ont aussi adopté, à main levée, l’article 3, qui prévoit les conditions de recours à des appareils permettant la localisation, la sonorisation de lieux et de véhicules, ainsi que la captation d’images et de données informatiques.

Un débat tendu

Au cours d’un long débat souvent très tendu, les garanties données par le gouvernement n’ont pas convaincu les opposants à l’utilisation de l’algorithme. Sur le plan des libertés, la simple collecte des métadonnées, ont souligné plusieurs députés, est aussi intrusive que l’accès aux contenus. « Si j’avais ces données, j’en connaîtrais plus sur vos vies privées qu’en cinq ans à vos cotés », a lancé à ses collègues l’écologiste Sergio Coronado.

Des arguments rejetés par les UMP Eric Ciotti et Guillaume Larrivé, en accord sur ce point avec le gouvernement. « Ce ne sont pas ces techniques qui vont menacer les libertés, mais les terroristes », s’est écrié le premier.

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a expliqué qu’il « ne s’agissait pas de surveillance de masse mais d’un ciblage, non sur des individus, mais sur des modes de communication caractéristiques des actions terroristes ». Il a pris l’exemple des méthodes cryptées utilisées par l’organisation Etat islamique pour diffuser des vidéos de décapitation.

A la députée UMP Laure de la Raudière qui lui demandait s’il serait recouru à la technique intrusive d’aspiration des données dite DPA (Deep packet inspection), Bernard Cazeneuve a répété, comme il l’avait fait en 2014 lors de l’adoption de la loi sur le terrorisme, que « nous n’utiliserons en aucun cas cette technique ».

A lire aussi :
Manifestation contre la loi sur le renseignement, nous y étions, paru le 13/4/2015

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01net, avec AFP