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Les courants porteurs font à nouveau parler d’eux, à Pékin

Du 27 mai au 3 juin, la Chine accueillait le septième de symposium Réseaux Data & Télécoms. La transmission de données sur les courants porteurs est revenue sur le devant de la scène.

Organisé par Quante Pouyet et Acôme dans la capitale chinoise, le septième symposium Réseaux Data & Télécoms a rassemblé plus de trois cents professionnels du câblage. Connue pour être le meilleur séminaire européen sur le câblage, cette manifestation aura été le théâtre de l’annonce officielle du rachat de l’allemand Quante Pouyet par l’américain 3M. Ce dernier devient, par le biais de cette acquisition, un poids lourd du secteur avec plus de 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires sur ce segment de marché. Le symposium aura également été marqué par la confirmation de la vente prochaine par Alcatel de sa division Câble. Daniel Prudhon, responsable de cette division expliquait cette évolution par les différences essentielles qui existent entre la fabrication d’appareils actifs, comme les commutateurs téléphoniques, et la production de câbles, qui implique un environnement d’industrie lourde : ‘ La logique et les processus industriels ne sont pas les mêmes, les enjeux sont différents, les investissements sont radicalement différents. ‘

EDF s’était déplacé en toute discrétion

Les débats et les conférences animés par des intervenants issus de la presse spécialisée et les organisations professionnelles telles que l’Addi (Association pour le développement de la domotique et de l’immotique), la FFEE (Fédération française de l’équipement électrique) et la Ficome (Fédération interprofessionnelle de la communication d’entreprise) ont donné le la. La fibre optique jusqu’au poste de travail, les différences entre composants et systèmes pour définir un bon câblage ainsi que les réseaux domestiques ont été au centre des débats. Cependant, l’une des conférences les plus intéressantes a certainement été celle consacrée aux transmissions de données sur les réseaux d’énergie. La présence, même discrète, d’EDF, désormais lui aussi aux prises avec la dérégulation européenne de l’énergie, a conforté les conférenciers dans leur opinion qu’une révolution est imminente dans ce domaine. La logique voudrait que la maîtrise du transport des informations sur des courants de très basse tension conduise tôt ou tard à celle des communications sur des courants de plus forte tension. Pour le responsable de la conférence, Guy Poullain, président de la FFEE, le premier marché se situe autour des faible et moyenne tensions (entre 220 et 20 000 V) pour la transmission de données à hauts débits.

Les électriciens allemands ont une petite avance

Les expériences de transmissions sur lignes à haute tension (entre 63 et 400 kV) annoncées outre-Rhin par Siemens et EnBW pour la fin de cette année restent des inconnues. Didier Playe, rédacteur en chef du Journal de l’équipement électrique, précisait à ce sujet que ‘ les producteurs-distributeurs d’électricité allemands (EnBW, dans lequel EDF a récemment pris une participation de 25,01 %, RWE et Preussen Elektra) ont présenté leur offre PLC (Power line communication) à l’occasion du salon du CeBIT, en mars dernier. ‘ Leurs systèmes fonctionnent à une vitesse supérieure à 64 kbit/s sur les lignes à haute tension, le matériel qui sera à la base d’une de ces futures offres est le Digital PLC System ESB 2000i, de Siemens. Le constructeur avait aussi profité de la foire d’Hanovre pour présenter un produit adapté à la transmission de données à bas débits sur les lignes à moyenne et basse tensions. Appelé DCS 3000, cet appareil permet des liaisons de 4,8 à 28,8 kbit/s pour une bande passante de 4 à 24 kHz suivant la vitesse de transmission.

Nor.Web, premier échec en grandeur nature

Mais, pour tous les intervenants, l’expérience à grande échelle menée par Nortel Networks et la compagnie britannique d’électricité United Utilities sous le nom de Nor.Web, restait la référence. Bien que ce projet, lancé dans la région de Manchester, au Royaume-Uni, se soit conclu par un semi-échec, il préfigure de nouvelles tentatives (lire 01 Réseaux, n?’ 72, p. 34). A travers Nor.Web, il s’agissait de prouver la viabilité de l’utilisation des réseaux électriques pour le transport de données, plus particulièrement l’accès à Internet, à raison de 1 Mbit/s.
A la fin de l’année dernière, le tandem annonçait cependant qu’il renonçait à commercialiser son procédé. ‘ La rentabilité était insuffisante, et le développement commercial trop aléatoire ‘, expliquaient alors ses responsables. De plus, un conflit opposant les militaires à Nor.Web sur les fréquences utilisées avait fini par paralyser les recherches.
Parmi les autres indices qui laissent augurer d’un prochain essor de telles technologies, on a également noté la commercialisation effective de nouveaux produits. Ainsi, au Royaume-Uni, Thomson Multimedia propose une offre qui dispense de la pose de prises de téléphone supplémentaires à l’intérieur d’un appartement ou d’une maison. L’UK Wireless Phone Jack se compose d’une unité de base reliée à la fois à une prise électrique et au réseau téléphonique. Les boîtiers d’extension se connectent à toute prise du réseau électrique de l’habitation et permettent l’utilisation d’un modem V.34 (soit un débit de 19,6 kbit/s). Dans une gamme de débits plus élevés, une quinzaine d’opérateurs ?”uvrant dans le domaine des télécommunications par courants porteurs ont marqué les esprits. Alcatel avait déjà annoncé, lors du CeBIT 2000, sa solution PDSL (Power line communication digital subscriber line) adaptée aux réseaux à moyenne tension (20 kV).
Présentée d’abord en tant que produit permettant le transport d’informations de mesure et de contrôle en temps réel, Alcatel en vante, en plus, la capacité à offrir un débit à 2 Mbit/s. D’autres sources font état de la possibilité d’utiliser PDSL sur les réseaux à basse tension, avec une capacité portée dans ce cas à 20 Mbit/s. Ascom, de son côté, a annoncé, le 23 mars dernier, avoir signé des accords de coopération avec quatorze partenaires autour de sa solution PLC, qui avait été présentée au CeBIT 1999. En France, les deux partenaires de poids d’Ascom sont EDF et France Télécom. En outre, les principaux opérateurs d’électricité historiques européens sont présents dans cette liste : RWE, pour l’Allemagne ; Enel, pour l’Italie ; et Endesa, pour l’Espagne.

EDF et France Télécom, partenaires d’Ascom

Parmi l’offre de solutions pour l’exploitation, les différents orateurs ont cité celle de l’allemand Oneline AG, qui propose son Oneline Box s’installant à côté du compteur d’électricité. L’extension du réseau téléphonique s’effectue via le Oneline Box. Elle pourra aussi se faire sur le réseau électrique du local via des Oneline House Modem, ce qui permettrait de constituer un réseau Ethernet à 10 Mbit/s. L’américain Enikia, pour sa part, établit sa communication sur un concept simple : tout ce qui utilise l’énergie électrique peut être connecté sur Internet. Son produit fonctionnerait à 10 Mbit/s, et supporterait jusqu’à 256 appareils.

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Thierry Outrebon