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Les ” .com ” en difficulté découvrent les vertus des ” .org “

Les sites associatifs n’attirent ni les business angels ni les investisseurs pressés. Ces pages web n’en ont pas moins leurs propres ressources, grâce aux subventions et aux bénévoles.

Le docteur Marisa Weiss, créatrice d’Ibreast.com, un site d’informations américain sur le cancer du sein était à court d’argent. Elle ne voyait vraiment pas comment arrondir ses rentrées publicitaires : certes, elle acceptait les réclames des grands laboratoires, mais refusait fermement de leur donner un droit de regard sur le contenu du site. Et il n’était pas question de vendre les informations privées, confiées par les visiteuses du site. La générosité des éventuels sponsors s’en ressentait.Coincée, à bout de souffle… Marisa Weiss a alors eu l’idée de transformer son site en une place virtuelle associative à but non lucratif (www.breastcancer.org), qui n’a presque plus de souci d’argent.“L’univers associatif, dit-elle, me permet de recevoir des subventions de fondations, des dons de riches particuliers et même des aides des laboratoires en termes pédagogiques. ” En plus, la quête infernale pour lever de nouveaux capitaux n’est plus d’actualité. Et le docteur Marisa Weiss respire.

Des modèles de stabilité

Les ” .org “, moqués par les fondateurs de ” .com “, car on les disait incapables de trouver de l’argent et d’introduire leur société en Bourse retrouvent aujourd’hui quelque lustre.Après tout, ce sont des modèles de stabilité. Ils attirent des tas de bénévoles non rémunérés ?” Breastcancer.org affiche une banque de données de 50 experts dans le monde ?” et leur potentiel pour lever des fonds n’est pas si négligeable pour peu que les riches fondations soient séduites.Dans le même ordre d’idées, le site politique Ntercept.com a crée une filiale Speakout.org et Enature.com s’est réfugié sous la protection de la National Wildlife Federation (NWF). Pourtant les fondateurs d’ Enature.com croyaient avoir trouvé la poule aux ?”ufs d’or. Forts de leurs réserves de 6 000 photos et 40 000 pages web sur la faune et la flore, ils espéraient rapidement sortir des bénéfices. Leur produit d’appel : la nature, au bout d’un clic.En tapant leur code postal, les visiteurs américains pouvaient sans délai découvrir les oiseaux vivant dans ce milieu naturel. Mais quand l’an dernier Enature a voulu compléter son second tour de financement de 5 millions de dollars (5,63 millions d’euros), les investisseurs ont fait la moue.Et les créateurs de la start-up ont accueilli avec soulagement le sauvetage proposé par NWF.org, le site de la National Wildlife Federation. L’association (4,5 millions de membres) a pu offrir quelque 4 millions de dollars en liquide à Enature.com, en échange de son savoir-faire sur la toile. À Enature.com de donner plus de nerf au site NWF.org. Les amis de la nature internautes peuvent ainsi désormais envoyer une carte postale virtuelle et écolo à leurs proches. Ou bien écouter plus de cinq cents cris d’oiseaux sur la toile.

Des divisions marketing

Ce rapprochement des univers ” .com ” et ” .org ” n’est pas sans conséquence. Ainsi, les responsables de la National Wildlife Federation ont créé une division du marketing croisé pour utiliser au mieux les deux entités.Et le docteur Marisa Weiss et ses huit consultants disent avoir gardé quelque influence du passage chez les ” .com “.

“Nous travaillons toujours autant, explique Marisa Weiss. Nos bureaux sont accessibles vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et nous surveillons avec l’attention d’une “.com” le retour sur investissement de nos affaires.”À tout moment, les responsables de Breastcancer.org savent qui les visite, combien de temps ces internautes restent, et quelle partie du site ils préfèrent…Bref, un sens du marketing pas toujours inné dans les organismes à but non lucratif. “Nous devons rendre des comptes, assure le docteur Marisa Weiss. Nous ne nous contentons pas de ramasser les subventions, sans jamais vérifier l’impact de notre activité.” Les ” .org ” nouvelle manière ne veulent pas totalement ressembler à leurs ancêtres associatifs.

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Caroline Talbot à New York