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Les bots de surveillance des flux streamés tirent et causent ensuite

Pour lutter contre les sites de streaming illégaux, les sociétés spécialisées utilisent des bots qui arpentent le Net et détectent, puis interrompent les flux vidéo. Avec parfois des ratés…

Bot tragique à Chicago, un mort… » On pourrait commencer ainsi avec une référence à une grande Une de la presse, mais dans la guerre qui oppose les ayants droit aux « pirates », le combat a pris depuis quelques temps une nouvelle forme, celle légèrement inquiétante d’un bon petit soldat (benêt) sorti des chaînes de production de Skynet, foulant au pied un monde ravagé.

Pour être plus précis, les majors et leurs représentants ont de plus en plus souvent tendance à laisser les clés de la lutte contre le piratage à des bots. Or, c’est connu, si le bot est rapide et studieux, il ne brille pas toujours par son intelligence.

Ca va trancher

Ainsi, des bots chargés de surveiller l’utilisation d’outils de diffusion de contenus en continu pèchent-ils de plus en plus régulièrement par excès de zèle. La retransmission de la cérémonie des Hugo Awards, célébrissimes prix de la science-fiction, sur UStream en direct de Chicago, a ainsi été interrompue après la diffusion des bandes-annonces de Doctor Who et Community, qui concouraient dans une des catégories.

Pourquoi ? A cause d’un problème technique ? Non. A cause d’un bot de la société Vobile, qui avait simplement bien fait son travail, comme l’indiquait la société UStream sur son blog. Détectant des séquences vidéo présentes dans sa base de données et soumises à droits d’auteur, il avait bloqué le flux, privant des milliers de passionnés de leur plaisir…


Page d’accueil des Hugo Awards.

Tirer, causer ensuite

Car si le DMCA est normalement la loi qui s’applique pour la protection des contenus numériques, les outils de type bot vont au plus rapide et court-circuitent l’étape au cours de laquelle un humain dépose une plainte pour obtenir le retrait d’un contenu.

UStream a depuis présenté ses excuses et a promis « d’assurer une utilisation respectueuse des droits d’auteur comme le veut la loi », mais comme le faisait remarquer l’Electronic Frontier Foundation (EFF), difficile d’atteindre un tel objectif avec un bot. La loi DMCA remet le pouvoir de décision entre les mains d’une personne chargée de déterminer s’il y a violation de copyright. Et, comme le souligne l’EFF, « aucun être humain doué de raison, en voyant le flux des Hugo Awards et en voyant les bandes-annonces des séries nominées, n’aurait pensé à le couper ».

Pour boucler la boucle et en revenir à la science-fiction, un cyborg de Skynet aurait-il su faire la part des choses ou aurait-il demandé à appeler Sarah Connor avant de faire un 50/50 et de tout couper ? Seuls Philip K. Dick, Asimov et les autres dieux de la SF le savent…

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Pierre Fontaine