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Les blogueurs entrent au gouvernement

De François Fillon à Alain Juppé en passant par Martin Hirsch ou Valérie Pécresse, ils sont une petite dizaine à associer gestion d’un blog et portefeuille ministériel.

C’est l’écume de la web-campagne présidentielle. Si le nouveau locataire de l’Elysée ne s’est jamais vraiment passionné pour les bits et les octets, son Premier ministre, François Fillon, affiche une respectable carrière de blogueur.
Les ministres, secrétaires d’Etat et hauts-commissaires ne sont pas en reste.Ce premier gouvernement de l’ère Sarkozy compte en effet une (petite) dizaine de blogueurs patentés ou qui se déclarent comme tels (1). Mais il y a assurément blogueur et blogueur. Le tout nouveau ministre d’Etat de l’Ecologie, du
Développement et de l’Aménagement durable,
Alain Juppé, continue ainsi de poster sur son blog commencé à l’époque de son exil forcé au Québec. Sa dernière contribution datée du 16 mai, titrée ‘ Au revoir, Monsieur le
Président ‘, est une lettre d’adieu à Jacques Chirac. Mais, explique Nicolas Voisin, créateur du
Politic Show, l’un des sites phares de la campagne présidentielle sur le Net, ‘ l’essentiel, ce n’est pas d’avoir un blog, c’est ce que l’on en fait. La plupart
des responsables politiques ne saisissent pas la valeur ajoutée du blog et n’y voient qu’un énième outil de communication ‘.

Une certaine forme de sincérité politique

La tenue d’un blog peut-elle résister à un emploi du temps de ministre ? Rien n’est moins sûr ! Conscient de ses nouvelles responsabilités,
Xavier Darcos a décidé d’arrêter le sien.
‘ Ce blog était une manière d’accompagner la campagne et de mettre un peu d’humeur (voire d’humour) dans cette
période ‘,
commente le ministre de l’Education.Une décision regrettable, mais qui traduit également une certaine forme de sincérité dans l’expression politique. Celle qui consiste pour un responsable public à converser en direct avec les internautes et non pas à déléguer cette
mission à l’un de ses collaborateurs qui postera en son nom. Car si certains blogs survivent à l’épreuve gouvernementale, ils le devront surtout à l’agence Web à laquelle aura été confiée l’animation du site. D’autres blogs traduisent le désarroi
politique (temporaire) de leur créateur, apparemment en rupture de ban avec les internautes.

Des blogs entre ‘ le grand nulle part ‘ et ‘ la grande muette ‘

Les blogs (on ne peut plus virtuels) du nouveau ministre de la Défense,
Hervé Morin, et du secrétaire d’Etat à la Prospective et à l’Evaluation des politiques publiques,
Eric Besson, incarnent à merveille cette stratégie politique du ‘ grand nulle part ‘. Car s’il existe bel et bien des adresses dédiées pour ces blogs, aucun post n’y est
publié.Pour sa part, le Premier ministre, François Fillon, a ouvert son blog
(La France peut supporter la vérité) en janvier 2006. Aura-t-il le temps de poursuivre ce carnet politique en ligne ? Le chef du gouvernement apporte aujourd’hui un début de réponse sur
son blog. ‘ Je ne suis pas sûr d’en avoir le temps et je ne veux pas sous-traiter à des collaborateurs un exercice qui n’a d’intérêt que s’il est personnel, explique-t-il. Je voudrais pourtant garder ce
lien précieux noué depuis plus d’un an avec quelques milliers de Français qui viennent régulièrement exprimer leurs désirs, leurs attentes et leurs opinions ou plus simplement lire mes contributions. En attendant que ma réflexion débouche sur une
décision, je vais essayer de poursuivre cette expérience en publiant mes principales interventions publiques qui pourront servir de support au débat… ‘
A défaut de blog, peut-être François Fillon pourra-t-il s’inspirer de son homologue britannique,
Tony Blair, qui est passé maître dans la communication gouvernementale décalée.Car, pour le citoyen, c’est tout l’enjeu et le bénéfice à retirer de cette entrée soudaine de blogueurs au gouvernement. Avoir la sensation, grâce aux posts de tel ou tel, d’être en prise directe et quotidienne avec la machine du
pouvoir. Et dans ce domaine, pour l’instant, la blogosphère gouvernementale ressemblerait plutôt à la ‘ grande muette ‘.A l’exception notable de Martin Hirsch, le haut-commissaire aux Solidarités actives contre les pauvretés. Sur son blog, qu’il tient sur le site du Nouvel Observateur, le président d’Emmaüs France explique le
‘ pourquoi ‘ de sa récente nomination. ‘ C’est tout l’intérêt du blog, commente Nicolas Voisin, répondre de manière quasi instantanée à un véritable impératif de
communication. ‘
(1) François Fillon, Alain Juppé,
Valérie Pécresse,
Xavier Darcos, Hervé Morin, Martin Hirsch, Eric Besson,
Christine Boutin,
Eric Woerth.

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Philippe Crouzillacq