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Les blogs des soldats américains sous surveillance

Pour des raisons dites de ‘ sécurité ‘, les militaires stationnés en Irak et en Afghanistan ne peuvent plus publier de blog sans l’accord de leur hiérarchie.

Stationnés à Falloujah et à Bagdad, en Irak ; en Afghanistan ; ou récemment rentrés d’opérations, ils sont plus de 1 200 soldats américains à rendre compte de leur vie sur un
‘ milblog ‘ (pour blog militaire), avant tout destiné à leurs familles. Certains d’entre eux, aujourd’hui, se voient pourtant contraints de renoncer à cet outil de communication bien pratique (1).En effet, ces sites personnels font désormais l’objet de l’attention d’une unité de la Garde nationale, spécialement affectée à leur contrôle, dans le but de constater d’éventuelles violations de la
‘ sécurité des opérations ‘,
comme le précise une note datée du 6 août :
‘ Effectif immédiatement : aucune information ne pourra être divulguée sur
des sites accessibles au public à moins d’avoir été contrôlée pour des raisons de sécurité et certifiée conforme au mémorandum sur les lois applicables aux sites Internet décidées par le Secrétaire d’Etat ‘.
Est mise en cause la publication de documents officiels, ou de toute information, qui permettrait d’identifier les ressources défensives et offensives de l’armée américaine. ‘ J’observe
également de nombreux renseignements personnels, des photos, des noms, des dates d’anniversaire,
explique le sergent Yaphet Benton, chargé de la surveillance des blogs. Des terroristes et des usurpateurs d’identité
peuvent utiliser ces informations. ‘

‘ L’armée n’a pas compris l’impact des blogs ‘

Certains milbloggers ont rapidement réagi à cette forme de censure, en fermant leur site. ‘ Aujourd’hui, nous avons eu un briefing sur ce qui est permis ou non dans les blogs de
l’armée. Cela me semble très subjectif, et pour ne pas enfreindre les ordres de l’armée ou de mon supérieur, ceci est mon dernier message ‘,
écrivait fin octobre le lieutenant colonel David Younce
sur son blog ‘ Dave’s Doldrums ‘. Sur ‘ Tanker Brothers ‘, on peut lire : ‘ Le ministère de la Défense
met un frein aux milblogs, et je ne pourrai pas continuer à bloguer tout en respectant les règles de l’armée s’appliquant aux sites personnels. ‘
Dans son livre The Blog of War, Matthew Currier Burden, militaire et
auteur du blog ‘ Blackfive ‘, utilise l’image de la boîte de Pandore pour évoquer l’essor des milblogs. Il explique,
dans une interview donnée début novembre sur le site de la revue Columbia Journalism Review :
‘ Au
début de l’offensive en Irak, l’armée a proposé de se servir d’Internet comme soutien moral pour les soldats et leurs familles. Je ne pense pas que l’armée, qui se noie dans une mer de paperasses et met des décennies à
évoluer, a compris l’impact que cela pouvait avoir. ‘
Outre l’aspect personnel, les milblogs représentent également une source directe d’informations sur les opérations en Irak ou en Afghanistan pour les médias, qui sont moins présents sur le théâtre des opérations.
D’après le magazine Editor and Publisher,
600 journalistes étaient enrôlés dans l’armée en Irak en mars 2003. Ils ne seraient plus qu’une douzaine à
présent.


(1) Les milblogs sont recensés sur
Milblogging.com.

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De notre correspondant à San Francisco