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Les blessures profondes d’Altran

Engluée dans des procédures juridiques, la société de conseil vient de publier ses résultats 2002, revus et corrigés, dévoilant une situation financière précaire.

Démissions de dirigeants, irrégularités comptables, actions en Justice, le fournisseur de conseil en technologie Altran vit actuellement une
période difficile. Mais si des événements exceptionnels l’ont affaiblie, la présentation de ses résultats financiers dévoile aussi une société en mauvaise santé.Ainsi, quand le chiffre d’affaires 2002 augmente de près de 10 %, à 1,37 milliard d’euros, les pertes s’élèvent à 109 millions d’euros, contre un bénéfice de 121 millions en 2001. Pour les justifier, la nouvelle
direction d’Altran avance deux explications. D’abord, des corrections d’erreur portant sur 32,7 millions, dont 26,7 millions de chiffre d’affaires ‘ annulés ‘. Ensuite, des acquisitions dont la valeur a nettement
baissé, entraînant un amortissement de 96,7 millions d’euros.

Une importante augmentation des charges

Pas suffisant toutefois pour justifier ces comptes bien faibles. En incluant les amortissements périodiques et sans tenir compte des éléments exceptionnels, les comptes 2002 d’Altran tombent légèrement dans le rouge, de
200 000 euros. Les charges se sont en effet multipliées tout au long de l’année.Dépréciations de comptes clients et provisions pour risques se sont ainsi élevées à 26,5 millions d’euros. Plus spectaculaire, les charges salariales ont augmenté en 2002 de 24 %, à 957 millions, alors que les effectifs
progressaient plus modestement de 8 %, à 17 900 employés. Résultat, la direction d’Altran a décidé d’inverser la tendance. Entre juin 2002 et mars 2003, 500 postes ont disparu de la société, un chiffre qui devrait s’amplifier
dans les mois à venir.Chez Altran, on appelle cela ‘ Garder l’évolution de l’équipe sous contrôle. ‘ Compagnie aux 180 filiales, la nébuleuse Altran souffre de son éparpillement. Pour éviter de nouveaux
abus, ses dirigeants tentent donc d’en regrouper les différentes pièces. Jusqu’aux liquidités. L’objectif numéro un pour l’année 2003 est en effet de ‘ centraliser le cash disponible dans le groupe ‘
avec, pour finalité, de ‘ générer une capacité d’autofinancement positive d’ici à fin 2003 ‘.C’est qu’Altran a besoin d’argent. De fin 2001 à fin 2002, sa dette a explosé de 60 %, passant de 271 millions à 435 millions d’euros, tandis que le cash tombait de 321 à 218 millions. Une
situation suffisamment préoccupante pour que la société se sente obligée d’affirmer, noir sur blanc, ‘ faire face sereinement à l’échéance de remboursement de lobligation convertible au 1er janvier
2005 ‘
. Signe que la question de ce remboursement se pose.

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Ludovic Nachury