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“Les banques françaises devront revoir leurs réseaux d’agences”

Le président de Dexia maintient sa filiale internet et envisage son extension européenne. Il justifie aussi sa participation dans son concurrent Zebank.

Principal banquier des collectivités locales, mais aussi banque privée, Dexia a revu à la baisse sa stratégie internet. Mais Pierre Richard, son président, affirme qu’il ne fermera pas le site Dexiaplus.fr : il croit au développement de la banque en ligne en Europe.En quoi pensez-vous qu’internet est susceptible de modifier les relations entre clients et banquiers ? Internet aura un impact très important sur les banques, car elles distribuent des produits immatériels. Contrairement à l’e-commerce, il n’y a pas de besoin de logistique. À moyen terme, les gens feront la majorité de leurs opérations bancaires courantes en ligne. À moyen terme, il est très probable que la banque en ligne représentera au moins 25 % du marché global européen. Les banques françaises doivent l’anticiper et alléger leurs coûts de fonctionnement pour rester compétitives et réduire leur coefficient d’exploitation (*). Pour cela, elles devront revoir leurs réseaux d’agences.Des bruits courent sur la fermeture de votre filiale internet Dexiaplus.fr ouverte depuis quelques mois ? Nous n’avons pas du tout l’intention de fermer Dexiaplus.fr. L’an dernier, il y a eu un véritable engouement pour internet. Nous avons nous-mêmes été entraînés par ce mouvement d’euphorie collective. Mais, du fait de notre taille plus modeste et de notre positionnement, nous n’avons pas annoncé des budgets de dépenses faramineux. Dexiaplus.fr a représenté un investissement de l’ordre de 10 millions d’euros [65,6 millions de francs, ndlr].Dexiaplus.fr voulait tout de même attirer des clients, et vous aviez aussi l’intention de l’exporter…Tout à fait. Mais nous avons eu le courage de repenser le concept de banque patrimoniale. Nous considérons aujourd’hui Dexiaplus.fr comme un canal de distribution de notre filiale Dexia Banque Privée. Le site a aussi l’objectif de séduire de nouveaux clients. Jusqu’à présent, elle a attiré 4 000 prospects. Je vous rappelle que Dexia Banque Privée vise les ménages ayant un patrimoine financier d’au moins 30 000 euros ?” soit entre deux et trois millions de ménages en France. Dans cette clientèle, nous visons une part de marché de 4 % d’ici à 2004.Persistez-vous à exporter cette banque internet ? Oui. Nous ouvrirons Dexiaplus.fr à l’étranger : probablement au Luxembourg à la rentrée, puis en Espagne et en Allemagne en 2002.Vous avez racheté l’an passé la banque Labouchère aux Pays-Bas, qui a développé un site de courtage en ligne baptisé Alex. Connaissant les difficultés de ses homologues français, comment se porte-t-il ? Alex se développe à un bon rythme. En moins de trois ans, il est devenu le premier courtier en ligne aux Pays-Bas, devançant les services d’ING et d’ABN Amro. L’an dernier, il a dégagé un bénéfice net de 10 millions d’euros. Au premier trimestre, il comptait plus de 42 000 clients et 500 000 ordres ont été passés. L’objectif de 2 millions d’ordres devrait être réalisé sans problème cette année. Cette santé s’explique par le fait que les Néerlandais ont une vraie culture des marchés par rapport aux autres pays européens, ils continuent à faire beaucoup de transactions, même quand les marchés sont déprimés.Dans ce contexte, comptez-vous exporter Alex dans d’autres pays européens ? D’ici à la fin de l’année, nous espérons installer Alex en Belgique et, début 2002, en Espagne. En revanche, nous ne l’implanterons pas en France, car le marché est trop compétitif.Vous avez pris une participation de 20 % dans Zebank, le projet d’e-banking mené par le groupe de Bernard Arnault. Regrettez-vous cet investissement alors que la concurrence entre les banques internet se fait de plus en plus vive ? Pas du tout, même si le lancement de Zebank a été retardé. Cela nous permet de suivre in situ le développement d’une banque commerciale classique offrant toutes les prestations bancaires par internet. Il nous faut être patient. L’équilibre est attendu d’ici à 2004.Où en est le portail à destination des collectivités locales que vous avez lancé à la fin de l’année en partenariat avec Vivendi ? Je peux vous annoncer le lancement en juin de Localmundi, site internet centré sur la fonction achat dans les collectivités locales, développé avec le groupe Moniteur. Ce site n’est pas, pour l’instant, une place de marché B to B stricto sensu. En effet, contrairement à ce qui était communément admis l’an dernier, le développement des places de marché sera très progressif. Il est donc important d’accompagner ce développement en apportant aux collectivités locales des prestations utiles, mais sans engager pour l’instant des dépenses importantes. On peut se demander s’il n’est pas plus raisonnable de soutenir le développement de ce marché en mettant en commun les efforts des uns et des autres. Dans ce cadre, nous venons d’entamer avec France Telecom et Vivendi une réflexion sur l’opportunité de regrouper nos initiatives, pour créer à terme une place de marché électronique à destination de ce marché des acteurs publics, en France et dans les autres pays européens.
(*) Rapport entre les frais généraux et le chiffre d’affaires, le coefficient d’exploitation est l’un des critères les plus importants pour mesurer la rentabilité une banque.

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Nathalie Brafman