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Les allocations familiales, un gros système sur le web

Souhaitant développer son offre internet et permettre ainsi à ses allocataires d’accéder à leurs dossiers via le Net, la Caisse d’allocations familiales opte pour une plate-forme gros système. Cible privilégiée : les étudiants.

Après un premier succès sur Minitel (le 3615CAF enregistre près de 450 000 connexions mensuelles), la Caisse d’allocations familiales devait faire bonne figure sur le web tout en préservant une informatique à base de gros systèmes. Avec de nombreux projets aboutis ou encore en gestation, le site de la CAF devrait mettre fin aux scènes kafkaïennes vues et vécues aux guichets des ” alloc “.Avec 10 millions d’allocataires, 8 caisses régionales et 125 caisses lo-cales, la CAF représente une grosse machine. Aux commandes de son système informatique se trouve le Certiam (Centre de traitement de l’informatique des allocations familiales), situé à Sophia-Antipolis et dirigé par Pierre Bourgeot. Face à la croissance d’internet, la CAF a choisi de développer une politique nationale gérée par ce centre unique.Le site actuellement en ligne fournit des informations génériques sur les différentes prestations et propose le téléchargement de formulaires au format PDF. Parallèlement, et afin d’éviter la multiplication anarchique des sites des différentes caisses, le Certiam propose une prestation d’hébergement aux 125 caisses qui souhaitent informer les internautes sur leurs initiatives spécifiques. Grenoble, Le Havre ou Montpellier ont déjà franchi le pas.

Tirer parti des acquis du 3615

“Le site correspond pratiquement à l’offre du 3615. Les simulations de calcul de prestations ne sont pas encore en ligne, mais seront opérationnelles prochainement”, explique Pierre Bourgeot.Un premier test a été mené durant la rentrée universitaire 1998. “Nous avons travaillé sur la tranche de la population qui, parmi nos allocataires, était la plus en contact avec internet, à savoir les étudiants”, se souvient Pierre Bourgeot. Le dispositif législatif prévoit en effet une prestation logement dénommée ” allocation étudiante “. Ce premier test, très confidentiel, a été réalisé auprès de la CAF de Montpellier. En 1999, l’opération a été affinée et relancée sur huit CAF réparties dans les huit centres régionaux, puis étendue à l’Hexagone en 2000. Aujourd’hui, les étudiants peuvent saisir les informations les concernant dans un questionnaire interactif qui s’enrichit au fil des réponses. Une fois la déclaration faite, l’utilisateur obtient un numéro de compostage puis les données sont transmises à la caisse locale dont il relève. Lorsque l’étudiant envoie les pièces justificatives nécessaires, l’employé de la caisse a directement accès, depuis son poste de travail, aux informations saisies en ligne, grâce au numéro de compostage. Un employé n’a alors qu’à vérifier la conformité des données saisies avec les documents fournis pour passer le dossier en liquidation.Cette année, depuis l’ouverture du service en août, 43 000 accès à l’aide étudiante ont été comptabilisés et quelque 15 000 dossiers sont arrivés en liquidation. Parallèlement, 35 000 formulaires ont été téléchargés. Autant de déplacements dans les CAF ou de courriers évités…

HTTP sur OS/390 : le choix s’impose

Pour gérer ce flot d’informations, le Centre de traitement de l’informatique des allocations familiales s’est appuyé sur une plate-forme gros système. Un choix original qui s’explique surtout par l’épopée Minitel du Certiam. “Techniquement, nous étions dans la logique 3615, explique Pierre Bourgeot. Nous avions un dispositif développé sur des gros systèmes par IBM et Télésystèmes qui permettait de faire du 3615 sur une machine centrale. Lorsque IBM s’est retiré de ce marché, nous avons opté pour une plate-forme Unix. Début 1998, époque où nous avons choisi d’aller sur internet, nous nous sommes fait la main avec des serveurs de base NT.”

Un basculement sans souci

L’ouverture du site est réalisée sous Windows NT, mais anticipant une nette évolution, le Certiam pense mettre en place une autre plate-forme d’accueil. Face à la possibilité de monter une nouvelle solution Unix, IBM propose au Certiam son offre WebSphere. “Plutôt que de construire une nouvelle plate-forme, nous souhaitions tout mettre sur une machine centrale. Le projet a démarré en mai 1999. Nous avions négocié avec IBM afin qu’il y ait une totale compatibilité avec l’existant. Il fallait que tout ce qui fonctionnait sur Windows NT soit aussi efficace sur OS/390. Nous voulions également que l’environnement ne soit pas d’une complexité excessive pour pouvoir utiliser nos compétences internes. Enfin, les conditions économiques devaient être comparables à ce que l’on avait sur les plates-formes NT ou Unix, plutôt que ce qui est généralement admis sur les plates-formes OS/390. Un fonctionnement parfait était impératif”, affirme Pierre Bourgeot.Dans le cahier des charges, figurait également une fonction de web-hôtel, destinée à accueillir les éventuels 125 sites des caisses d’allocations familiales locales. Élaborées sur des éditeurs HTML basiques, ces pages sont acheminées vers le serveur OS via la messagerie nationale de la CAF, qui fonctionne en base Lotus Notes. Une partie Web Connector a été développée, avec Domino 390, permettant la navigation entre les informations généralistes et celles spécifiques aux CAF. La conception de l’environnement et la définition des liens intermachines a pris un certain temps. En effet, pour récupérer l’ensemble des documents gérés par les centres (équipés Bull ou IBM), le serveur transactionnel Tuxedo sert d’élément d’interfaçage.IBM a placé un ingénieur sur le site du Certiam et le projet a été mené en collaboration avec le laboratoire de la société à Montpellier, pilote en France sur cette offre. Six mois plus tard, en novembre 1999, l’ensemble basculait sur OS/390. “Les choses se sont bien déroulées. Nous avons pu mesurer la portabilité et l’exploitation n’a posé aucun problème. En terme de puissance, nous nous situons à 1 200 millions d’instructions par seconde. Internet en consomme moins de 15, ça ne se voit pas !” conclut le responsable du Certiam en tout sérénité.

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Marina Kosine