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L’entreprise aux portes de l’école sur le site de Rennes-Atalante

Grâce à une proximité thématique, Rennes-Atalante favorise les échanges écoles-entreprises. Stages, recherche, etc. , les étudiants y trouvent leur compte. Les risques : une certaine ” consanguinité ” et trop d’entente entre les entreprises, autour des salaires, par exemple.

Sur le site de Rennes-Atalante, les France Télécom, Mitsubishi, Cap, Cegetel, Sema Group, Thomson Multimédia et autres Alcatel Newbridge voisinent avec l’Enst, l’Insa, Supélec, l’école Louis-de-Broglie et l’université de Rennes-I, ainsi qu’avec différents laboratoires de recherche. Une double proximité – géographique et thématique – voulue dès la création, qui est l’une des marques du site et qui lui vaut une solide réputation dans les NTIC.
Premier impact : des liens et des échanges facilités par l’association Rennes-Atalante. “Tout le monde sait qui est qui, et qui fait quoi “, souligne Jacqueline Poussier, directrice de l’association. Pour les étudiants, les visites d’entreprises deviennent monnaie courante. A l’époque de la recherche des stages, l’effet technopole joue aussi à plein. Rennes-Atalante met à disposition des bases de données d’entreprises, un guide des stages, un site Internet avec liens vers les entreprises. Mais la proximité entre ces dernières et les écoles influence aussi l’enseignement. La présence des entreprises ou les suggestions des industriels, recueillies au travers de comités d’orientation pour certains, contribuent ainsi à changer les contenus des cours. Ce fut le cas pour l’introduction du C++ en première année et de la veille technologique et de Java en troisième année à Louis-de-Broglie. Présence d’entreprises nippones oblige, une option langue et économie japonaise est même apparue à Supélec. Une filière création d’entreprises y a également vu le jour.
La technopole : un garde fou pour les entreprises
La technopole encourage bien sûr les start up. Un incubateur d’entreprises a été mis sur pied. Ces jeunes entreprises (douze créations depuis le début 2000) génèrent un nouveau dynamisme. Souvent créées par des chercheurs du sérail (université ou entreprise), elles ne rechignent ni devant les présentations techniques, tant prisées des étudiants, ni devant l’accueil de stagiaires. “C’est un devoir d’entreprise de contribuer à la formation “, affirme ainsi Stéphane Miège, ancien élève et enseignant-chercheur de Supélec et créateur d’AQL (qualité, méthode, sécurité informatique). Ces start up se tournent naturellement vers les laboratoires de recherche du site. “Nous avons sollicité l’Irisa (1), spécialiste de l’image capable d’optimiser les sources de lumière, pour nous aider à trouver la solution pour améliorer des relais radio pour la téléphonie mobile “, raconte Laurent Bouillot, ancien de l’Insa et créateur de Siradel, dont les collaborateurs enseignent à l’Insa et à Télécom Bretagne.
Autre point positif de la technopole : le maillage serré de son réseau oblige les entreprises à rester crédibles. Un garde-fou loin d’être inutile. “ Quelques élèves se sont retrouvés confrontés à des promesses non tenues de stages devant se transformer en CDI ou à des stages annulés parce que l’entreprise avait, entre-temps, déposé le bilan, relate Karina Guerrier, en charge du service des stages et des relations industrielles de l’Ifsic (2). Ces entreprises n’étaient pas membres de la technopole.” Au moment de la recherche d’emploi, la technopole remplit encore son office. Et même après : “Un certain nombre d’étudiants, attachés à leur région d’origine, ont construit leur carrière en passant d’une entreprise à l’autre “, relève Jean-Marc Aubel, chargé de mission des relations extérieures à l’Insa.
Le revers de la médaille, c’est l’effet de masse. C’est pourquoi entreprises et écoles s’efforcent d’éviter la ” consanguinité ” en diversifiant les recrutements. “De toute façon, une technopole ne peut avoir toutes les spécialités, note Laurent Bouillot. Pour les domaines du marketing, du commercial ou de la finance, les recherches se portent souvent ailleurs.”C’est l’un des risques du principe de la technopole. “Un secteur phare peut s’essouffler, reconna”t Jacqueline Poussier. Mais les NTIC ont encore de beaux jours devant elles. Et Rennes-Atalante a d’autres cartes dans le domaine de l’environnement.” Autre conséquence possible, les bons contacts entre entreprises peuvent contrarier les intérêts des jeunes diplômés. “En phase de début de croissance, on note un effet modérateur sur les salaires, constate, par exemple, Jean-Marc Aubel. Mais, au stade de l’explosion, la solidarité finit par éclater.”La croissance provoque, par ailleurs, une pression des entreprises en manque de collaborateurs. Les établissements accentuent alors leur travail de tri ciblé des offres pour assurer les meilleures portes d’entrée aux étudiants


(1) Irisa (Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires). (2) Ifsic (Institut de formation supérieure en informatique et communication).

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Annick Le Berr