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Leica M10, le télémétrique qui s’en retourne à l’essentiel : la photo

Exit la vidéo et autres « fanfreluches » numériques du modèle précédent :  en 2017, le Leica M10 regarde son futur en s’inspirant de son passé et joue la carte de la photo pure et dure. 

Simplicité : c’est le mot d’ordre du nouveau boîtier M télémétrique que Leica annonce en ce mois de janvier 2017, le M10. Pour cette 4e génération de M numériques, la 3e à capteur plein format, Leica a effectué un virage à 180° par rapport à la précédente. Quand la marque allemande a voulu prouver son savoir-faire numérique avec le M240, notamment par l’arrivée de la vidéo, le M10 fait fi de tout chichi.

Puisque Leica dispose désormais de deux gammes d’hybrides modernes dont l’excellent SL, la marque de Wetzlar a considéré que son M devait revenir à ses premières amours : la photo, pure et simple.

Trois boutons, un joystick, une molette et basta (ou presque)

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Le nouveau M10 est le M numérique le plus fin de l’histoire, ne faisant qu’un demi millimètre de plus que les versions argentiques les plus fines – le corps de boîtier métallique ne fait que 33,75 mm d’épaisseur, 38,5 mm avec la monture et l’écran. Un petit bébé considérant qu’il intègre un capteur CMOS plein format 24 x 36 mm.

Cette cure d’amaigrissement s’accompagne d’un « nettoyage » drastique des commandes à l’arrière de l’appareil : il ne reste plus que trois boutons à gauche de l’écran (Lecture, Live View et Menu), un joystick à droite et une molette qui tombe sous le pouce. S’ajoutent à cela la molette ISO, la molette de vitesse et la valeur d’ouverture sur chaque optique. Le basique du basique, « l’essence » de la photographie. Amateurs de panoramas par balayage et autres rafales 4K, post-focus et autre raffinements technologiques, passez votre chemin.

La seule entorse à cette modernité est la présence d’une puce Wi-Fi qui transfère les images vers le terminal mobile, en RAW comme en Jpeg, et offre le contrôle distant de l’appareil. La photo pure c’est bien, mais en 2017 publier ses clichés sur Instagram sans avoir à passer par un ordinateur, c’est mieux.

Le meilleur viseur télémétrique signé Leica

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Selon les équipes de la marque, le nouveau viseur télémétrique du M10 est « le meilleur que nous ayons jamais conçu ». Le champ de vision aurait été agrandi de 30% par rapport à la génération M240, et le relief oculaire, « distance optimale entre l’œil et l’oculaire du viseur », a été augmentée de 50% afin d’être plus confortable pour les porteurs de lunettes.

Le grossissement du viseur est de x0,73 et on dispose toujours du triple jeu de double cadre lumineux : 35 et 135 mm, 28 et 90 mm ou 50 et 75 mm, des duos qui s’activent automatiquement lorsque l’on monte les optiques compatibles sur le boîtier. Une chose est sûre : ce genre de promesse ne se vérifie qu’en mettant les yeux dans le viseur, ce que nous ne manquerons pas de faire dans un très prochain test.

Trois variables sous les yeux

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Le M10 profite, pour la première fois chez un M numérique, d’une molette d’ISO sur le dessus du capot. Cette molette permet aux photographes de vérifier, d’un simple coup d’œil sur le dessus de l’appareil, l’état complet des trois variables photographiques importantes : les ISO, l’ouverture (sur le fût de l’optique) et le temps d’exposition (avec la traditionnelle molette de vitesse).

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Leica veut éviter aux photographes les mauvaises surprises liées à de précédents réglages.

24 (nouveaux) mégapixels

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Tout comme le M240, le M10 est équipé d’un capteur CMOS 24 Mpix dépourvu de filtre passe-bas. Il s’agit, selon les dires de Leica, d’un tout nouveau composant. Outre sa sensibilité étendue – de 100 à 6400 ISO accessibles par défaut sur la molette, valeur extensible à 50 000 ISO -, ce nouveau capteur profiterait d’une meilleure plage dynamique et offrirait un niveau de détail supérieur à la génération précédente notamment sur les côtés de l’image.

Cette promesse est le résultat d’un travail sur un meilleur agencement des microlentilles à la surface du capteur, lentilles chargées de guider les photons vers les « puits de lumière » menant aux photosites (improprement appelés « pixels »). Ce travail sur les microlentilles et le parcours des rayons lumineux était nécessaire pour les optiques grand angle, dont la forte incidence des rayons lumineux oblige à la plus grande attention. Et comme Leica est un peu allergique aux corrections logicielles, la marque a dû travailler le matériel pour pallier ce défaut.

Côté électronique, on retrouve le processeur Maestro II et les 2 Go de RAM des versions M-P (M262). L’appareil tient désormais une rafale à cinq images par seconde (en RAW), mais il reste à voir combien de secondes il tiendra la cadence et surtout si les ingénieurs de la marque ont bien pensé à prendre en charge la norme UHS-II qui offre de bien meilleurs débits.

Au sujet du poids et du prix…

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Comme à l’accoutumée, cette nouvelle génération M est à la fois lourde et onéreuse. Le M10 pèse ainsi 660 g boîtier nu avec la batterie, un poids proche du D750 de Nikon et coûte 6 500 euros (toujours avec la batterie, on est sauvé).

Le poids s’explique par l’histoire et la tradition. « Un M c’est un M » vous diront les fans, c’est pourquoi Leica utilise toujours des boîtiers métalliques massifs afin de ne pas perturber les habitudes – certains photographes shootent en M depuis des décennies. Si par le passé on pouvait pester de ce manque d’audace, la firme allemande peut désormais rétorquer que si vous voulez la modernité et la technologie, vous avez toujours les boîtiers Leica TL et Leica SL.

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Le prix lui, est dans la tradition des M, les lancements précédents étant même autour des 6 800 euros. Outre la niche de luxe qu’occupe Leica, il est un fait que les Leica M sont des appareils artisanaux, assemblés entre Porto (Portugal) et Wetzlar (Allemagne) entièrement à la main par des ouvriers européens. Et que le télémètre coûte, en lui-même, un part non négligeable du prix que ce soit en termes de matériaux ou en termes de difficulté d’assemblage (coût de main d’œuvre). A cela s’ajoutent des productions en petits volumes, loin des mastodontes japonais, et des marges bien plus importantes, nécessaires pour tenir la grosse PME européenne à flot.

Les plus grincheux diront toujours que c’est trop cher, ce qui est certes le cas pour beaucoup d’entre nous, mais heureusement la concurrence a de très bons boîtiers à proposer ! Le seul regret que l’on peut décemment avoir est qu’il n’existe aucune alternative télémétrique autre… que les Leica d’occasion !

Le Leica M10 sera disponible en commande fin janvier 2017 à 6 500 euros.

Edit du 20/01/2017@11h29 : une version précédente de l’article affirmait que le M10 était la troisième génération de M numérique. Le M10 est en fait la quatrième génération de M numérique, la 3e génération à capteur plein format (M9, M240/260, M10)

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Adrian BRANCO