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L’Éducation nationale met le nez dans le cartable électronique

Une exérimentation de manuel électronique débute dans trois établissements des Landes. L’occasion de faire un tour d’horizon sur les projets d’enseignement numérique de l’Hexagone.

Le cartable électronique nouvelle formule est arrivé. Après celui de Vivendi Universal Publishing (VUP, éditeur du Nouvel Hebdo) qui avait marqué la rentrée scolaire 2000, c’est au tour des pouvoirs publics de prendre l’initiative. L’opération, baptisée “Un collégien, un ordinateur portable “, sera lancée dans les Landes à l’initiative du président du Conseil général, Henri Emmanuelli. Le plan prévoit d’équiper tous les élèves des 32 collèges du département d’ici à 2005.Coût de l’opération : quelque 53 millions d’euros (350 millions de francs), afin d’assurer le câblage et l’équipement du parc informatique. Cette année, trois établissements seront équipés, avec la possibilité pour les enseignants de choisir le manuel de leur choix au format numérique. Fini, donc, le monopole exercé par Vivendi, faute de concurrent, sur le cartable électronique. Avec l’expérimentation des Landes, le ministère semble décidé à loger tous les éditeurs à la même enseigne : “ Les professionnels de l’édition scolaire sont mis en situation de devoir créer un manuel électronique à partir de la sélection des professeurs, qui choisissent parmi les ouvrages disponibles “, explique-t-on au cabinet de Henri Emmanuelli.

Des manuels au format PDF

Chez VUP, cette redistribution des cartes à l’initiative des pouvoirs publics est jugée plutôt positive : “ Ce n’est pas seul qu’on avancera“, répète inlassablement Emmanuel Pasquier, directeur des relations avec les marchés publics. Même si le format PDF, plus petit commun dénominateur retenu par le ministère pour permettre à tous les éditeurs de participer, est l’objet de toutes les critiques. Aussi bien chez Hachette que chez VUP. “ Cela nous fait mal au c?”ur de devoir mettre nos manuels en format PDF : c’est retirer toute interactivité au contenu pédagogique“, commente Catherine Lucet, directrice générale des éditions Nathan (VUP).En attendant, à l’université d’été de la communication de Hourtin, un premier bilan du cartable électronique de Vivendi a été présenté. Son terminal dédié e-book ne sera pas retenu, (trop cher, dit-on au ministère) : dans la classe électronique de demain, il y aura des PC mis en réseau sur un serveur d’établissement ou d’académie avec, en extranet au domicile des élèves, un accès aux ressources pédagogiques. “ Le manuel électronique doit être ouvert sur l’extérieur afin de mettre en réseau les ressources documentaires“, commente Jean-Claude Hazé, conseiller nouvelles technologies au rectorat d’Amiens. Les éditions Nathan-Bordas expérimenteront cette architecture cette année dans un collège de Poitiers, avec deux matières : l’histoire et les sciences de la vie pour les élèves de troisième.Reste à savoir jusqu’où ira la mise en réseau des ressources pédagogiques. “Nous sommes confrontés à des obstacles liés aux protections de données et à la rémunération des ayants droit “, avertit Catherine Lucet. Les enseignants, eux, voudraient pouvoir faire leur propre manuel en utilisant différentes sources et en intervenant sur les contenus. “Un cours ne s’est jamais fait avec un seul manuel “, insiste Jean-Claude Hazé.

Économie à inventer

Mais, pour Emmanuel Pasquier, la personnalisation du contenu pédagogique par les professeurs ne pourra se faire qu’à l’intérieur des ressources d’un même éditeur. “ Il y a une économie du système à inventer pour l’enseignement électronique“, conclut un proche de Jack Lang. Au cabinet du ministre, on croit à un portail de référence agrégeant des contenus labellisés et alimenté, en particulier,par les éditeurs privés. Le portail Educlic, qui réunit les ressources pédagogiques des académies, pourrait être, à terme, le modèle du cartable électroni- que de l’Éducation nationale. Pour l’heure, c’est dans les Landes ?” et sans interactivité ?” que le ministère prépare le cartable de demain.

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Sébastien Fumaroli