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L’Ecole nationale du jeu vidéo dans le collimateur des éditeurs

Aux yeux du Sell, l’Ecole du jeu et des médias interactifs numériques d’Angoulême manque d’ambition et de moyens.

La promesse avait été faite par le Premier ministre en avril 2003 au Futuroscope. La France allait se doter d’une
grande école du jeu vidéo. Aujourd’hui,
l’Ecole nationale du jeu et des médias interactifs numériques (ENJMIN) est bien née à Angoulême. Elle accueille une promotion d’une quarantaine d’étudiants de niveau Bac+3 et
délivre en deux ans un master ‘ Jeu vidéo et médias interactifs numériques ‘ dans six filières (game design, chef de projet, conception visuelle, conception sonore, programmation et ergonomie). Mais elle s’attire déjà les
foudres des industriels.Jean-Claude Larue, délégué général du Sell (Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs), crie au scandale. ‘ Nous voulions l’équivalent d’une Ecole polytechnique européenne du jeu vidéo et des
médias interactifs. Nous avons des talents en France, mais ils doivent aller travailler au Canada parce qu’il nous manque les chefs de projets capables de gérer les énormes budgets aujourd’hui nécessaires pour faire un jeu,
s’emporte-t-il. L’ENJMIN n’est pas cette grande école européenne. Elle n’en a pas le souffle, et l’Etat n’a pas tenu ses engagements. ‘

Aucun financement de la part de l’Etat

Partenariat entre l’université de Poitiers, l’université de La Rochelle, le Centre national des arts et métiers (Cnam) de Paris et le Centre national de la bande dessinée et de l’image (CNBDI) d’Angoulême,
l’ENJMIN puise son budget annuel de 900 000 euros dans des fonds du conseil général de Charente, de la région Poitou-Charentes et de la Communauté européenne. Sans financement national. ‘ Quand on décentralise
l’Ena à Strasbourg, on ne demande pas à la Région d’assumer. Il faut que l’État ouvre les cordons de la bourse ‘,
martèle Jean-Claude Larue.A la demande du Premier ministre, Michel Averous, président honoraire de l’université Montpellier-II, avait remis en janvier 2004 son rapport sur la création d’une école. ‘ Je recommandais de
faire d’Angoulême un grand pôle de l’image à ambition internationale, puisqu’il y existe déjà sept ou huit formations autour du cinéma et de la bande dessinée. Il faudrait une nouvelle école ouverte sur les autres formations, un
gros laboratoire de recherche et un incubateur pour héberger les futurs chefs d’entreprise. L’enjeu est important dans ce secteur qui connaît une croissance à deux chiffres ‘,
affirme-t-il toujours
aujourd’hui.Pour lui, l’ENJMIN est une bonne école, mais ne se démarque pas assez de formations déjà existantes à Valenciennes et ailleurs. Un point de vue partagé par Jean-Claude Larue, qui, lui, réclame la création d’une école
d’ingénieurs, avec diplôme homologué par la Commission des titres d’ingénieurs.‘ Nous avons créé l’équivalent de la Femis [la principale école de cinéma en France, NDLR] pour le jeu vidéo et les médias interactifs, se défend Stéphane Natkin, professeur
à l’ENJMIN. C’est le ministère de l’Education nationale qui a choisi cette solution plutôt qu’une école d’ingénieurs. ‘ Mais Michel Averous prévient : les industriels ont une
base de repli toute trouvée si Angoulême ne les satisfait pas. ‘ Cannes est sur les rangs. Il y a déjà eu des réunions avec le maire. ‘ A peine créée, lENJMIN devra vite faire ses preuves.

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Isabelle Boucq