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Le Web pousse les enfants à la consommation

Les jeunes fonctionnent naturellement en groupes et en réseaux. Une opportunité que les sites pour enfants du Net n’ont pas manqué de saisir.

Les sites communautaires destinés aux moins de 15 ans affichent leur ambition de capter cette cible réputée volatile et difficile à cerner. Pourtant, la notion de groupe, très ancrée chez les juniors, correspond parfaitement aux possibilités d’Internet. Chouchoutés par les marques, qui connaissent leur très fort pouvoir de prescription au sein de la famille, les plus jeunes composent une catégorie d’utilisateurs très recherchés.Outre leur volatilité, les enfants sont encore de faibles utilisateurs du Web (lire l’encadré ci-dessous ” Un tiers des juniors découvrent le Web à l’école “) : d’après les panels de Netvalue, les moins de 15 ans ont passé quatre jours au cours du mois de février 2000 à surfer, envoyer des courriers électoniques ou transférer des fichiers. Alors que leurs aînés, les 15-24 ans, ont consacré au Web plus de huit jours pendant cette même période.Au-delà d’une base commune, les sites se démarquent par des services complémentaires (lire l’encadré ci-dessous
Le plus âgé des sites pour enfants a cinq ans “ ). Ainsi, Momes.net et Kazibao.com misent sur les échanges et forums. A son lancement en 1999, Sssplash.fr se positionnait comme un moteur de recherche. Le site s’est rapidement enrichi de services divers, comme la création de pages perso ou l’envoi de cartes. Webbyz.com, créé par Hachette Multimédia et @près l’école (fondé par France Télécom), mettent en avant leurs contenus, éditorial pour le premier, éducatif pour le second.

Le pari de la vente en ligne

De communautaires, les sites se sont vite orientés vers le commerce. Ainsi, la vente d’espaces publicitaires n’est plus la seule source de revenu. Sont désormais également envisagés la vente directe, les partenariats ou encore la connexion payante.Cependant, afin que les mineurs puissent acheter en ligne, il faut trouver un autre moyen de payement que la carte bancaire. Le site de vente de jeux et jouets AbCool a ouvert la voie en mars dernier. ” Nous proposons un système unique en France, afin que les enfants puissent payer eux-mêmes. Il s’agit des comptes Coolbank, crédités par un adulte au profit d’un enfant. Depuis le lancement du service, une quarantaine de comptes ont été ouverts. Les deux tiers ont été crédités, à hauteur de 150 à 200 francs “, explique François Benveniste, PDG d’AbCool, et ancien fondateur de Calvacom.Kazibao réfléchit également à une solution de ce type. En effet, la société va ouvrir prochainement une galerie marchande baptisée 123soleil, avec des partenaires comme Cdandco pour les produits multimédias, ou Alapage pour les produits culturels. “Afin que les enfants puissent acheter eux-mêmes, nous allons proposer un système de chèques-cadeaux”, explique Jean-Claude Yana, président de la société. Quant à Sssplash, il pense aussi insérer un espace marchand sur son site, avec un porte-monnaie destiné aux enfants.

Vers une stratégie d’abonnements

Contrairement aux portails généralistes, les sites pour enfants envisagent de faire payer l’accès à leurs services. @près l’école, dans sa version gratuite, dispose d’une boutique de commerce électronique. Cependant, la version qui offre des services d’aide à la scolarité est payante. Le service coûte 360 francs par an.Webbyz avait prévu, lors de son lancement en septembre 1999, de faire payer l’accès au site, mais a finalement fait marche arrière. ” En effet, nous nous sommes très vite rendu compte que nous n’aurions pas été compétitifs face aux encyclopédies en ligne gratuites “, remarque Jean-Dominique Pomella, responsable de Webbyz, qui n’exclut cependant pas de faire payer, à terme, certains services. Le site est en train d’être revu, et sera certainement associé à une chaîne de programmes plus complète. “Nous nous rapprocherons alors d’une solution de rentabilité mixte, avec des annonceurs, de l’affiliation, et certainement du commerce électronique. Nous sommes avant tout une publication, et il est plus difficile d’y intégrer du business que dans les sites portails.”, conclut-il.Le modèle de l’abonnement est envisageable car les parents craignent des détournements. Tous les sites pour les juniors mettent en avant la sécurisation des données. “Nous sommes particulièrement attentifs à la sécurité du site. Tous les forums sont bien sûr modérés, et il est interdit de donner son adresse électronique, explique Jean-Claude Yana, de Kazibao. Concernant les chats, où les modérateurs interviennent aussi, nous enregistrons toutes les conversations.”

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Laure Deschamps