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Le vote politique prépare sa révolution informatique

Le ministère de l’Intérieur s’intéresse de près aux kiosques électroniques. Ces machines à voter nouvelle génération pourraient révolutionner le traditionnel dépôt de bulletin dans l’urne.

Ne pas confondre. D’un côté, le
vote électronique, c’est-à-dire des boîtiers placés dans les bureaux de vote permettant, en appuyant sur un bouton, de donner une voix au candidat de son choix. De l’autre, le vote
par Internet, où la même opération se fait de son ordinateur, à domicile. Mais l’un comme l’autre vont connaître un sérieux coup de pouce dans les années à venir. Résultat, à terme, il pourrait être possible de voter depuis n’importe quel bureau de
vote (sans disposer d’une procuration), plusieurs jours avant l’échéance du scrutin et plus seulement le dimanche. Voire, également, de voter par Internet en restant chez soi.L’association des maires de grandes villes de France (AMGVF) organisait une journée de débats sur ce thème, jeudi 6 avril. C’est que déjà, selon Camille Putois, chef du bureau des élections et des études politiques au ministère de
l’Intérieur, 900 machines électroniques à voter sont utilisées dans une cinquantaine de communes. ‘ Quatre, Brest, Lorient, Vand?”uvre-lès-Nancy, et Le Havre se sont lancées à fond dans le vote électronique, explique Christian Lalu, directeur général de l’AMGVF. Or nous approchons de
nombreuses échéances électorales, en 2007, 2008 et 2009, c’est le moment de faire des choix. ‘
Aujourd’hui, les machines à voter ont un rôle très simple : résoudre le problème du dépouillement. Il est en effet de plus en plus difficile de trouver des électeurs volontaires pour assurer le tri des bulletins une fois l’élection
terminée. De plus, avec les machines, les résultats sont obtenus en quelques minutes.Mais on ne parle pour l’instant que de boîtiers sans connexion. La prochaine génération de machines à voter sera mise en réseau. ‘ Depuis deux-trois ans, on travaille sérieusement sur les kiosques
électroniques,
poursuit Camille Putois. Si on modernise la gestion des fichiers électoraux, l’électeur pourra voter en vacances. ‘Ce qui nécessitera toutefois la constitution d’un fichier national permettant de savoir, par exemple, que Monsieur X, inscrit à Annecy, a déposé un bulletin dans une urne à Toulouse. Son vote sera comptabilisé à Annecy et l’empêchera de
voter une deuxième fois. Reste à savoir si une telle possibilité pourra exister pour des scrutins locaux (élections municipales par exemple).

La Cnil critique les machines à voter actuelles

Autre possibilité : ‘ Puisque les kiosques seront scellés et les votes chiffrés, en les stockant sur un serveur, il sera possible d’organiser des votes sur plusieurs jours. ‘ Deux
conditions sont toutefois posées à ces évolutions. D’abord l’accord des partis politiques, indispensable pour que le Parlement intègre les kiosques électroniques dans la législation. Ensuite, et surtout, une meilleure
‘ visibilité ‘. ‘ Aujourd’hui, n’importe quel électeur peut contrôler son vote, grâce à l’urne transparente. Il faudra trouver un équivalent avec les machines électroniques ‘,
juge Camille Putois.Donnée personnelle par excellence, le vote attire évidemment l’attention de la Cnil. Qui attend d’être sollicitée dès que le ministère de l’Intérieur aura précisé son projet. La Commission se montre d’ailleurs très critique à l’égard
des machines électroniques actuelles, par la voix d’Olivier Lesobre, attaché à la Division des affaires publiques et sociales, qui reproche un ‘ manque d’expertise indépendante ‘ à leur sujet et des
difficultés ‘ pour l’authentification et le dépouillement ‘.Reste la question du vote par Internet. La loi ne l’autorise que pour
l’élection de l’Assemblée des Français à l’étranger, représentante des expatriés. Ses 600 000 électeurs vont procéder à son renouvellement, entre autres par le Web, en juin
prochain. ‘ Si l’expérience est positive, on pourrait lancer une concertation politique sur le sujet ‘, poursuit Camille Putois. Tout en restant extrêmement prudente.Elle a ainsi rappelé que Valéry Giscard d’Estaing avait gagné la présidentielle de 1974 avec moins de 400 000 voix d’avance. Si le cas de figure se reproduisait en 2012, un problème avec le vote par Internet des
600 000 expatriés provoquerait l’annulation de l’élection.

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Ludovic Nachury