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Le Tamiflu donne la fièvre à Internet

Certains sites peu scrupuleux tirent parti de l’arrivée de la grippe aviaire en Europe, quitte à enfreindre la législation française.

Viagra, DHEA et aujourd’hui le Tamiflu. Déjà épuisé en pharmacie bien que la pandémie n’ait pas éclaté, l’un des rares antiviraux efficaces contre le H5N1 ?” le virus responsable de la grippe aviaire ?” fait les
beaux jours des sites de vente de produits pharmaceutiques. Avec la promesse de juteuses recettes. Le médicament des laboratoires Roche s’échange en effet entre 110 et 155 dollars la boite de dix comprimés.Malgré cela, les particuliers seraient nombreux à passer commande. En revanche, l’Ordre des pharmaciens exclut à ce jour toute importation massive de médicaments : ‘ Avec le système de remboursement français,
les entrées illicites de produits pharmaceutiques sont minimes. Concernant le Tamiflu, un médicament qui n’est plus disponible à ce jour avant la prochaine livraison programmée en novembre prochain du fabricant, nous nous rendrions vite compte d’un
afflux de médicaments. Il ne pourrait alors s’agir que de produits contrefaits ‘,
analyse Jean-Luc Delmas, chargé de la distribution pharmaceutique à l’Ordre des pharmaciens.

Importation illégale

En France, la distribution de produits pharmaceutiques est fortement encadrée. La vente de médicament est le monopole des pharmaciens. Tout vendeur, qu’il soit hébergé à l’étranger ou non, peut être poursuivi s’il vend et livre des
produits pharmaceutiques à des consommateurs français. Il commet un acte d’exercice illégal de la pharmacie. Un délit punit, d’après l’article L 4223-1 du Code de la santé publique, par une peine maximale de deux ans de prison et de
30 000 euros d’amende.Dans le cas du Tamiflu (qui figure sur la liste des médicaments dangereux), les sites incriminés peuvent également être poursuivis pour délivrance de produits pharmaceutiques sans prescription médicale. En pratique, l’assignation en
justice d’un site hébergé à l’étranger se révèle fort compliquée. A moins qu’il ne soit hébergé au sein de l’Union européenne.En Grande-Bretagne, eBay a pris les devants et fait le ménage dans ses enchères. Jusqu’à mardi 18 octobre, certains particuliers n’hésitaient pas à mettre en vente des boîtes de Tamiflu. Les enchères allaient bon train. Elles
atteignaient plus de 100 livres sterling (161 euros) la boîte de dix cachets, alors que son prix dans des officines légales est de 30 livres (44 euros) environ. Aujourd’hui, même si le médicament des laboratoires helvétiques n’y
est plus vendu, force est de constater que
d’autres produits pharmaceutiques y sont proposés : des vitamines ou de l’immunitril, un médicament non autorisé en France, censé activer le système immunitaire avant
la prise de Tamiflu.

Responsabilité du consommateur

Un consommateur qui fait entrer les médicaments sur le territoire français par voie postale est censé demander une autorisation d’importation auprès de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. S’il ne répond pas à
cette obligation, il commet une infraction douanière.Plus que l’infraction, il met en jeu sa santé. Les experts de la santé soulignent que la prise abusive d’antiviraux peut créer à terme une résistance au médicament. Sans compter les contre-indications médicales. Roche, de son côté, a
déconseillé aux consommateurs de se procurer du Tamiflu en ligne car il peut s’agir de contrefaçons. ‘ Nous alertons les patients sur le fait que les médicaments vendus sur Internet, et qui profitent de lémoi de la
population, sont bien souvent des leurres ‘,
ajoute Jean-Luc Delmas.

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Hélène Puel