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Le Tablet PC préfigure les nouveaux usages des portables

Alors qu’on l’attendait sur des marchés verticaux, la tablette séduit finalement les utilisateurs d’ultraportables, suggérant ­ en retour ­ une nouvelle façon de travailler.

La tablette est de retour. Et cette fois semble être la bonne. Oubliés les errements de Pen for Windows. Digérés les échecs du Newton. L’édition Tablet PC de Windows XP a entraîné dans sa foulée une nouvelle génération de tablettes,
moins radicales et plus proches des portables traditionnels. Ainsi, il n’est plus question de convertir l’écriture en temps réel. Les notes manuscrites constituent désormais un format de données au même titre que le texte, les images ou le son. Il
devient donc possible de les éditer, de les partager et même de les indexer. Plus question, non plus, de remplacer le très rassurant clavier.

Une meilleure interaction avec la machine

Chez certains constructeurs comme Toshiba ou Acer, ce sont d’ailleurs des ultraportables traditionnels qui ont été convertis en tablettes par un astucieux système de rotation de l’écran. Même les modèles au format ardoise disposent,
pour la plupart, d’un clavier externe en standard. Et ça marche.Malgré le scepticisme qui avait accompagné leur annonce, ces tablettes se vendent comme des petits pains depuis leur lancement, début novembre 2002. Pour preuve, il s’en était déjà vendu soixante-douze mille exemplaires fin décembre,
selon IDC. Tous les constructeurs ont même dû revoir à la hausse leurs cadences de production, tellement le démarrage était inattendu.Il faut dire que, pour une fois, les fabricants ont veillé à ne pas effrayer les clients avec des tarifs prohibitifs. Certains modèles de Compaq ou de Toshiba sont ainsi commercialisés à moins de 2 200 euros, soit à un prix moindre
que d’autres ultraportables du catalogue. Des Taïwanais annoncent même un Tablet PC à 1 000 euros…Le domaine de la santé, grand consommateur de tablettes, a évidemment été le premier ciblé. Mais surprise, ce ne sont pas les secteurs transversaux qui génèrent le gros des ventes. ‘ Si les tablettes connaissent
un tel succès,
explique Annette Jump, analyste au Gartner, c’est quelles ne perturbent pas les utilisateurs de portables traditionnels : même système d’exploitation (Windows XP), mêmes applications, mêmes périphériques, avec, en
plus, la possibilité d’utiliser le stylet en guise de souris ou comme crayon pour écrire sur l’écran. ‘
Mark Fihn, vice-président du cabinet DisplaySearch, insiste sur l’ergonomie qu’apporte le stylet. ‘ L’un des avantages du stylet comme outil de saisie est qu’il élimine la distinction entre le pointage et le
mouvement du curseur. L’image est juste sous le stylet, ce qui est beaucoup plus naturel. ‘
Il est vrai que le tandem souris/ écran, même si l’on y est très habitué, n’est pas des plus efficaces en termes de coordination
 ?”il/ main, notamment pour tout ce qui concerne le graphisme et, bien entendu, l’écriture.L’ergonomie générale des tablettes en fait aussi un objet attachant. Plus petites et plus légères que les portables (1,3 kg en moyenne), elles se révèlent en outre beaucoup plus commodes à transporter. En un clic, l’affichage
bascule du mode portrait au mode paysage, afin d’optimiser la relecture d’un document ou la consultation de photos.Certains stylets possèdent une gomme à leur extrémité, on peut utiliser des commandes gestuelles pour appeler certaines fonctions, et le système dispose, en standard, de la dictée vocale. Autant de caratéristiques qui participent à
une meilleure interaction avec la machine.‘ Les tablettes changent radicalement notre façon de travailler ?” que ce soit au bureau, à la maison ou en déplacement ?” parce qu’elles offrent une véritable mobilité ‘,
s’enthousiasme Geoffrey Palmer, président du cabinet Infocater. Avec un portable traditionnel, en effet, il faut d’abord trouver un endroit pour le poser avant de s’en servir : un bureau, une table ou même des genoux. De par leur format, les
tablettes peuvent être utilisées dans des situations que l’on n’imaginait même pas : debout, en marchant, dans un couloir, voire allongé.

Des applications dans l’éducation

La métaphore du bloc-notes rend aussi leur usage beaucoup plus social que les portables traditionnels. ‘ Lors d’un rendez-vous en tête à tête, par exemple, il peut paraître incongru d’ouvrir un portable,
explique Sandrine Varenne, chef de produit chez Nec. Cela crée une barrière et met de la distance avec son interlocuteur, notamment parce que celui-ci se trouve de l’autre côté de l’écran. ‘ Avec une tablette,
évidemment, le problème ne se pose pas.L’appareil s’utilise comme un cahier ou une brochure sur laquelle on pointe, souligne et ‘ gribouille ‘ avec un effet garanti. C’est pourquoi les tablettes sont très prisées des
commerciaux. ‘ Ils sont ainsi en mesure d’effectuer des présentations Powerpoint plus interactives : cercler les points importants, tracer des flèches ou encore, ajouter des notes aux diapositives comme s’ils utilisaient du
papier et un stylo ‘,
illustre Didier Halbique, chef de produit chez Toshiba.En optant pour des applications plus spécifiques, la tablette peut aussi devenir un formidable outil de productivité. Tous les Tablet PC sont ainsi livrés avec Microsoft Journal, un logiciel de prise de notes à main levée qui
reproduit un cahier. Bien entendu, l’écriture sur écran n’est pas équivalente à celle sur papier, mais les bénéfices s’avèrent nombreux.Par exemple, il est possible d’insérer un espace au milieu de la page, de déplacer un mot ou un paragraphe, ou encore d’annoter et de partager n’importe quel document imprimé via un pilote spécifique (ébauche de prospectus, campagne,
carte, etc.). La conversion des notes manuscrites en texte est évidemment prévue, mais au final, elle reste plutôt anecdotique.Les notes peuvent, en effet, être conservées et archivées telles quelles. Il est même possible d’y effectuer des recherches plein texte, sans conversion préalable. L’option fonctionne si bien quelle remplacera avantageusement les
calepins fourre-tout et les feuilles volantes impossibles à classer.One Note, le futur logiciel de prise de notes de Microsoft, ira beaucoup plus loin. Il ajoutera une organisation par onglets et classeurs, et acceptera la saisie du texte, tant tapé que dicté ou
‘ gribouillé ‘. Mieux, le logiciel sera capable de synchroniser la prise de notes avec un enregistrement par microphone. Du coup, si l’on a du mal à se relire, il sera possible d’écouter le passage
enregistré au moment exact de la saisie d’un mot ou d’un paragraphe.‘ Pour beaucoup, ces deux applications justifient à elles seules l’achat d’une tablette. Les débouchés dans le monde de l’éducation ou auprès du grand public devraient même être nombreux ‘,
estime Geoffrey Palmer, du cabinet Infocater. En allant plus loin dans la personnalisation des applications, il est possible d’utiliser cette encre numérique dans ses développements spécifiques. Ainsi, Corel vient de lancer une application qui
simplifie la création de schémas. On trace une forme de manière approximative et elle est automatiquement convertie en véritable rond, carré, ovale, triangle ou trapèze.

Un galop d’essai plutôt encourageant

Qaunt à Microsoft, la prochaine version d’Office prendra en compte l’usage du stylet et de l’écriture manuscrite dans tous ses programmes. L’utilisateur sera en mesure de répondre directement à un courrier électronique de façon plus
personnelle, en écrivant à la main ­ une option déjà disponible avec Office XP, grâce à une extension gratuite à télécharger.Sans oublier les applications plus verticales comme celle de ScanSoft, capable d’automatiser le remplissage d’un formulaire, que ce soit par reconnaissance vocale ou de l’écriture. De même, l’assistant Document Wizzard d’ActiveDoc
convertit automatiquement un texte manuscrit en rapport médical au format Word, prêt à être imprimé.Certes, cette nouvelle génération de tablette n’est pas parfaite. Certains modèles sont encore trop encombrants, d’autres offrent une ergonomie douteuse ou une autonomie limitée. De même, XP édition Tablet PC ne fournit pas encore la
reconnaissance vocale en français, et la saisie de textes manuscrits manque encore d’intégration lorsqu’une application ne reconnaît que le clavier. Mais pour un galop d’essai, le résultat s’avère très encourageant.Si le succès de la plate-forme se confirme, il est probable que de plus en plus d’éditeurs prendront en compte le stylet et l’écriture manuscrite, et plus seulement le clavier et la souris. Peut-être que l’ergonomie générale des
ordinateurs s’améliorera alors, et que nos chères machines deviendront plus proches de nous.

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Anicet Mbida