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Le syndrome Graffiti

Il paraît que la technologie corrige nos petits défauts. Possible. Mais quand il s’agit de reconnaître mon écriture, c’est exactement le contraire qui se produit.

Ceux qui me connaissent vous le diront. J’écris comme un pied bot d’ostéopathe : des pattes de mouches qui auraient dansé le flamenco. C’est simple, je n’arrive même pas à me relire moi-même. Vous imaginez donc mon bonheur quand j’ai touché ma première imprimante : d’un coup, mes missives sont devenues impeccables, lisibles et bien présentées. Et personne ne pouvait imaginer la catastrophe si j’avais dû utiliser un stylo.Aujourd’hui, il n’y a guère plus que des numéros de téléphone ou des listes de courses qu’il m’arrive encore de griffonner, déchiffrer, oublier… Avec, parfois, des conséquences désastreuses. Par exemple, la bonne copine dont on est incapable de déchiffrer le numéro… et qu’il faut rappeler, là, tout de suite, dans une cabine, à l’autre bout du monde.Lassé de trouver de mauvaises excuses, j’ai décidé de tout noter sur un assistant personnel. Au départ, j’ai pensé au Pocket PC et à sa reconnaissance d’écriture cursive. J’ai vite déchanté. Si, moi-même, je suis incapable de relire mes gribouillis, ce n’est pas un logiciel Microsoft qui y parviendra.Reste le Palm. L’avantage de son système Graffiti, c’est qu’il m’oblige à former les lettres d’une autre façon ?” ce qui est un moindre mal ?” pour me faire comprendre. Et ça marche. Je rappelle mes copines et je limite les allers-retours au supermarché. Avec le temps, je suis même devenu un champion de Graffiti.Imbattable à Girafe, je gribouille au stylet aussi vite que d’autres tapent à deux doigts. Seulement, voilà, la performance devient vite un boulet dans la vie courante. Car je me suis mis à écrire Graffiti même avec un stylo. Résultat : mes notes sur le frigo sont dans un tel charabia qu’on dirait des insultes.

(Acheter 4 kilos de fraises)Aujourd’hui, j’ai honte de remplir des chèques et je panique à l’idée de rédiger une carte postale. Et, apparemment, je ne suis pas le seul. Regardez autour de vous. Repérez ceux qui ne jurent que par la carte bancaire et le téléphone. Comme par hasard, ils possèdent un Palm…Ce ” syndrome Graffiti ” ne peut d’ailleurs que prendre de l’ampleur. Les Palmistes, qui, jusqu’ici, étaient les seuls à incuber la maladie, seront bientôt rejoints par Pocket PC dont la version 2002 succombe, elle aussi, à Graffiti. Il paraît que notre cher ministre de l’Education nationale est un fervent adepte du Palm. De là à imaginer qu’il prône l’enseignement de Graffiti à l’école, il n’y a quun pas.* Chef de service à 01 InformatiqueProchaine chronique le mercredi 10 octobre 2001

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Anicet Mbida*