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Le supermarché en ligne Telemarket est-il trop cher pour ses repreneurs ?

Les Galeries Lafayette cherchent à céder leur participation dans le distributeur online. Valorisé à près d’un milliard de francs, il n’attire pas les investisseurs.

Pour les Galeries Lafayette, c’est le bon moment de vendre Telemarket“, confie Pierre Bouriez, président de Houra, filiale du groupe Cora. Malgré une position de leader dans les supermarchés en ligne avec 32 millions d’euros (210 millions de francs) de chiffre d’affaires en 2000, Telemarket n’est plus une priorité pour son propriétaire. Christian Marchandise, président du supermarché en ligne, le confirme : “Le fait de contrôler une épicerie n’est pas l’axe de développement principal d’E-laser“. Cette filiale technologique des Galeries a missionné la banque d’affaires Deutsche Morgan Grenfell pour recomposer le tour de table de Telemarket, contrôlé pour l’instant à 70 % par E-laser et à 22,5 % par Casino (dont 7,5 % via Monoprix). Francis Lorentz, PDG de E-laser, assure : “Notre souci est de valoriser au maximum ce que nous avons développé, ce qui implique la poursuite de l’ouverture du capital de Telemarket. Selon les propositions qui nous seront faites, nous sommes prêts à céder l’ensemble de nos participations dans ce supermarché. ” Mais si le moment est bien choisi pour vendre, il ne l’est pas pour trouver un acquéreur.Principal point d’achoppement pour tous les éventuels repreneurs : la valorisation du supermarché en ligne, qui se situerait à 150 millions d’euros (1 milliard de francs). En 2001, les objectifs de chiffre d’affaires de Telemarket se situent à 85 millions d’euros, pour 12 à 15 millions de pertes. Pour atteindre le point mort, la société de Christian Marchandise devra réaliser “24 000 livraisons par semaine“. Elle n’en fait aujourd’hui que 12 000, selon ses dires, et 9 000 selon ses concurrents. En prenant en compte l’intégralité des pertes annoncées depuis la création de la société et le chiffre d’affaires 2000, les analystes valorisent Telemarket à 61 millions d’euros (400 millions de francs). Deux fois moins que ce que réclameraient les Galeries Lafayette. À ce prix, les candidats ne se bousculent pas, d’autant qu’ils ont tous développé leur propre supermarché en ligne.Il y a un an, Telemarket aurait pu constituer une base de lancement pour Carrefour, Cora ou Casino. Mais chacun de ces groupes de la grande distribution possède maintenant des infrastructures, une base clients et une marque en ligne.On imagine donc mal quel intérêt Casino aurait à augmenter sa participation dans le capital de Telemarket. Depuis la fin de l’année 1999, le groupe stéphanois aurait déjà englouti 23 millions d’euros dans son propre supermarché, C-mescourses.fr. Le rachat de Telemarket supposerait la disparition de l’une des marques alors que les pertes, elles, s’accumuleraient. “Casino doit nous donner sa réponse dans quelques semaines “, affirme Christian Marchandise. De son côté, Casino se refusait, en début de semaine, à tout commentaire. En France, seul Auchan ?” qui vient de lancer son site, Auchandirect (voir LNH du 9 mars)?” y trouverait son compte : il desservirait d’un coup la région parisienne. Les autres pistes se situent à l’étranger, notamment chez Royal Ahold ou Metro, qui pourraient profiter de Telemarket pour débarquer en France. Mais là encore, la situation est complexe, car Telemarket utilise la centrale d’achat de Casino (Opéra), qui n’acceptera sans doute pas de faciliter l’implantation d’un concurrent. Même si, comme le note Christian Marchandise, “Telemarket dispose d’une garantie d’approvision- nement d’Opéra sur cinq ans“.

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Maxime Rabiller et Alain Steinmann