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Le Streaming video, un vecteur de communication

La diffusion de la vidéo sur Intranet ou Internet offre à l’entreprise un lien direct pour former ou informer ses employés aussi bien que ses clients. Bien dimensionner les serveurs en termes de puissance de traitement et de capacité de stockage et les répartir en fonction du réseau utilisé et du public visé est indispensable.

La vidéo sur l’Internet public ou sur un Intranet entre dans la réalité quotidienne des entreprises. Grâce à la technique du Streaming, un nombre croissant d’internautes et d’employés visualisent des séquences vidéo en flux continu, sans avoir à télécharger de lourds fichiers.Ce secteur se trouve dynamisé par la compétition qui fait rage entre RealNetworks, avec son logiciel RealSystem Server, et Microsoft, avec Windows Media, pour imposer leur “standard“, sous les yeux du troisième acteur, Apple, avec QuickTime.La formation des employés via l’Intranet (e-learning) est l’une des principales applications. Guy Link, responsable marketing de KPNQwest explique : “L’e-learning concerne six cents commerciaux du groupe que nous formons à nos produits. Une première formation est dispensée aux commerciaux d’une filiale par une équipe qui se déplace depuis notre siège d’Amsterdam. On fait appel à l’équipe de tournage d’une agence, qui filme la formation et qui la synchronise ensuite avec des présentations effectuées sur PowerPoint. Les vidéos qui en résultent sont accessibles par Streaming sur notre Intranet, l’objectif étant la réduction des coûts liés au déplacement de nos collaborateurs.”La formation des vendeurs figure également parmi les diverses utilisations du Streaming video chez France Télécom. L’Intranet supplante les cassettes VHS pour la diffusion d’interviews et de reportages destinés à délivrer des messages auprès des forces de vente sur les différents marchés.

Une médiathèque avec un moteur de recherche

“L’une des difficultés était de classer ces reportages en cassettes. Nous avons donc monté une médiathèque avec un moteur de recherche. Depuis son poste de travail, chacun peut ainsi retrouver le thème qui l’intéresse parmi quelque cinq cents reportages en ligne”, relate Pascal Reiter, directeur du projet e-buro de FT. Ce projet définit un environnement de travail utilisateur intégrant, entre autres, la vidéo à la demande. La même médiathèque permet aussi à une personne de regarder une visioconférence à laquelle elle n’a pu participer. Pour cela, le service de visioconférence effectue des enregistrements directement en mode Streaming, qui apparaissent dans la médiathèque. Leur accès est protégé par un mot de passe.

Maintenir en parallèle trois standards d’encodage

Le parfumeur Marionnaud se sert du Streaming video pour dialoguer avec ses clients. Les visiteurs du site www.marionnaud.com peuvent ainsi visionner la vidéo tournée lors de l’inauguration du magasin situé aux Champs-Élysées, ainsi que la dernière assemblée générale des actionnaires. Les internautes peuvent aussi demander des conseils sur l’utilisation des produits à Marion, un personnage virtuel en 3D. Pour Éric Bourriot, responsable multimédia, ce n’est qu’un début : “Pour nous, la vidéo n’est pas une finalité en soi. En tant que webmestre et responsable de site, je considère que la vidéo et le Streaming sont un accompagnement qui complète très bien les pages HTML ou les images flash d’un site.”Le standard d’encodage retenu par Marionnaud est celui de RealNetworks. Le responsable multimédia laisse néanmoins une porte ouverte aux autres solutions : “Tant qu’il n’y aura pas un standard qui s’imposera ou qui nous offrira des prestations nettement supérieures, nous nous efforcerons d’utiliser les trois modes de Streaming dans la mesure du possible. Cela ne coûte pas beaucoup plus cher d’encoder la vidéo pour les trois.” Même en entreprise, où la configuration des PC des salariés se connectant sur l’Intranet est plus facile à maîtriser que celle des internautes, il vaut mieux prévoir les trois standards. C’est l’option défendue par Pascal Reiter : “On utilise essentiellement RealPlayer pour le moment. Mais on prévoit les trois. Dans le cadre d’e-buro, les mises à jour sont faites par télédiffusion et, en quelques jours, une nouvelle version d’un logiciel de visualisation vidéo peut être installée sur plusieurs dizaines de milliers de postes.”

La nécessité d’une capacité de stockage suffisante

Autre critère à considérer lors de la mise en ?”uvre d’une solution de Streaming video : la configuration des serveurs. On leur demande surtout une capacité de stockage suffisante pour accueillir les fichiers vidéo, et d’être capables de délivrer un nombre de flux vidéo (streams) simultanés correspondant au nombre de personnes susceptibles de se connecter sur le site Web à un moment donné. “Nous disposons de trois ou quatre serveurs, selon les besoins, fonctionnant sous Windows NT. Le Streaming video n’est pas gourmand en termes de puissance de traitement, nous utilisons des machines biprocesseurs Pentium à 800 MHz avec 1 Go de mémoire vive. Leur particularité est de disposer de disques de grande capacité pour stocker les fichiers vidéo. Certains offrent 45 Go, d’autres 75 Go”, souligne Pascal Reiter. KPNQwest, pour sa part, utilise les mêmes serveurs que ceux sur lesquels s’appuie son offre commerciale de Streaming video. “Pour la diffusion en interne, on utilise une plate-forme Windows Media installée à Munich, constituée de serveurs Compaq ProLiant capables de délivrer près de mille streams simultanés par machine. Un serveur de cinq cents streams simultanés devrait même suffire, les 2 300 personnes de l’entreprise ne se connectant pas en même temps”, explique Guy Link. Ne disposant ni de spécialistes ni de puissance informatique à profusion, Marionnaud a opté pour l’hébergement chez VRTV Studios. “À l’instar de notre site www.marionnaud.com, qui est déjà hébergé chez un prestataire, nous avons estimé que, pour le Streaming video, un professionnel serait plus à même de se charger de l’encodage, du stockage des fichiers vidéo, de leur diffusion, et de toutes les questions liées aux licences des logiciels des serveurs”, commente Éric Bourriot. Le contrat avec VRTV Studios permet au parfumeur de disposer du réseau de serveurs de la société Akamaï pour une diffusion rapide sur toute la planète. “Grâce à la solution Akamaï, nos vidéos peuvent être vues au Japon par des internautes qui se connectent simplement sur un serveur local. Étant un gros client d’Akamaï, VRTV Studios nous fait profiter de ses prix. Chaque mois, je paie en fonction du nombre de personnes qui ont regardé le film. Pour commencer, nous avons pris un contrat où nous sommes facturés au coup par coup, car le nombre de connexions est encore peu élevé, mais, dès qu’un certain palier sera atteint, nous opterons pour un forfait mensuel à des tarifs encore plus intéressants.”Bien que le réseau actuel de l’opérateur ne soit pas adapté à cet usage, la diffusion de la vidéo à la demande sur l’Intranet de FT se fait en respectant la qualité du son et de l’image. Une bande passante sécurisée de deux fois 4 Mbit/s est réservée à la liaison entre le réseau local ?” sur lequel est connecté un serveur de Streaming video ?” et le réseau fédérateur. Pour bien gérer cette capacité réseau, conseille Pascal Reiter, il faut “observer ce qui se passe en termes d’usage, savoir comment se répartissent les charges dans une journée et dans une semaine. Pour cela, il faut se servir des outils fournis avec les serveurs tels que RealSystem Server. Pour ne pas avoir de contention dans le réseau, nous pouvons aussi programmer les serveurs afin de limiter le nombre de streams simultanés à vingt ou trente. Mais, en vidéo à la demande, nous n’atteignons pas ce chiffre”. En revanche, des problèmes ponctuels de congestion peuvent apparaître lors de la diffusion du discours du p.-d.g. sur les orientations stratégiques du groupe, ce qui risque de provoquer un afflux de connexions. “Dans ce cas, nous avons la ressource de répartir les serveurs aux endroits où l’on sait que la bande passante est suffisante. C’est une solution provisoire en attendant notre nouveau réseau, qui sera constitué de routeurs mettant en ?”uvre la technologie multicast. Il devra nous permettre, d’ici à la fin de l’année, d’envoyer un seul flux vidéo pour couvrir plusieurs centaines de personnes alors que, aujourd’hui, chaque personne connectée représente un flux vidéo”, entrevoit le directeur du projet e-buro.

Réduire les débits pour doubler le nombre d’internautes

Pour éviter l’encombrement du réseau interne de FT, une autre solution consiste à diffuser les flux vidéo au débit de 100 kbit/s, voire 80, au lieu des 150 kbit/s habituels, en réduisant la vitesse d’encodage de la vidéo. “Cela permet de doubler le nombre de personnes qui se connectent”, assure Pascal Reiter. Pour résoudre les problèmes de diffusion à travers Internet, où les débits sont plus faibles et plus aléatoires que dans un réseau Intranet d’entreprise, VRTV Studios encode les vidéos de Marionnaud afin qu’elles puissent être reçues par des modems à 28 ou 56 kbit/s. “Compte tenu de l’infrastructure publique en France, nous nous limitons au format RealNetworks classique d’environ un huitième d’écran”, commente Éric Bourriot. Il dispose, pour produire les séquences vidéo mettant en scène le personnage de Marion, d’un outil fourni par VRTV Studios : une plate-forme développée de toutes pièces par le prestataire à partir des langages du Web (tels XML ou PHP). VRTV Studios la propose en location, en ligne, au prix moyen de 400 F ht la minute de production. Une interface spécifique, développée pour les besoins du parfumeur, a été installée sur un poste de travail. Le responsable multimédia l’utilise pour habiller le personnage, créer les fonds et les éclairages, et préparer les textes lus par Marion, la synchronisation avec le mouvement des lèvres étant assurée par un langage similaire à Smil (Synchronized multimedia integration language). ” L’intérêt de travailler avec un prestataire extérieur tient au fait que, lorsque nous faisons évoluer certaines fonctions de notre outil de production, nous n’avons pas à nous soucier de l’aspect technique”, note Éric Bourriot.

Visio Mail, un outil propre à France Télécom

Chez France Télécom, la simplification de la création de contenu a conditionné le déploiement du Streaming video. “Si, à chaque fois que l’on veut mettre un contenu sur l’Intranet, il faut faire appel à des équipes de tournage, cela coûte cher. Nous avons donc développé un outil, Visio Mail, qui permet de capturer des séquences audiovisuelles à partir des équipements de visioconférence dont nous disposons, explique Pascal Reiter. Tout abonné au service Visio Mail peut ainsi s’enregistrer en vidéo devant un terminal de visioconférence. La vidéo est automatiquement mise au format RealNetworks et stockée sur un serveur. Elle peut être immédiatement disponible via la messagerie, mais sans l’encombrer car on ne fait que transmettre l’adresse du fichier, l’utilisateur qui veut la visualiser cliquant sur l’adresse. La vidéo peut aussi être installée par le webmestre derrière un lien hypertexte sur une page Web. Certains services de FT qui font de la formation individualisée mettent ainsi des liens pointant sur des enregistrements vidéo réalisés par un professeur. Et on peut associer à cette vidéo des transparents qui sont synchronisés et s’affichent dans une seconde fenêtre du PC de l’utilisateur.”Faire du Streaming video un outil fiable et opérationnel requiert un minimum d’exploitation. Chez FT, on recourt à une hot line, que l’utilisateur appelle s’il n’arrive pas à lire une vidéo, s’il y a un problème de réseau ou si son poste de travail n’est pas équipé de la bonne version de logiciel de visualisation. D’autre part, pour éviter la prolifération anarchique des vidéos, le stockage sur les serveurs est une prestation facturée aux services utilisateurs. “Cette pratique permet de sensibiliser ceux qui installent des fichiers vidéo sur l’Intranet au fait que cela implique une exploitation et des équipes techniques, et, donc, qu’il ne faut pas laisser des fichiers trop longtemps sur les serveurs”, note le directeur du projet e-buro.

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Henri Pradenc