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Le SMS surtaxé, nouvel Eldorado des opérateurs

Dès la fin de l’année, les messages courts sur téléphones portables seront facturés à des tarifs différents en fonction des services demandés. Une manne inespérée pour les opérateurs mobiles et pour les éditeurs de contenu.

Le modèle du kiosque Minitel n’en finit pas d’être décliné. Sa dernière variante : l’adaptation de ce service de facturation par paliers aux SMS (Short Message Service). Proposés aujourd’hui au tarif unique d’1 franc (0,15 euro) par les opérateurs mobiles français, ces messages alphanumériques envoyés sur les téléphones mobiles vont afficher des tarifs différents à partir du quatrième trimestre 2001. Objectif de l’opération : faire payer aux utilisateurs les informations qu’ils consomment à partir de leur téléphone mobile, mais également rétribuer les éditeurs de contenus. Concrètement, le fonctionnement des SMS surtaxés est simple : l’utilisateur envoie un mes-sage court incluant un mot clé (par exemple ” cinéma “) vers un numéro spécifique et reçoit une réponse quelques instants après. En fonction du service demandé, le SMS sera facturé à un tarif différent.

Divers paliers de facturation

Les numéros de ce futur ” kiosque SMS ” devraient être constitués de cinq chiffres, pour être facilement mémorisables. Le premier de ces chiffres indiquera le palier de facturation (comme le faisaient les 36 15 ou les 36 17 du Minitel) et les quatre suivants correspondront au code du service. Les opérateurs imaginent un premier palier gratuit, exploité à des fins de marketing (du type “Envoyez un SMS au 01234 pour recevoir sur votre mobile les coordonnées du supermarché le plus proche de vous “). Puis viendraient des paliers de 0,15 euro pour de l’information générale, de 0,30 euro pour des contenus et des services plus pointus (information boursière ou liée à la localisation du téléphone mobile) et enfin 0,50 euro pour obtenir des images, des sonneries.

Du beurre pour les éditeurs

L’intérêt pour les opérateurs est clairement de développer leurs revenus, mais aussi de permettre aux fournisseurs de contenus d’être ?” enfin ?” rémunérés pour les services qu’ils proposent. Ainsi, en Espagne, où le système vient d’être lancé, les opérateurs reversent entre 80 et 60 % de leurs revenus aux éditeurs de services, qui génèrent plus de 10 000 SMS surtaxés par mois. De plus, les raffinements des messages courts à tarification variable semblent innombrables. Au lieu de simplement surtaxer un message court envoyé, il est possible de facturer l’utilisateur pour un SMS reçu, un service encore gratuit aujourd’hui. Un utilisateur pourra par exemple s’abonner sur internet pour recevoir des alertes boursières.Au lieu de payer en ligne un abonnement fixe, il sera facturé directement par son opérateur pour chaque alerte reçue. Autre sophistication : l’utilisation du message court surtaxé comme moyen de paiement. En envoyant un SMS, les Finlandais peuvent acheter leur place de cinéma ou encore payer un soda dans un distributeur. Comme l’explique Stanislas Chesnais, PDG de Netsize, le SMS surtaxé peut devenir le moyen idéal pour effectuer des micropaiements : acheter un fichier musical au format MP3 sur le web ou consulter les archives d’un journal en ligne. Et c’est peut-être la raison pour laquelle les opérateurs français perçoivent subitement l’intérêt du système.

Enfin, un paiement mobile

En autorisant l’achat de biens de consommation courante, ces messages pourraient bien représenter la première véritable solution de ” mobile payment “, alors que toutes les initiatives lancées jusqu’ici n’ont pas rencontré de réel succès. Cependant, si le modèle économique du kiosque SMS semble stable, ses modalités de mise en place se montrent bien plus épineuses. Pour un service donné (Allociné, par exemple), le numéro auquel le SMS est censé faire appel doit être identique, quelque soit l’opérateur concerné.

ART ou GIE

C’est-à-dire qu’il faudra avoir recours soit à une décision de l’Autorité de régulation des télécommunications sur le plan de la numérotation, soit à un regroupement des trois opérateurs au sein d’une structure qui pourrait éventuellement prendre la forme d’un GIE (groupement d’intérêt économique). Mais ?” c’est une chance pour les opérateurs ?” des exemples existent à l’étranger. Le SMS surtaxé est opérationnel en Finlande depuis 1998. Il vient d’être lancé en Espagne. En Belgique, deux opérateurs sur trois qui l’ont adopté. En Grande-Bretagne, Vodafone a ouvert le bal. L’opérateur devrait être rejoint dans les semaines à venir par BT Cellnet. En France, selon nos informations, SFR serait le plus avancé puisqu’il mènerait des pilotes avec des éditeurs de contenus. Avec un panel d’utilisateurs triés sur le volet, la filiale de Cegetel (Vivendi Universal) expérimente sa plateforme de facturation et les reversements aux services fournissant des logos ou encore des sonneries. L’opérateur pourrait même être prêt avant le quatrième trimestre.
Les opérateurs cherchent à profiter de l’explosion prévue des SMS













































































































































































































 Nombre de SMS envoyés par pays et par mois (en millions) (*) prévisions  
 Pays     déc. 00     mars-01     juin-01     sept. 01(*)     déc. 01(*) 
                     
 France     875     1 100     1 300     1 500     1 800 
                     
 Allemagne     2 300     2 600     2 900     3 100     3 950 
                     
 Italie     925     1 200     1 400     1 600     1 800 
                     
 Espagne     750     1 000     1 200     1 400     1 600 
                     
 Suède     555     750     850     925     1 000 
                     
 Grande-Bretagne     675     1 000     1 300     1 500     1 700 
                     
 Total Europe     10 250     12 800     15 100     17 020     20 000 
  
Vingt milliards de SMS devraient être envoyés chaque mois dès la fin de l’année. Dans huit des quinze pays de l’Union européenne, plus d’un milliard de SMS pourraient transiter sur les réseaux des opérateurs.

Source : Mobile Lifestreams, 2001

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Alain Steinmann