Passer au contenu

Le sans-fil : une bonne idée aussi pour le réseau local

Solution complémentaire à celle du filaire et destinée à des usages particuliers, la norme 802.11b (Wi-Fi) s’impose pour les réseaux locaux sans fil.

Lors de la réalisation d’un réseau d’entreprise, l’une des questions qui reviennent régulièrement est : cuivre ou fibre ? Il existe pourtant une troisième voie : le sans-fil. Celui-ci n’a pas vocation à remplacer les réseaux filaires, car il n’offrira jamais la même capacité (une dizaine de Mbit/s, contre 1 Gigabit). Le choix du sans-fil se justifie toutefois comme complément d’un réseau filaire pour desservir des locaux difficiles à câbler, ou bien dans le cas d’une utilisation provisoire (manifestation temporaire, locaux occupés pour une courte durée) ou d’un déploiement rapide en attendant la construction d’un système de câblage, ou encore pour favoriser les déplacements dans l’entreprise ?” pour rester connecté aux serveurs, que l’on soit dans son bureau ou dans la salle de réunion. Certaines entreprises optent toutefois directement pour un réseau sans fil, même pour les postes fixes, jugeant que la souplesse d’utilisation et la facilité de déploiement compensent largement les 20 % de surcoût généralement admis par rapport à un réseau classique.Les opinons évoluent. Il y a encore quelques années, la technologie sans fil n’avait pas bonne réputation. Elle était jugée tout à la fois peu fiable, coûteuse, d’une bande passante limitée (quelques centaines de Kbit/s), difficile à mettre en ?”uvre et n’offrant guère de sécurité. Ces reproches étaient surtout fondés lorsque les systèmes propriétaires fleurissaient, comme le fameux Wavelan de Lucent. Depuis, la normalisation est passée par là, donnant à cette technologie des garanties d’interopérabilité (jusqu’à un certain point, toutefois) et rendant son utilisation plus facile. En outre, la technologie a progressé, améliorant la sûreté de fonctionnement et offrant des performances supérieures (plusieurs Mbit/s) pour un prix moindre et une meilleure confidentialité des données.

Séquence directe ou saut de fréquence

Aujourd’hui, la norme de base pour les réseaux locaux sans fil est le 802.11b. Elle est édictée par l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers), organisme américain de normalisation qui couvre les technologies de réseau local. On la qualifie d’Ethernet sans fil, car elle offre une bande passante théorique partagée de 11 Mbit/s (plutôt de 5 ou 6 Mbit/s en pratique), qui rappelle les fameux 10 Mbit/s de l’Ethernet 10 BaseT sur cuivre. Pour aider à sa diffusion, le 802.11b porte désormais un nom commercial à peine moins barbare : Wi-Fi (Wireless-Fidelity). Enfin, une association regroupant environ quatre-vingts constructeurs, la Weca (Wireless Ethernet Compatibility Alliance), travaille plus spécialement sur l’interopérabilité entre produits. Wi-Fi fonctionne dans la bande de fréquences très sollicitée des 2,4 GHz ?” d’autres technologies l’utilisent, comme HomeRF et Bluetooth. En France, elle était fortement colonisée par l’armée, qui a dû la libérer, mais pas entièrement. Si bien que seuls les canaux 10 à 14 sont disponibles. De plus, chez nous, l’utilisation de réseaux 802.11b donne lieu à une déclaration dans les villes de plus de cinquante mille habitants et nécessite une autorisation dans les autres.La transmission s’effectue par séquence directe : une fois la fréquence sélectionnée, toute la communication a lieu sur celle-ci. Avantages : le système est simple, stable, et la portée maximale. Mais, inconvénient : si cette fréquence est perturbée, la qualité de transmission s’en ressent. Une autre technique est le saut de fréquences, qui consiste à passer d’une fréquence à l’autre (dans le canal) plusieurs dizaines de fois par seconde (voire jusqu’à soixante mille fois dans le cas de Bluetooth). Avantages : la qualité est mieux garantie, puisque l’utilisation d’une fréquence perturbée ne dure pas très longtemps, et la sécurité plus forte, car il est difficile de pirater une transmission qui change aussi vite de fréquences. Inconvénients : les équipements sont plus complexes et la portée plus limitée, le système devant à chaque fois “s’ajuster “.

Une portée de 100 m en extérieur, et 50 m à l’intérieur

Côté bande passante, les 11 Mbit/s offerts par chaque point d’accès (borne radio connectée au réseau filaire) sont partagés entre tous les utilisateurs reliés à cette borne. Si bien que plus les utilisateurs sont nombreux à transmettre, moins chacun d’eux dispose de bande passante. Tout comme cela se passe avec l’Ethernet filaire “partagé” dans un concentrateur. Pour augmenter la capacité du système sans fil, il faut donc ajouter des points d’accès. Grâce aux travaux de la Weca, il est désormais possible d’avoir des cartes d’un fournisseur et un point d’accès d’un autre fournisseur. La portée est théoriquement de 100 mètres (avec une antenne classique) en extérieur, mais de seulement 30 à 50 mètres en pratique dans des bâtiments. La confidentialité des échanges est garantie par la norme WEP (Wire Equivalent Privacy), fondée sur des clés de chiffrement à 40 bits au début et à 128 bits aujourd’hui (interopérabilité théorique, mais non encore garantie). Quant à l’authentification, elle devrait s’appuyer sur la norme 802.1X, mise en avant par Cisco et Microsoft (elle est en standard dans Windows XP) notamment. Elle n’est pas à proprement parler liée aux réseaux sans fil, mais elle sera utilisée dans ce cadre. En fait, un nouveau comité, le 802.11i, travaille sur ces questions globales de sécurité, prenant en compte non seulement le 801.1X, mais aussi des mécanismes de type Kerebos et Radius. Wi-Fi permet l’itinérance (roaming). C’est-à-dire qu’il est possible de se déplacer pendant la transmission sans perte de la session, et même de passer d’un point d’accès à un autre, si leurs zones de couverture se recouvrent partiellement. Reste la question de la qualité de service et des communications vocales éventuelles. Issue d’un monde purement informatique, la norme n’est pas prévue pour le vocal. Toutefois, un sous-comité du 802.11 planche sur une norme 802.11e comportant des mécanismes de priorité appliqués à certains flux (voix). Mais elle s’appliquera plutôt aux futures normes, car elle est incompatible avec le 802.11b au niveau de la couche physique (sauf adaptations à venir). Du coup, certains constructeurs, comme Cisco (Aironet), travaillent sur des solutions propriétaires. Enfin, l’alimentation des points d’accès directement par le câble Ethernet du réseau filaire est possible grâce au standard 802.11 af.Des évolutions de Wi-Fi sont prévues, et une norme 802.11g à 22 Mbit/s est annoncée. Elle aurait dû être ratifiée au printemps par le comité 802.11, mais deux propositions étaient en concurrence ?” celle de Texas Instruments et celle d’Intersil. La première a été rapidement éliminée, et la seconde n’a pas pu obtenir les 75 % de votes requis. Finalement, Intersil l’a emporté en juillet à Portand. A plus long terme, une autre norme, le 802.11a, hissera la capacité à 54 Mbit/s, mais la portée tombera à une trentaine de mètres. L’une des causes en est l’utilisation de fréquences dans la bande des 5 GHz (plus la fréquence est élevée, plus l’atténuation du fait de la distance est importante). La norme est déjà ratifiée, mais les produits n’existent pas encore, car les constructeurs travaillent à la conception de nouveaux circuits, plus intégrés, moins chers, et qui ne se transforment pas en radiateurs après quelques minutes d’usage.

Intel, Compaq, IBM et HP poussent Home RF

Le 802.11a entre en concurrence avec l’Hiperlan 2, défini par l’Etsi (European Telecommunication Standard Institute). Si le second paraît, du point de vue technologique, plus élaboré que le premier ?” il travaille notamment en saut de fréquences et dispose de mécanismes de qualité de service ?”, il n’a pratiquement pas d’avenir. Hormis Ericsson, aucun industriel n’a, pour le moment, opté pour lui ; les autres ?” y compris les Américains ?” sont dans l’expectative. Son seul avenir réside dans le 802.11h, qui serait une sorte de compromis entre le 802.11a et l’Hiperlan2 : le fonctionnement de base serait celui du 802.11a, auquel seraient ajoutés des mécanismes évolués propres à l’Hiperlan2, tels que la sélection dynamique de fréquences et le contrôle de la puissance d’émission. Un autre concurrent du 802.11 est la technologie de HomeRF 1.1, qui fonctionne dans la bande des 2,4 GHz en saut de fréquences et offre une bande passante de 1,6 Mbit/s. Fondé sur le système OpenAir de Proxim, il est poussé par des industriels comme Intel, Compaq, IBM ou HP et est distribué en France par France Télécom. Ce système vise en premier lieu les foyers, mais la version 2.0 passe à 10 Mbit/s et offre de la qualité de service. Il est capable de véhiculer données et voix, tout comme le Dect (Digital Enhanced Cordless Telecommunications), standard européen, dont il est d’ailleurs dérivé. Quant à Bluetooth, il semble le plus cantonné au rôle de réseau personnel (PAN ou Personal Area Network), pour les connexions entre PC et périphériques ou entre PC et assistant électronique, ou encore avec le téléphone cellulaire.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jean-Pierre Soulès