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Le roi Sommer et sa cour

Ron Sommer s’est bâti un directoire à sa mesure. Il y règne en maître. Mais arrivera-t-il à sauver sa tête…Au quartier général de Deutsche Telekom à…

Ron Sommer s’est bâti un directoire à sa mesure. Il y règne en maître. Mais arrivera-t-il à sauver sa tête…Au quartier général de Deutsche Telekom à Bonn, Ron Sommer a un surnom : “le roi soleil”. Un jeu de mot lié à son patronyme (Sommer signifie été en allemand). Ron Sommer aime diriger et il ne le cache pas. Quand il présente ses résultats, il ne monte pas sur l’estrade avec l’ensemble de son Vorstand (directoire) comme le font la plupart des patrons allemands, qui veulent signifier à quel point ils sont respectueux de la collégialité. Le 23 avril, Ron Sommer trônait avec, à sa droite, son directeur de la communication et, à sa gauche, Karl-Gerhard Eick, le membre du directoire chargé des finances et du contrôle de gestion.

Amis

?’gé de 48 ans, Karl-Gerhard Eick qui a pris ses fonctions il y a seulement deux ans, est l’un de ses proches. Comme la plupart des membres du directoire, dont Ron Sommer, débauché de la présidence de Sony Europe pour prendre la tête de Deutsche Telekom en 1995, Eick ne vient pas du sérail des télécoms. Autre particularité : rares sont les membres du Vorstand de Deutsche Telekom dont l’ancienneté égale celle de Ron Sommer. Hormis Heinz Klinkhammer, chargé du personnel, qui a quitté le directoire du groupe Mannesmann en 1996 pour Deutsche Telekom.

Fusibles

Gerd Tenzer, 59 ans, est le seul véritable “ancien” à avoir survécu à l’hécatombe. Pourtant, l’année dernière, ce vieux routard des télécoms, qui était déjà membre du directoire de la Bundespost et Telekom en 1990, a bien failli y passer. À l’époque, on s’interrogeait déjà sur l’avenir de Ron Sommer tant l’action Telekom paraissait flapie à 30 euros. Personne n’imaginait alors qu’elle pourrait descendre en dessous de 13 euros ! Toujours est-il que, brutalement, Ron Sommer, particulièrement sur les nerfs, s’était séparé de l’un de ses plus anciens conseillers, Franz Arnold, un social-démocrate déclaré. Dans la foulée, il comptait aussi se débarrasser de Gerd Tenzer, également social-démocrate. Le motif : les deux hommes auraient été à l’origine des bruits sur la possible révocation de Sommer… Sous l’Ancien Régime, on coupait des têtes pour moins que cela. Tenzer a été sauvé par ses amis politiques, mais Sommer l’a relégué aux affaires de production et techniques.En mai 2001, Sommer a aussi mis à la porte Frerich Görts, ancien membre du directoire chargé du personnel et surtout directeur des affaires immobilières. À l’époque, Deutsche Telekom était accusé d’avoir falsifié le portefeuille foncier du groupe et avait été obligé de déprécier ces actifs et de laisser les auditeurs fureter dans la maison. Chaude ambiance…

Nouvelle génération

Sommer a profité de cette affaire pour réorganiser son directoire. Il a confié la direction de T-Com et T-Systems à Josef Brauner, qu’il avait recruté chez Sony en 1997. Et il a donné un coup de jeune en chargeant Kai-Uwe Ricke, 41 ans, de s’occuper de T-Mobile et T-Online. Max Hirschberger, 45 ans, est arrivé pour traiter les affaires corporate et Jeffrey A. Hedberg, 41 ans, l’Américain de la bande, a été confirmé à l’international. Si Sommer ne peut sauver sa tête cette fois, l’un des Sommers Boys pourrait hériter de la charge. Les paris sont lancés : lequel de ces messieurs va réussir à se hisser sur le fauteuil du roi Soleil ?

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Odile Benyahia-Kouider*