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Le roi est nu et moi je déprime

Ce coup-là, je suis très en colère : ils sont vraiment gonflés, les gars ! Je parle des affreux de chez Enron-Andersen, qui, en quelques heures,…

Ce coup-là, je suis très en colère : ils sont vraiment gonflés, les gars ! Je parle des affreux de chez Enron-Andersen, qui, en quelques heures, ont réussi à détruire la 7e entreprise d’Amérique et à obscurcir l’avenir d’un des Big Five. Au plus fort de sa cote (mi-2000), Enron pesait 60 milliards de dollars (69,3 milliards d’euros) en Bourse. Et aujourd’hui ? Zéro, à poil, pas un radis. Des années pour bâtir un empire, quelques heures pour l’anéantir. Tout ça pour des magouilles financières de bas étage. On les verrait dans un film d’Oliver Stone, on se dirait : “Là, pas possible, il exagère !” Eh bien, si, c’est possible. Plus les affaires sont grosses, plus les combines sont énormes et plus les gens sont myopes.La seule vérité pour tous ces requins, ce sont leurs chiffres qu’ils manipulent à leur guise. D’où la terrible interrogation d’Ernest Renan : “Qui sait si la vérité n’est pas triste ?” Moi, j’ai commencé à avoir des doutes sur la morale du business le jour où j’ai lu dans un dictionnaire économique la définition d’éthique : “Ensemble d’attitudes et de comportements dont il est souhaitable de tenir compte.” Une stratégie éthique est donc simplement une attitude réaliste. Bref, on peut magouiller, tant que ce n’est pas découvert. Mais, ce jour-là, tout le monde en prend pour son grade : patrons, analystes, audits, journalistes. Ceux-ci s’excusent de n’avoir pas vu le coup venir en disant : les affaires d’Enron étaient si compliquées que peu de gens les comprenaient. Mais alors, pourquoi tant de gens y croyaient dur comme fer, s’ils n’y pigeaient rien ? Voilà pourquoi je suis en colère : je pense à tous les entrepreneurs honnêtes et travailleurs (il paraît qu’il y en a) dont le business est désormais recouvert d’un ciel lourd de suspicion. Ils vont mettre du temps à s’en remettre. C’est lointain, mais on aurait dû s’en souvenir : en 1797, lauteur de théâtre George Colman lança dans une de ses pièces “Business is business “. Yes, but death is death.

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La rédaction