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Le retour en force des ateliers de génie logiciel

A l’instar de Visual Studio.Net de Microsoft et de WSAD d’IBM, les outils de développement reviennent au tout-intégré. Objectif productivité !

En quatre ans à peine, l’évolution des infrastructures logicielles internet a été fulgurante. Un progrès ininterrompu, que les éditeurs d’outils de développement ont eu bien du mal à suivre. En témoignait le rapport intitulé “Panorama des serveurs d’applications “, paru au printemps 2001 et publié par Owendo Technologie. Franck Gonzales, directeur de cette société, en rappelle la principale conclusion : “Les produits obligent à faire un choix exclusif entre, d’un côté, le respect des standards et, de l’autre, la productivité.” Il regrette du même coup la puissance des environnements de développement client-serveur : “A exigences fonctionnelles identiques, l’écriture d’une application web prend 50 % plus de temps que son équivalent client-serveur.” Une faiblesse que les nouveaux outils sont enfin en mesure de gommer.

Une kyrielle de technologies dans un seul outil

Annoncé en novembre 2001 et disponible en version française en mars 2002, Websphere Studio Application Developer (WSAD), d’IBM, le successeur de Visual Age for Java, devrait séduire bon nombre de développeurs et de chefs de projet. “C’est le type d’outil que la communauté Java attendait “, déclare sans ambages Didier Girard, directeur technique du cabinet de conseil Improve. “On revient à la philosophie du tout-intégré des ateliers de génie logiciel (AGL – NDLR) d’antan, observe Franck Gonzales. Cela aura un impact favorable énorme sur la productivité.” Sous une même interface visuelle, WSAD coiffe toute une série d’outils, de la création de pages HTML ?” autrefois déportée dans un produit à part (Websphere Studio) ?” à l’écriture d’Enterprise Javabeans (EJB), en passant par la définition de l’accès aux données. La fonction auteur d’élaboration de pages HTML est jugée par certains aussi conviviale et performante que les références en la matière, Dreamweaver ou Homesite de Macromedia. WSAD fournit aussi un référentiel de configuration logicielle (Clearcase LT de Rational ou CVS), un éditeur XML (DTD, XML Schema, XSLT, etc.), ainsi qu’un module dédié à l’optimisation de code Java (Profiling). A ce titre, Borland vient tout juste d’acquérir la société Redline Software pour Optimizeit, son “profiler” de code Java. Avec JBuilder, reconnu jusqu’alors comme le meilleur outil de développement Java, Borland ne déroge pas à la tendance du tout-en-un. Dans sa version Enterprise Studio for Java, il associe à JBuilder l’outil de modélisation UML Rose, de Rational. Le 5 février dernier, ce dernier a annoncé un produit majeur, baptisé eXtended Development Environment. Lequel viendra s’enficher, selon la même charte visuelle, dans WSAD et dans Visual Studio.Net (VS.Net) de Microsoft.Dans la mouture antérieure ?” la version 6 ?” de Visual Studio, la firme de Redmond s’était déjà orientée vers un semblant d’intégration de ses différents logiciels, qui s’apparentait davantage à un fourre-tout abritant Interdev, pour le développement de pages ASP, Visual C++, Visual Basic (VB), Visual Modeler, etc. Avec VS.Net, tant attendu et dont la version anglaise sera mise en boîte et commercialisée à la mi-février, Microsoft frappe fort. “Quel que soit le langage utilisé, on reste dans un environnement de développement unique “, explique Antoine Driard, chef de produits VS.Net chez Microsoft France.

Les frameworks sont sous le feu de l’actualité

Livré avec l’outil.Net Framework, l’ensemble des services du nouveau modèle objet distribué de Microsoft accueille une vingtaine de langages, dont C#, C++, VB, Cobol, Eiffel, etc. Dans sa version Enterprise Architect, VS.Net propose, via le logiciel Visio, ses propres fonctions de modélisation de schémas de base de données et de traitements applicatifs. Il dispose également d’un module de test de montée en charge et fonctionnel. La gestion de version est assurée par Sourcesafe.De même que dans WSAD, la section consacrée à la réalisation du client web fait désormais partie intégrante de l’outil, avec une avancée notable : “Comme pour une interface graphique Windows, la création d’un client web relève maintenant d’un mode de programmation événementielle “, se réjouit Jean-Louis Bénard, directeur technique de Business Interactif. Une prouesse impossible sans la présence du framework.Net. Les frameworks ?” en français, structures d’accueil ?” sont plus que jamais sous les feux de l’actualité. WSAD s’appuie sur l’un d’eux, Websphere Studio Workbench (WSW), déclinaison industrielle d’Eclipse, son pendant open source assujetti à la licence Common Public Licence. WSW croise le fer avec Netbeans, le framework J2EE de Sun.Suite à un accord avec ce dernier, Compuware fut autorisé à en exploiter le code source pour concevoir son nouvel outil, sorti en décembre. Nommé OptimalJ et fort de son moteur de règles de gestion, il opère une génération de code J2EE guidée par les modèles de conception UML, enrichis de “design patterns”?” patrons de conception ?” qui permettent de produire le code Java en conformité avec les services offerts par le framework sous-jacent. L’objectif de ce type d’approche très séduisante, que l’Object Management Group range sous l’appellation de Model Driven Architecture, est de doper la productivité par une plus grande automatisation et de masquer la complexité de la “plomberie” des infrastructures objet distribuées. Salué par des analystes, comme le Giga Group ou Gartner, OptimalJ, qui inclut le moteur de Servlet Tomcat et le container EJB Jonas, évolue pour cibler les serveurs d’applications Weblogic, Websphere et iPlanet. Compuware pense appliquer cette démarche au framework.Net, de Microsoft. Une orientation déjà prise par Togethersoft (dirigé par un gourou des méthodes de conception objet, Peter Coad), dont l’outil Controlcenter, bien plus qu’un logiciel de modélisation, couvre le cycle d’une application moderne, qu’elle soit écrite en Java, en C++, en VB.Net ou en C#.

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Stéphane Parpinelli et Ludovic Arbelet