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Le retour des profits devrait entraîner une remontée des indices

Bien que nous constations un net retard du cycle des profits sur le cycle économique (on parle même de ” récession des profits “), les perspectives en la matière sont favorables.

Le recul récent des marchés d’actions est dû en partie aux profits réalisés au premier trimestre 2002 qui, comparés à la même période de 2001, sont en net retrait : une chute de 12 % pour le Standard & Poor’s 500 (après – 16,3 % pour 2001). Ne disposant pas de statistiques trimestrielles pour le CAC 40 et l’Eurostoxx 50, nous restons sur les chiffres 2001 : – 20,2 % et – 27,8 % pour les bénéfices par action pondérés.Malgré ce recul récent, les marchés ne présentent pourtant pas des PER dépréciés, loin de là (20,5 pour le S & P 500, 19,4 pour l’Eurostoxx 50 et 20,2 pour le CAC 40). Si l’on compare le PER du S & P 500 avec l’inverse du taux à 10 ans (environ 5 % actuellement, soit un ratio de 20), on constate que les deux résultats convergent. On peut en conclure que les actions sont loin d’être sous-évaluées à leur niveau actuel. C’est donc, selon nous, l’évolution des profits futurs des entreprises qui déterminera la remontée des indices actions. Or, bien que nous constations un net retard du cycle des profits sur le cycle économique (on parle même de “récession des profits”), les perspectives en la matière sont favorables. Alors que se cumulaient, au dernier trimestre 2001, les incertitudes électorales, la hausse de l’énergie et des conditions climatiques historiquement mauvaises, la confiance des ménages a commencé à reculer et la demande adressée aux entreprises à baisser. Elles ont donc entrepris une phase d’ajustement brutal : plans de restructurations massifs entraînant de forts licenciements, amorce du déstockage et arrêt de l’investissement productif. Ce phénomène s’est amplifié après le mois de septembre 2001.

Profitabilité orientée à la hausse

Les chiffres de la productivité au premier trimestre 2002 sont globalement en hausse (+ 8,6 %, après + 6,5 % au 4e trimestre 2001 et – 1,9 % au 3e trimestre 2001). La productivité progresse désormais plus vite que les revenus personnels et surtout que l’ECI (Employment Cost Index, indice du coût de l’emploi), qui passe de 4,4 % au mois de juin 2000 en rythme annuel à 3,9 % actuellement. Tous les ingrédients sont donc réunis pour que la profitabilité des entreprises américaines soit fortement orientée à la hausse (les marges et les profits seraient en effet en nette reconstitution), dans le cadre d’une reprise de l’investissement, encouragée par le recul des prix des biens d’investissement, de l’anticipation d’une croissance économique soutenue et de taux d’intérêt bas. Les analystes ont intégré cette capacité de rebond des profits en 2002 tout en constatant la dégradation de la situation au 1er trimestre, qui subit encore le poids des restructurations.Alors qu’en début d’année, ils attendaient un repli de 6 % des profits au premier trimestre 2002 du S & P 500 par rapport aux mêmes mois de 2001, ceux-ci sont en recul de près de 13 %. Leur séquence pour les 2e, 3e et 4e trimestres est de + 8 %, + 28 % et + 42 %. Cela ferait passer les profits opérationnels pondérés du S & P 500 de 423,90 milliards de dollars [460,1 milliards d’euros, ndlr] en 2001 (499,13 en 2000) à 484,9 milliards en 2002, soit une progression de 14,4 %, le double de la tendance (+ 7 %) constatée depuis 1960. Pour 2003, les analystes attendent un chiffre aux alentours de 583 milliards de dollars.

L’Europe n’est pas en reste

Ramenés en dollars par action, les profits du S & P 500 s’établiraient à 52,17 dollars en 2002 (soit un PER de 20,5 pour un indice à 1 073) après 45,30 dollars en 2001 et 54,71 en 2000. La séquence des profits trimestriels 2002 serait de 11 dollars au 1er trimestre, 12,50 au 2e, 13,90 au 3e et 14,80 au 4e trimestre. Pour 2003, les analystes anticipent 62,60 dollars : à PER constant, cela induit un S & P 500 à 1 283, soit une hausse de plus de 19 % à l’horizon de la fin de l’année prochaine.Si les prévisions de hausse des profits pour le S & P 500 sont de 14,4 % pour 2002 et 19,7 % pour 2003, celles concernant lEurostoxx (+ 25,5 % et + 21,3 %, après – 27,8 % en 2000) et du CAC 40 (+ 25,2 % et + 21,6 %, après – 20,2 % en 2000) sont nettement supérieures.*Chef économiste, Global Equities

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Jean-François Virolle*