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Le radio-LAN peut encore mieux faire

Les technologies radio destinées à connecter les postes de bureau traditionnels au réseau local n’ont pas encore atteint leur pleine maturité. Ces radio-LAN sont aujourd’hui surtout mis en ?”uvre comme compléments des réseaux filaires dans des zones où le câble n’est pas viable ou peu efficace.

Plus besoin, en théorie, de choisir entre mobilité dans l’entreprise et connexion câblée informatique. Pour s’affranchir des câbles immobilisant les postes de travail, il ” suffit ” d’équiper les bâtiments d’un réseau local sans fil de bornes communiquant par voie hertzienne avec des portables équipés de mini-antennes radio. Cet argumentaire en faveur des réseaux locaux radio se heurte pourtant sur le terrain à une réalité plus complexe. “ On aurait pu mettre en place un réseau local filaire, mais qui ne nous aurait offert aucune souplesse”, affirme, d’emblée, Fabrice Engel, responsable informatique de Behr Lorraine, fabricant de condenseurs pour la climatisation des véhicules automobiles, à Hambach.Cette entreprise de l’est de la France a ainsi équipé son hall de production de bornes radio 11 Mbit/s. Des lecteurs portables de codes-barres munis d’une antenne radio transmettent les informations nécessaires dans le cadre des contrôles de qualité.Cet exemple illustre la niche exploitée par le radio-LAN : le prolongement du réseau filaire, là où il se révèle inopérant… Dans les réseaux locaux radio, les ondes hertziennes remplacent les câbles pour véhiculer les informations entre un terminal et un point d’accès radio. Cette borne est reliée à l’infrastructure filaire sur laquelle se raccordent les serveurs. Les performances de ces réseaux radio (2 Mbit/s au départ, 11 Mbit/s maintenant) et leurs contraintes d’installation, liées à l’utilisation de fréquences radio, les cantonnent, de fait, à des applications spécifiques. En France, leur installation est, en outre, soumise à une autorisation délivrée par l’Autorité de régulation des télécommunications. L’armée occupe, en effet, la bande de fréquences des 2,4 GHz retenue pour ces réseaux.Dans un banc d’essai que nous avions réalisé en début d’année, nous constations que les versions les plus récentes des équipements s’appuyant sur cette technologie offraient un débit nominal de 11 Mbit/s et permettaient d’échanger des données à 4,5 Mbit/s dans les meilleures conditions (distance de 20 m sans obstacle entre la borne et le poste client).

Des applications de niche

Ces freins n’empêchent pas les entreprises de choisir cette option tant le besoin de connexions sans fil pour le compte de postes de travail nomades est réel. Il convient, en revanche, que les contraintes de débit et de temps de réponse de l’application concernée soient compatibles avec celles de la technologie radio.Ainsi, un besoin applicatif précis a conduit Air France à couvrir par voie radio une surface de 100 000 m2 d’aires de stationnement des avions de Roissy 2. “Nous devions pouvoir intervenir directement sous l’avion afin que les bagagistes communiquent en temps réel, à partir de terminaux portatifs, les informations nécessaires à la traçabilité des bagages sur le hub de Roissy à Charles-de-Gaulle 2 “, explique Charles Lapiquonne, chef de projet SRB (système de reconnaissance des bagages) chez Air France. Ce suivi des bagages à Roissy permet de répondre plus efficacement à l’obligation faite aux compagnies de vérifier que les bagages chargés dans la soute appartiennent aux passagers montés à bord.Chez Behr Lorraine, l’espace à couvrir était plus modeste, puisqu’il ne concernait qu’un hall de production long de 200 m pour 60 m de largeur. La solution filaire aurait pu être envisageable, mais un réseau Ethernet aurait eu à subir des coûts de modifications récurrentes liées à la réorganisation incessante du site de production où 1 250 personnes travaillent en trois équipes. Seuls cinq bureaux mobiles ont quand même dû être câblés pour des raisons de débits insuffisants des liaisons radio. L’application concernée par le réseau sans fil consiste à suivre, grâce à un lecteur de codes-barres, les pièces ayant passé avec succès le contrôle de qualité. La société possédait déjà un réseau radio propriétaire, de marque Symbol, sur une ligne de production. La mise en ?”uvre de l’application de contrôle de qualité a été l’occasion de déployer un réseau radio 11 Mbit/s de dernière génération.

Des portées radio de plus de 150 m

Chez Guerlain, tout autre contexte et… tout autre ambiance. Ici, dans l’univers feutré des treize boutiques de la société, le sans-fil est au service du client. Un réseau local radio 2 Mbit/s d’origine Proxim a été mis en place, avec une borne dans chaque boutique du parfumeur. Les vendeuses, armées de leur tablette avec antenne radio, saisissent la commande de leur client. Cette dernière est immédiatement transmise au serveur NT vers l’entrepôt où sont stockés les produits. Les achats sont ensuite livrés à la caisse au moment où le client effectue son règlement. Cette solution accélère le travail à la caisse.Une fois opéré le choix d’une solution de réseau radio, l’implantation des antennes assurant la couverture radio du site joue un rôle central. De cette implantation dépendra la performance du réseau sans fil. Elle doit résulter d’un subtil équilibre entre la topographie des lieux et les contraintes applicatives. En général, le fournisseur du matériel radio réalise l’étude d’implantation, ainsi que les tests de validation.

“L’aire de stationnement d’un Boeing 747 sous la carlingue duquel interviennent les bagagistes couvre à elle seule 5 000 m 2 et elle se situe entre 50 et 100 m de distance au minimum des bâtiments. Or, les portées radio annoncées par les constructeurs se limitaient à 50 m en moyenne, ce qui était trop juste. Nous avons choisi Symbol pour la capacité de son matériel à posséder une portée radio de près de 150 m”, raconte Charles Lapiquonne.Les antennes radio ont été posées sur les points hauts de la zone de stationnement, à la fois près des passerelles d’embarquement et sur des pylônes. La couverture radio inclut les zones de stationnement et les galeries couvertes où sont manipulés les bagages.Parfois, de bonnes surprises sont au rendez-vous. Ainsi, Charles Lapiquonne a pu constater que la portée des bornes atteignait 300 m et que le réseau était capable de couvrir les bureaux situés en face de l’aérogare. Près de cent quarante bornes radio ont ainsi été déployées sur les 100 ha de la zone à couvrir. Elles sont reliées au LAN et au système d’information d’Air France par des fibres optiques en raison des distances à parcourir. Les travaux lourds de génie civil ont toutefois été limités, ces fibres empruntant des chemins de câble existant sous les pistes.

Ne pas économiser sur le nombre de terminaux

Chez Behr Lorraine, le chantier a été moins lourd à mettre en ?”uvre. “La mise en place initiale est toujours délicate, car il faut trouver les zones de couverture correctes. Cela a pris une à deux journées. Puis, nous avons connu un blocage des communications quelques jours après, problème qui a été rapidement résolu”, se souvient Fabrice Engel, qui ajoute en forme d’avertissement : “La qualité de la couverture radio est essentielle. Elle doit être bonne sur l’ensemble du site. Il ne faut pas lésiner sur l’étude préalable ni sur le nombre de bornes à installer”. En l’occurrence, c’est le constructeur retenu, Telxon, qui a effectué les mesures radio nécessaires à l’étude d’implantation. Six antennes radio 11 Mbit/s couvrent aujourd’hui l’ensemble du site de production de Behr Lorraine. “La distance maximale entre une borne radio et un terminal ne dépasse jamais 30 m. Il peut y avoir des obstacles, mais la transmission passe toujours grâce aux antennes omnidirectionnelles”, poursuit le responsable informatique.Les boutiques Guerlain, quant à elles, ont été chacune dotée de une ou deux bornes radio, en tenant compte des contraintes environnementales. “Dans plusieurs d’entre elles, l’antenne radio est soigneusement dissimulée pour respecter le site, qui est classé”, souligne Frank Wulfowicz, responsable PC et réseau de Guerlain.On peut se demander si la technologie des réseaux locaux sans fil se révèle adaptée, notamment au débit exigé par l’application. “Compte tenu du temps de réponse, inférieur à la seconde, il n’était pas question que nous rencontrions des problèmes de couverture radio”, insiste Charles Lapiquonne. Les bagagistes sont équipés de scanners radio portables pour la lecture des codes-barres nécessaires au suivi des bagages. Aujourd’hui, un parc de cinq cent cinquante de ces terminaux est en service, deux cent cinquante à trois cents d’entre eux étant utilisés simultanément sur la zone de stationnement des avions. Le surdimensionnement du nombre de bornes radio sur la zone à couvrir permet aussi de pallier le ralentissement dû à la saturation des accès des terminaux à une borne. En moyenne, quatre terminaux sont utilisés sur une aire de stationnement d’un avion. Chez Air France, dans le cadre de cette application, les données échangées ne sont pas volumineuses et ne sollicitent pas à l’excès les liaisons radio. “Nous avons constaté des débits réels de 7 Ko/s. Les difficultés relevées dans les temps de réponse proviennent du serveur mais pas de la technologie radio”, commente Charles Lapiquonne.

Des imprimantes connectées par voie radio

Chez Behr Lorraine, les volumes échangés sont également relativement faibles. Mais l’équipementier automobile a opté pour la technologie de réseau radio la plus performante en débits, soit 11 Mbit/s. Ce type de connexion radio est réservé à dix boîtiers, des postes clients universels munis d’une antenne spécifique et qui sont disséminés sur le site de production. Ces serveurs d’impression radio sont reliés par ports parallèle à des imprimantes de codes-barres.Des opérateurs sont, par ailleurs, munis de ” pistolets radio ” portatifs qui lisent les codes-barres des pièces produites sur le site. “Les pistolets sont reliés par voie radio à 2 Mbit/s. Ils ont tous une pile de protocole TCP-IP mais sont, en fait, de deux types. L’un est relié à un programme spécifique de gestion de code-barres, l’autre accède, en mode émulation 5250 à un serveur pour une application de gestion des pièces en magasin”, précise Fabrice Engel. Chez Behr Lorraine encore, peu d’erreurs ont été observées dans les transmissions. Selon les statistiques d’entrées-sorties mesurées sur une durée d’utilisation de 1 426 heures et des volumes transmis de 1 457 Go, seules 118 000 erreurs de transmission ont été comptabilisées.Chez Behr Lorraine encore, peu d’erreurs ont été observées dans les transmissions. Selon les statistiques d’entrées-sorties mesurées sur une durée d’utilisation de 1 426 heures et des volumes transmis de 1 457 Go, seules 118 000 erreurs de transmission ont été comptabilisées.

Des terminaux portatifs parfois vulnérables

Parmi les évolutions envisagées chez l’industriel lorrain, la transmission de la voix figure en bonne place : “Utiliser des téléphones IP mobiles en tirant parti de notre couverture radio nous intéresse”, laisse entendre le responsable informatique.En revanche, Guerlain juge décevants les débits actuels des réseaux locaux radio déployés dans les boutiques. “La bande passante des réseaux locaux radio est partagée entre les terminaux accédant à une borne radio. Sur les matériels que nous avons installés, la fonction d’équilibrage de charges, qui permet de basculer les communications d’un point d’accès radio à un autre en cas de surcharge, n’existait pas à l’époque”, regrette Frank Wulfowicz.Les terminaux portatifs sont en quelque sorte l’extension radio de l’application. Ils doivent, à ce titre, non seulement offrir une bonne ergonomie sur le plan matériel, mais aussi être parfaitement adaptés à l’application. Chez Air France, on ne cache pas que l’introduction de ces terminaux a été à l’origine d’un véritable ” choc culturel “. “Le problème de fond a été l’intégration de l’informatique jusqu’à l’opérateur manipulant le terminal”, explique Charles Lapiquonne. En clair, il a fallu adapter l’application aux opérateurs, en simplifiant la navigation et les opérations nécessaires à l’entrée des données dans l’application de suivi des bagages. Les scanners portatifs utilisés se sont, en outre, révélés un des points vulnérables de l’installation. Le premier modèle, fourni par Symbol, prenait l’eau en cas de pluie. Il est en cours de remplacement, au moins pour les bagagistes intervenant en plein air, par un autre modèle, durci, du même constructeur, conçu au départ pour l’armée américaine. Les terminaux perméables à l’eau ne sont plus utilisés qu’à l’intérieur, dans les galeries à bagages.Le réseau local radio a toujours été conçu comme une boucle locale radio offrant aux postes de travail mobiles l’accès au réseau filaire de l’entreprise.Dans le cas des boutiques Guerlain, les ardoises électroniques utilisées par les conseillères de vente sont utilisées pour prendre les commandes des clients sur le serveur. Les premières tablettes, fournies par Fujitsu et utilisées lorsque le réseau radio a été déployé, ont été changées au profit de modèles équipés d’un processeur Pentium. “La puissance du processeur a une incidence sur les performances de la tablette, dans la mesure où la carte radio insérée en son sein sollicite des ressources du processeur”, remarque Frank Wulfowicz. Une raison de plus pour ne pas négliger cet aspect.

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La rédaction