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Le PS veut faire payer les mots-clés de l’UMP

La formation de gauche appelle ses militants à cliquer sur les publicités en ligne de son adversaire politique, pour augmenter sa facture de communication.

Le parti socialiste aurait-il perdu la tête? Un courriel qui circule actuellement parmi les militants et les sympathisants socialistes recommande en effet aux internautes de cliquer ‘ tous les
matins ‘
sur chacun des liens publicitaires qui, sur Google, pointent vers le site de l’UMP (Union pour un mouvement populaire). Il s’agit en fait d’une stratégie électorale d’un nouveau type, qui mérite quelques
explications.Ces derniers mois, l’UMP a développé des techniques de marketing agressives sur Internet, pour étoffer ses rangs et augmenter très sensiblement la fréquentation de son site Internet. Au centre de cette politique de communication,
l’achat de mots-clés sur le service de publicité en ligne Adwords de Google. Des mots-clés qui s’affichent parallèlement aux résultats des requêtes effectuées par les internautes sur le moteur de recherche.‘ La nature des mots-clés achetés varie en fonction de l’actualité, détaille Arnaud Dassier, responsable de l’agence de communication l’Enchanteur des nouveaux médias, qui supervise pour l’UMP ces
opérations. Dernièrement, des termes comme “CPE”, ou “directive Bolkestein” ont très bien fonctionné ‘.Mais pour le PS il y a un hic, car dans les quelque 800 mots-clés régulièrement achetés par l’UMP se trouvent les noms de la plupart des grands leaders socialistes (Lionel Jospin ou Ségolène Royal en tête), un détournement de
notoriété qui n’est pas très prisé au siège du parti, rue de Solferino. L’idée a donc germé d’inciter les internautes à cliquer sur les liens publicitaires de l’UMP dans le but d’augmenter les dépenses de communication du parti sarkoziste, et de
brouiller les statistiques de fréquentation de son site Internet. La décision a été avalisée par la commission NTIC du PS. Mais elle ne fait pas pour autant l’unanimité au sein du parti de gauche.

De fortes tensions internes au PS

Pour
Stéphane Trano, qui anime aujourd’hui le blog de Jack Lang, les tensions internes autour du bien-fondé d’une telle initiative restent fortes. ‘ En dénonçant cette technique de
communication, le PS se tire une balle dans le pied car, quand le parti voudra faire la publicité de sa future campagne d’adhésions en ligne, s’il s’interdit ce moyen, il ne lui restera que l’échange de liens et le bouche à
oreille. ‘
Autant dire pas grand-chose dans la perspective de l’élection présidentielle de 2007,
qui se jouera aussi en partie sur le Web.‘ En fait, la décision de recourir ou non à l’achat de mots-clés n’est pas encore prise, tempère Maurice Ronai, délégué national et membre de la commission NTIC du PS. Je pense que nous
pourrions par exemple acheter des termes proches des valeurs qui sont celles du parti socialiste comme “protection sociale” ou “solidarité”. Utiliser un terme comme “CPE” ne sera pas non plus
choquant ‘
.La campagne du PS, lancée il y a quelques jours, a pris de court les responsables de l’UMP, qui ne paniquent pas pour autant. ‘ Le premier jour, cela nous a bien fait perdre quelques dizaines d’euros,
explique Arnaud Dassier. Mais nous nous sommes très vite adaptés. Par ailleurs, dans le système des publicités du type Google Adwords, il faut savoir une chose : plus de taux de clics est élevé, et plus le coût de revient du clic
payé par l’annonceur baisse. ‘
Au final, pour l’UMP, l’opération serait financièrement neutre, compensée notamment par de nouvelles adhésions voire légèrement positive. Quant aux clics, ils ont augmenté de plusieurs centaines par jour, ‘ ce qui
est significatif,
souligne Arnaud Dassier, car d’habitude nous tournons autour 2 000 clics par jour [effectués à partir de Google, NDLR], avec des pointes à 6 000 au moment du CPE. Sans
parler des émeutes ‘.
Des événements qui, selon l’UMP, avaient totalement affolé les compteurs.

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Philippe Crouzillacq